Cartes placent au nord - eft de Madagaicar, & au nord des
îles de France & de Bourbon: il coupa la Ligne par 59
degrés & demi de longitude, félon fes obfervations. M. de
ia Carrière la coupa auffi par le même degré , mais ce . fut
félon fon eftime.
II fe trouve ifci une remarque très-importante à faire fer
ces deux Journaux , pour pouvoir comparer cette nouvelle
route à celle que l’on fiait d’ordinaire. M. Daprès partit le j 3
Juin à trois heures du matin, 8c il arriva à la Ligne du 2 au
3 Juillet , il employa donc dix-lept jours pour s’y rendre;
M. de la Carrière ne mit, au contraire, que neuf jours & demi
à faire le même chemin : mais M. Daprès - f e plaint qu’il a
effuyé beaucoup de calmes & des petits temps du Nord-eft
à l’Eft-nord-eft, qui lui occafionnèrent un retard conilidérable,
étant directement contraires à la route qu’il devoit tenir, &
fur lefquels il ne comptait pas ; au lieu que M. de la
Carrière trouva un très-bon temps, un vent frais qui le
favorilà. Mais pourquoi M. Daprès n’a-t-il pas trouvé le
même frais? les vents, dans ces parages, feroient-ils iùjets
à des variétés, & ces variétés dépendroient-eiles des mois
où l’on entreprendroit ces voyages ? car comme on eft fur de
trouver àn nord de la Ligne la mouflon de i’Oueft dans là
force ; ia longueur des voyages, par cette nouvelle route,
feroit abfolument dépendante du temps employé à fe rendre
de l’île de Bourbon à ia Ligne. Ceci forme une objedion
très-forte contre cette route, & je ne fuis pas en état de
pouvoir la réfoudre, n’ayant pas de faits fuffifans pour me
décider.
: De la Ligne, nos deux Navigateurs dirigèrent chacun
leur route, pour paffer par le canal des 9 degrés 3 o minutes.
M. de la Carrière, cherchant à prendre connoiffance de
File Seuhelipar, il la vit en effet le. neuvième jour après
avoir paffé la Ligne ; il alla enfuite à Ceylan, dont il
prit connoiffance par 6 degrés 3 minutes de latitude à la
montagne de l’Eléphant ; il vit la grande baflè qu’il doubla :
paflànt au large de cette baffe, & pourfuivant là route autour
de Ceylan il vit le Capuchon, le Pavillon & l’entrée de ia
baie de Trinquemalé : enfin il mouilla à Pondichéry vingt-
quatre jours après être parti de l’île de Bourbon, & quatorze
jours 8c demi depuis qu’il eut coupé la Ligne.
M. Daprès, après, avoir doublé le canal, fit fonder à différentes
reprjfes; & tant par la quantité & la qualité du fond,
que parle moyen de l’ohfervation de la latitude, il conclud
& arrêta fon point à ia côte de Malabar par la, latitude de
8 degrés 2 3 minutes, & de longitude 73 degrés 5 o minutes,
neuf jours feulement après avoir coupé ia Ligne ; ce fut donc
yingt-fept jours après fon départ de l’île de Bourbon : o r ,
en fuppofant qu’il eut employé cinq jours de plus pour fe
rendre à Pondichéry, on verra qu’il 11’aura pas mis plus de
temps à fe rendre de la Ligne à cette v ille , que n’a fait M. de
ia Carrière : mais comme, en le fuppofant partir de l’île de
Bourbon, fa traverfée a dû être, félon ce calcul, de trente-deux
jours; il eft évident qu’elle a été de neuf jours environ plus
longue que celle de M. de la Carrière. La queftion confifte
donc aâuellçment à favoir f i , pour la réuffite du fuccès par
cette nouvelle route, il ne vaut pas mieux partir des files en
Juillet & A o û t, qu’en Mai ou Juin ; car les «— propres
à faire gagner la Ligne & W*- ae ces vents au même
point de t’n— ”a > dépend, làns doute, de la durée de la
mouflon de i’Oueft au nord de la L ign e , en forte qu’il eft
P p p p ij