Cette pagode a deux tours, la plus grande a quatre-vingt-
fept pieds de hauteur, elle fort d’entrée à l’enceinte ; la petite
fort d’entrée à la pagode même, elle a vingt-trois pieds de
moins en hauteur que la première, mais également chargée
de fculpture ; l’on en verra la melure & la figure à la fin de
la leconde partie de ce volume.
U y a plusieurs pagodes nouvellement rétablies à Pondichéry,
mais les Indiens ne nous permettent pas d’entrer dans leur
intérieur, quoique bâties au centre de notre ville.
Toutes ces pagodes, les chauderies, dont nous parlerons
à la fin de ce chapitre, & généralement tous les bâtimens
des Indiens, font d’architeélure gothique; cette elpèce d’archi-
teétûre , la foule que les Indiens connoiffent, quoique plus
hardie, eft infiniment plus folide que la nôtre ; auifi fours
édifices durent bien plus que les nôtres.
On peut faire ici une queilion. Pourquoi les Indiens
paroiifont-ils avoir affoéié de donner aux tours de leurs
pagodes la forme pyramidale, exclufivement à toute autre
figure! Pourquoi les Egyptiens femblent-ils les avoir imités
dans la conftruélion de leurs pyramides !
Quelques perfonnes fe contenteront de répondre que la
forme primitive de ces maffes a dépendu abfolument du
caprice ou de l’idée des premiers architectes, & de l’économie
qu’on a voulu mettre dans l’ouvrage ; qu’enfuite l’ufage a
prévalu; mais cette réponfe n’eft pas fatisfaifante pour ceux
q u i, ayant obforvé les Indiens de près, ont vu que chez ce
peuple tout eft figure & allégorie.
D e ce que les Indiens ont aujourd’hui des idoles dé formé
humaine, on ne doit pas en conclure qu’ils en aient eu
de tout temps ; une idole eft la repréfentation d’un être
quelconque
quelconque > qu’on a regardé comme un être furnaturèl ,
bien au-deiîiis de la condition des autres êtres, & qu’on a
par cette raifon divinifé.
D ’après ce principe, je ne vois pas que la première idole
qu’un peuple s’eft faite, ait dû avoir la forme humaine ;
par exemple, les anciens adorateurs du feu , les premiers
Zoroaftres avoient - ils pour idole une' figure humaine !
Comment, fous cette figure, fe feroient-ils repréfenté le
feu ?
Nous avons des témoignages authentiques qui prouvent
qu’il y a eu anciennement des ftatues qui n’avoient point
la forme humaine; telle fut la ftatue de la Vénus Uranie,
qui annonce la plus grande antiquité. Tacite en parle ( a ) ,
mais vraifembiablement d’après Paufanias, qui dit en avoir
vu une dans fon voyage de i’Attique ; cette figure étoit, félon
lu i , de forme carrée, comme le font les hermes ( bornes ) ,
& finifloit en pyramide.
L ’infcription porte feulement que c’efl la Vénus célefle, & la
plus ancienne de ces de'effes à qui l ’on donne le nom de
Parques.
Cette ftatue étoit la Vénus de Paphos que. l’on voit gravée
for plufieurs pièces de monnoié des Cypriens & de plufieurs
yilfos de Syrie.
(a) Simulacrum due non effigie
ïiumarint continuas orbis latiore initio
tenuem in ambitum , metce modo f \
éxurgens ; i f ratio in obfcuro, Le
Commentateur ajoute au texte de
Tacite ce tpii fuît :
Simulacrum Veneris Paphioe non
Tome L
erat effigie humanâ,fedin conicam, ut
vulgb Icquuntur geometroe, formam exfur
geb at latiorem initio y tenuem in ambitum
definens ; cujus formam vide in
nummo vetere apud eruditum Spanhe-
mium’, de proefiantiâ i f ufu numif-
matum, tom. I , pag. 505. .
x
Pnu fan. hv, I ,
Voyage de
V Ait. page y 8
de la traduâlioit
de M . l ’Abbé
Gédoyn.