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196 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
1701. étoit ciFcétivement un. Comme ils crairaifeau
gncnttout , parce qu'ils font toûjours de
jnitrlop- bonne prife, ilsnefe laiiTent approcher
î'- que quand ils connoiflent bien les gens,
ou qu'ils ne peuvent faire autrement.
Nous portions fur lui pour accofter la
terre, & nous rendre au moiiillage; nous
lui fîmes peur, il nous tira un coup de
Canon à balle, pour nous faire allarguer,
c'eft-à-dire, nous éloigner. Nous crûmes
que s'étoit feulement pour nous faire
mettre nôtre pavillon, nous le mîmes,
& continuâmes nôtre bordée, qui nous
portoit bord à bord de lui. Il nous en
tira trois, un defquels paflà à nôtre avant,
& les deux autres au deflus de nous.
Cette maniere vive 8c incivile, nous fit
eonnoîrre nôtre erreur, nous arrivâmes,
& cela nous obligea de faire deux bordées
, pour regagner ce que nous avions
perdu.
M. des Portes ne voulut point mettre
à terre. Il envoya le Maître dans le canot
avec le paflager, avec ordre de remettre
les lettres au Corps de Garde, 6c
de revenir promptement. Il en arriva
tout autrement : car le Maître monta au
F o r t , s'amufa à boire pendant fix ou
fept heures, & nous empéchi de faire
la diligence que nous avions refolu de
faire, ou du moins de voir le For t , &
nous promener dans le Bourg. Nous fûmes
vingt fois fur le point de partir, & de
laiiTer le Maître à terre, avec les trots
hommes de l'Equipage qu'il avoit avec
lui. Il revint enfin, après que nous eûmes
tiré deux coups de C anon, 6c mispavil- i)ci
Ion en berne pour lerappeller, dans le
tems que nous halions l'ancre à bord
pour partir. Nous avions envie de lui
laver la tête, mais l'état où il étoit nous
fit remettre la partie à une autrefois.
Le féjour que nous fîmes à cette Rade ¡fiii:
fans pouvoir mettre à terre faute de can
o t , me donna tout le loifir delà confiderer,
du moins la partie qui étoit visà
vis de nous.
Elle paroît compofée de deux montagnes
feparées l'une de l'autre, par un
grand vnlon,dont le rez de chauiiee,pour
ainfi parler,eli élevé de plus de dix toifes
au-deilûs du rivage. La montagne du
côtédel'Oiiefl; eit partagée en deux ou
trois têtes couvertes d'arbres : fa pente
"ju'au valon ne paroît pas trop rude.
,a montagne de l'Eft fero it bien plus
haute que la premiere, fi elle étoit entière.
M.iis elle paroît comme coupée
aux deux tiers de la hauteur, qu'elle devroitavoir
naturellement. Elle fait à peu
près le même effet qu'une forme de chapeau,
que l'onauroit un peu enfoncée.
Cette Iflenous parut fort jolie, 6c bien
cultivée. Le Fort paroît être au pied de
la montagne de l 'Ef t , il faut cependant
qu'il en foit à une diftance raifonnable,
quineme paroiflbit pas de l'endroit ou
j'étois. Les François en ont étélesmaîtresdeux
ou trois fois. Il n'y a entre S.
Euftache 8c S. Chriftophle qu'unCanal
de trois lieues de large.
C H A F I T R E X V1.
U Auteur débarqué à S.ChriJiophle. Vanité du General des Anglais. Arrivée
k la Guadeloupe. Differmt quel'Auteur eut avec un Commis du Domaine.
iOus rangeâmes la côte pour Chriilophle le 28. fur les huit heure«
profiter des vents de terre
qui viennent fur le foir, .6c
nous mouillâmes enfin à
Balie - terre Françoife de Saine
du foir. Nôtre Barque n'avoit point
d'autre affaire à S-, Chriftophle , que
de me mettre à terre, parce qu'elle ne
vouloir pas toucher à la Guadeloupe, ni
moî
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'¿rimit
ÀS.Chri
F R A N C O I S E S DE L 'AMERi aUE . »P7
m o i a l l e r à l a Martinique. D'ailleursj'é. foin de repos, 6c j'étois für de ne me 17,0t.
tois bien aife de revoir mes amisàS.Chriftophle,
étant bien fur de trouver tous
les jours des occaûons pour paifer a la
pas ennuyer dans un lieu où j'avois tant
d'amis.
Je trouvai en arrivant à là Maifon des
Guldeloupe. Je remerciai M.' des Por- PèresJefuites, mon bon ami le Capitai-
„ . ^ . J npT .iimViprr,tes, 8c-je me débarquai nui £rré.malere Les Soldats qui étoient venus fur le
bord de la mer , pour fçavoir qui nous
étions,, fe chargèrent de mon bagage, 8c
m'accoinpagnerent chezM.de Châteauvieux,
un desLieutenans de Roi , qui
demeuroit dans le Bourg, qui you ut
me retenir chez lui. Je le remerciai, 8c
je me rendis chez les Peres Jefuites, qui
ne Lamber t , qui bon gré, malgré ces
Peres, me fit monter fur un Cheval,
-qu'il m'avoit fait amener, 8c me conduifit
chez lui. Il écrivit le lendemain
matin à un Officier Ap^lois appelle
Bouriau, qui l'avoitprié à dîner, pour
s'en excufer fur ce qu'un Pere blanc
(c'efl ainfi qu'on nous appelle) qui étoic
le m e r c i i u i s i-iK-i- i wi «.il j — de fes intimes- a-m i,s ,; ét^o i,t a, rr•i vé la veilme
reçurent avec leur bonté ordinaire, le, 8cqu'iletoitoblige de luitemrcom-
Ils me donnèrent du linge, 8c paru- pagnie. Nous crûmes après cela être en
rent prendre beaucoup de part à l'acci- repos. Mais cet Anglois lui écrivit une B^un,»
dent qui m'étoit arrivé avec les Efpa- lettre des plus civiles, 8c des plus pref- officer
- fantes, par laquelle fans me connoitre,
Le Samedy ao Avril je fus après la il me prioit de venir avec M.Lambert,
Meife faluer M. le Comte de Gennes 8c de me fervir pour cela du Cheval qu'il
Commandant de la partie Françoife, m'envoyoit. Nous nous y rendîmes, 8c
qui me retint à dîner. On fçavoit l'a- je nefus point du tout fâché de ce voiavenementdePhilippesV.
à la Couron- ge : car outre les honnêtetez que je reçûs
ne d'Efpagne , 8c on ne doutoit point de tous ces Meffieurs, j'eus le plaifir de
q.ue la Guerre ne dût bien-tôt recom- voir M. deCodrington Gouverneur gemeneer.
Les Anglois ne s'en cachoient neral des Illes Angloifes fous le vent,
.oint, ils difoient hautement que leur avec qui je fouhaitois depuis long tems
- d'avoir un peu d'entretien. Le hazard
tout pur en fut la caufe, car ni Monfieut
Bouriau, ni nous, ne nous.y attendions
point.
Nousavions lavé, 6c étions prêts-dc A/.
nous mettre à table, quand on entendit
les Trompettes du General, 8c dans un
inftantonlevitparoître. Nousfortîmes ^»¡im^
tous .pour le recevoir. Il s'informa d'abord
qui j'étois, après quoi il fe mit à
table, 6c me fit mettreauprès de lui. H
dit à M. Lambert, qu'il étoit bien aifé
de trouver cette occafion, pour fe reconcilier
avec lui , qu'il lui avoit voulu,
bien du mal pendant la Guerre paffée,
pc ,--
Roi ne fouffriroit jamais l'union des
deuxMonarchies,8c qu'ils reprendroient
infailliblement la partie Françoife de S.
Chriftophle. Je paifai prefque toute l'après
midi avec M. de Gennes.
Il y avoit un VaiiTeau Nantois à la
Rade, qui devoit partir inceflamment
pour laGuadeloupe, où il devoit prendre
des Sucres blancs, pour achever fa
charge. M. de Genneseut la bonté d'envoyer
chercher le Capitaine, pour fçavoir
quand il feroit prêt à partir, 6c
pour lui ordonner de ne pas mettre à la
voilefans me prendre. Il nous dit, qu'il
nepourroit partirquedanstroisouqua- , ,
tre jours. Cela m'auroit fait de la peine parce qu'il l'avoit fouvent empêché de
dans une autre'occafion.Maisj'avoisbc- dormir. EneiFet, M.Lambertluiavoin
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