par cfes Bateaux du pays, que cette place étoit au pouvoir
des Angiois, & que Pondichéry n’exiftoit plus pour nous.
Sans nous arrêter davantage, nous forçâmes de voiles ; il
n’y avoit encore rien de défefpéré pour moi fi nous euffions
fuivi notre premier objet d’aller à la côte de Coromandel ;
mais on prit, à mon grand regret, la réfolution de s’en
retourner a lllle de France, Cependant nous nous arrêtâmes
environ vingt-quatre heures à la pointe de Gales, île de
Ceylan : les Hoilandois nous confirmèrent les nouvelles que
nous avions apprifes à Mahé.
L ’hiver étoit à Gales dans toute fa force; nous y efîùyames
un très-gros temps. Nous quittâmes cétte côte le 3 o Mai ;
le grand frais dont nous fumes accompagnés nous rendit à
l’Ifîe de France le a 3 Juin.
Je n’entrerai point ici dans une plus grande difcuiTion au
fujet de cette expédition, de la route que j’avois penfé que
nous aurions fuivie, & de celle que nous avons tenue. On
en verra le détail dans la fuite de cette Relation ; je l’ai tiré
d un Mémoire fort détaillé, que j’envoyai dans le temps,
cacheté, à M. de Fouchy, Secrétaire perpétuel de l’Académie.
Ce Mémoire, qui n’eil qu’un extrait de mon Journal,
que je tenois fort régulièrement jour par jour, fait
voir que je me fuis occupé, comme je le devois, de mon
Obfervation; que mon but a toujours été de me rendre à
la côte de Coromandel, & qu’on 11e doit pas m’inculper fi
je n y ai pas paru : c’efl une juilice que je prie les Ailro-
nomes de me rendre, & que j’ai lieu d’attendre de leur
part, lorfqu’ils auront vu & lû le détail de mon Mémoire.
Le 6 Juin; jetois à 51* 45, latitude méridionale, & à
peu-près à 87/ 1 f de longitude à i’Eft de Paris. J ’obfervai,
d a n s l e s M e r s d e l ‘ 1 n d e . 7
le moins mal qu’il me fut poffible, le paflàge de Vénus,-
entrée & fortie. Cette obfervation, que je n’ai ni publiée ni
calculée, eft reliée telle qu’elle a été faite, avec des remarques,
dans le Mémoire cacheté, dont j’ai parlé plus haut : on la
trouvera en fon lieu dans la fuite de ce Journal. C ’efl à
l’occafion de cette obfervation que j’ai imaginé d’avoir l’heure
fur mer, à l’infiant d’un phénomène quelconque, avec la
plus grande précifion, & de vérifier avec la même précifion,
la demi-minute de fable dont on fe fert pour eftimer le
chemin du Vaiffeau : ce moyen eft de la plus grande utilité
dans le cas où l’on n’auroit point de montre à fécondes ; voici
le précis de cette méthode pour les horloges de fable.
Je prenois une hauteur du Soleil, & à 1 inflant précis de
cette hauteur, je faifois tourner l’horloge par quelqu’un d’intelligent
; & quand il l’avoit tournée un certain nombre de
fo is , j’obfervois une féconde hauteur du Soleil. Je calculois
après cela, les deux hauteurs obfervées; je favois par-là
combien il s etoit écoulé de minutes & de fécondes de temps
pendant que l’horloge avoir été virée, par exemple, quinze
fois. C e fut par ce moyen que je m’afliirai, comme on le
.verra dans la fuite, que notre horloge que l’on fuppofoit
employer 3 o fécondes à s’écouler, ni plus ni moins, en
employoit au contraire 34 & t 5'". Je fus convaincu depuis,
étant à terre, que cette méthode eft très-exaéfe, ayant vérifié
à ma pendule à fécondés cette même horloge de fable, &
l’ayant trouvée de 34" 30"'. Cela pofé, à l’infiant précis d’un
phénomène que j’obferve, par exemple , à l’inftant du commencement
d’une éclipfe de Soleil ou dé fa fin , j’ai quelqu’un
au fait qui' vire la demi-minute; lorlqu’elle efï écoulée, il
continue de la virer, & il répète l’opération autant de fois