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qu’on ne peut fé flatter, quelqu’exaélitude que l’on apporte
à 'le s bien obferver, que d’avoir une quantité moyenne,
iouvent très-éloignée de la véritable, c eft-a-dire, des télultats
très-différens les uns des autres. Cette inégalité eft encore
affez fenfibie à quelques dëgres au-deíliis de 1 horizon, pour
nuire aux obfervations ; & les Aftronomes exaéts ont une
grande attention, dans les recherches délicates quiis font,
de n’employer que des obfervations faites a d allez grandes
hauteurs pour n’avoir rien à craindre de 1 inégalité . des
réfraétions.
Pendant mon féjour à Pondichéry-, je me fuis beaucoup
occupé des réfraétions aftronomiques, je me propofe d’en
rendre compte dans cet article & le fuivant ; dans celui-ci,
je parle des réfraétions horizontales pendant l’été & pendant
l ’hiver dans la Zone torride, & d’une inégalité que j’ai en
même temps remarquée dans le lever du Soleil; inégalité
qu’on ne peut bien obferver que fur le bord de la mer. Dans
l’article fuivant, je traiterai des réfraétions à différens degrés
de hauteur au-deflùs de i’horizon.
On avoit long-temps penfé , avant que 1 experience ie
confirmât, que vers i’Équateur les réfraétions étoient différentes
de ce quelles font en France; & on avoit conclu qlie
la différence aiioif en augmentant à mefure qu’on approchoit
du pôle ; on croyoit même la réfraétion horizontale aux
environs du pôle, double de ce qu’elle eft en France; pn
fè fondoit principalement fur les obfervations de Spole & &
Bilberg, faites en Lapponie en 1 6p y, par ordre de Charles XI,
roi de Suède.
M. de Maupertuis, dans fon livre de la Figure de la Terre,
conclud cependant que f i les réfradions font plus petites vers
J'Équateur qu’à Paris, & y ont une différence confidérahle, il
fu t croire que de Paris au Cercle polaire, cette différence néjl,
nas fenfible. . . . . . : ,
Mais M. de Maupertuis, pour tirer cette conclufion, ne,
rapporte que. des obfervations faites à deux degrés de hauteur
au-deiîùs de l’horizon ; or , à cette hauteur les réfraétions
commencent à n’être plus fi inégales. C ’eft à l’horizon
que fe font remarquer les grandes variations; & dès que le
Soleil eft élevé de deux degrés, ces grandes variations & les
différences ne fè font prefque plus fèntir, même d’une faifon
à l’autre; c’elt ce dont,on fe convaincra aifément, en examinant
les obfervations rapportées dans cet article & fe
fuivant. . . . . , .... , ■ . . -, >
On n’a fu trop que penfèr jufqu'à ce moment de l’obfèr-
vation des Hollandois dans ia nouvelle Zemble en 1 5 9 7 ,
elle eft tout-à-fait contraire à ce qu’on fait de la réfraétion
horizontale; car quoiqu’elle varie beaucoup, on ne peut pas
fe figurer quelle foit fi différente près du pôle de ce quelle
eft dans'les autres climats.
Piufieurs célèbres Auteurs ont cherché à expliquer ce fin-
gulier phénomène vu par les Hollandois , entr’autres Képler
& Jaçques-Dominique Caffini; ce dernier eft celui de tous
qui. en donne la raifon la plus vrajfêmblable, en fuppofant
que ce que les Hollandois ont vu étoit une efpèce de
•parhélie : on peut voir fur cela le Volume de l’Accadéinie,
année ry o o . 1
Pour moi je penfè avec. Scotto, que les Hollandois fe font
trompés ; & quoiqu’ils cherchent à prévenir J’objeétion qu’ils
prévoyoient_ qu’on ne manquerait pas de ,leur faire à leur
retour, fui- leur erreur, 8c qu’ils aient en conféquence écrit
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