& qu’on e il communément mené par un grand vent. Nous palTames
de jour par la latitude de P o l-S a p a t e , fans voir cette île ; probablement
nous en étions plus à i ’elt que nous ne penfions ; notre Palmure
malgré cela crut inutile de perdre du temps à aller prendre connoilfance
tie Po l-Con do r, pour retflifier fon point comme font les Vaiflèaux
q u i , comme le n ô tre , veulent aller à Malacca , & qui encore ont vu
P o l-S a p a te . II fe crut alfez habile pour détourner la p ro u e , & [a
mettre for P o l-A o r , fitué à z p lieues au plus de l’entrée du détroit de
M a la c c a , & à 120 lieues au fud de P o l-Con do r: foit bonheur, (oit
fa v o ir , fon eltime fe trouva fi exaéte, qu’il découvrit P o l -A o r le 15, au
point du jou r , comme il nous l ’avoit annoncé la veille au loir ; il eil vrai
que la fonde le guida. Nous paifames entre cette île & Pol-Piflang,
laiffant celle-ci à flribord , & allantes mouiller dans une anfe fort
agréable de P o l-A o r , où nous Iailfames tomber l ’antre par 2 2 braies,
à environ une encablure de terre (' 10 0 braffes ) , il étoit à peu-ptès
o heures du matin ; c ’ elt une précaution que prennent tous les
Pilotes de Macao , pour ne pas s’expofer à aller chercher le détroit
pendant la nuit.
C e tte île e ll fort éle vé e , & m’a paru n ’être qu’un amas de montagnes
pointues, placées les unes auprès des autres ; le tout m’a para
auffi couvert de b o is , à quelques petits défrichés p r è s , qui font couverts
de roches, parmi lefquelles 011 voit quelques miférahles paillotes
& .beaucoup de Cocotiers. Le s hôtes de ces trilles palais, Comme je
p eu x les appeler dans notre façon de penfer , font des Malais ; il nous
en e il venu plufie-urs nous apporter des cocos ; ils n ’étoient que
deux dans chaque petit bateau, un à la p o u p e , l ’autre à la proue.
Ils font armés de petites rames à double pale ; ils tiennent leur rame
•des deux mains, & battent la meï alternativement de (tribord a
bâbord ; c ’elt ainfi q u ’ils conduifent leur petit bateau làns fecouts
de gouvernail. U n Ro i ou C h e f fe fit amener dans u n de ces
bateaux ; ce bateau étoit un p eu plus grand que ceux que nous
avions déjà vus. L a fuite du Ro i confiltoit en trois perfonnes ; il
nous apporta quelques fruits de fon v illa g e , pour lefquels on loi
■.donna d e i ’araçk , iqrte d’eau-de-yie que vous eonnoilîèz- Le
Capitaine étoit ailïs , une table devant lui , & deux pifiolets armés
fur la table. L e Prince Malais & fon cortège relièrent debout v is -
à-vis la table. C ’elt ainfi que fa feigneurie fut reçue; la converfation
fut fort cou r te , & bientôt le Ro i s’en retourna. N o tre Capitaine nie
dit enfuite que les deux pillolets que j ’avois vus étaient une précaution
n écelfa ire, parce q u ’il falloit toujours* être fur fes gardes
vis-à-vis des Malais ; qu’il ne connoilfoit point de gens plus traîtres..
Par une fuite de la même précaution, on monta de la cale deux
canons de huit livres de balle , on les prépara, & on les arma pour
palier le détroit : l ’endroit où nous avons mouillé e ll indiqué fur
les cartes de M . D ap rè s , au Sud-fud-ouelt de l’île. Je vous envoie
le tableau de notre route depuis Manille ju fqu ’à cette île.
J O U R S
du
M o i s .
R O U T E S
du
V a i s s e a u .
L O N G ITU D E
depuis
M a n i l l e .
L A T IT U D E
BORÉALE. S O N D E S .
D . M . n . m .
6
7 0.fS . 0.
O. p
! • 2 p
1 4 . 2 6
1 4 . 5
8
9
À 8h du matin,
on, a mis ia
route au S. O.
7 O. X 9h du
foir au S. O.
4- 34
6. 24.
1 3 . 3 4
J 3- 5
IO 8. 8 I I . 38
I I
1 2
s. 0.
S .O .iO .
10. 6
1 2 . 1 y
9• 45
7- 54
J3 1 }• 57 , 6. z 1 3 brades à
du matin.
1 4 *4- 35 4 . 6 3 5 brades à 7S
du ioir ; fable
blanc.