fi bien pris fur ia taiiie que, quand il eft ferré, il renferme
& montre fi bien ia gorge fans ia déplacer, que ce corfet
paroît.uniquement deifiné fur le corps, ce qui eft d’autant plus
fenfible qu’elles n’ufent point de chemifes, & que le corfet
porte fur la peau ; du corfet jufqu’aux hanches elles ont le corps
découvert ; aux hanches, elles s’enveloppent le refte du corps
avec un pagne, qui defcend jufqu’à la cheville du pied ; le
pagne eft un morceau de toile de trois à quatre aunes de
longueur plus ou moins, elles lui font faire plufieurs tours :
on fait de cette toile dans plufieurs villes de l’Inde ; à Surate
il s’en fabrique de fuperbe, ôc il s’en fait un grand commerce:
ce pagne, qui répond aux jupes de nos femmes,
eft attaché fitr les hanches par une belle ceinture de foie de
couleur, quelquefois brodée en or ou en argent.
Elles ont des caleçons qui vont jufqu’au talon; par-deiîiis
tout cela, elles mettent un voile qui eft prefque toujours
. de mouifeline, il eft plus ample que la pièce de toile qui fert
de jupe; le voile le pofe par-deflus ia jupe. On lui fait
faire un ou deux tours autour du corps ; le refte, elles lé
font palfer par-defiùs 1:’épaule gauche ; puis continuant par-
deffous le bras-droit, elles l’attachent au côté droit, entre la
ceinture & le corfet ; de façon qu’il refte encore un bout
de demi-aune environ qui pend fous le bras; déployant
après cela la portion de ce voile qu’elles ont devant la
poitrine, elles dérobent leur fein aux yeux du public. Quelquefois
au lieu de repaflèr leur voile par-deflus l’épaule , elles
le mettent fur leur tête, & s’enveloppent tellement qu’on
leur voit à peine le vifage ; lorfqu’elles fe préparent à danfer,
elles l’arrangent de la manière dont je viens de dire : cela
fe fait en un inftant ; je ne les ai jamais yues le quitter tout-
à-fait en public.
Cet habillement, c eft-à-dire le corfet & le voile, eft aufli
l’habillement d’une haute cafte dont j’ai déjà parlé, connue
fous le nom de Talenga.
Les femmes de cette cafte, comme je l’ai dit, ont le droit,
'de porter le corfet, ce que ne,peuvent pas faire les autres
caftes inférieures, même celles que nous appelons des
'Malabars, c’eft-à-dire, des Tamoults; les femmes de ces
caftes inférieures n’ont que le voile ; elles l’arrangent de la
façon que je viens de dire. On leur voit par ce moyen une
grande partie du corps, c’eft-à-dire, du dos ; les épaules &
les bras ; le plus fouvent même la gorge en entier, parce
qu’elles ne prennent pas fouvent la peine detendre la portion
du voile qu’elles ont devant la poitrine. Leurs cheveux font
très-bien arrangés fans poudre ni pommade qui ne convien-
droient point dans un climat fi chaud ;-quelques-unes, au
lieu de chignon, treffent leurs cheveux par-derrière & en
font une longue queue qu’elles laiifent tomber, & qui leur
defcend jufqu’aux reins ; d’autres en forment des chignons
très-bien arrangés, qu’elles ont l’art d’attacher de côté, de façon
qu’il defcend furi’épaiiie gauche : elles font avec cela couvertes
de bijoux ; elles en ont derrière leur tete & aux oreilles, elles
en ont aux narines, qu’elfes ont par ce moyen percees ; ceux-ci
font un anneau d’or qui pafle dans une groffe perle.
Elles portent au cou des carcans, aux bras des braifelets ;
à la cheville du pied des chaînes d or ou d argent, fouvent
enrichies de pierres précieufes. Les bijoux que quelques-unes
portent aux narines, révoltent les Européens au premier
abord ; mais ils s’y accoutument peu-à-peu, c’eft une affaire
de préjugé, comme celui de la couleur, dont ils fe défont
aifément.