elle eft proche le village ou l’aidée d’Archiouac, qui, elle-
même tient à la pagode de Chincacol. A l’Eil de Chincacoi
fur le chemin de Pondichéry à Gondelour, appartenant aux
Anglois, on trouve une affez grande Chauderie, fort commode
& bien fréquentée.
Les mois les plus agréables à Pondichéry, font communément
Décembre, & toujours Janvier , Février & une
partie de Mars; les pluies ceflènt pour l’ordinaire, comme je
l ’ai dit ci-devant, à la fin de Novembre ; ce n’eft pas qu’il
ne pleuve encore en Décembre & quelquefois en Janvier,
mais ces pluies font paffagères, c’eil-à-dire, de peu de durée,
& elles femblent donner un nouvel éclat à la Nature ; tout
alors vous infpire la gaieté, 011 voit le plus beau Ciel du
monde, on relpire la plus agréable température , la campagne
offre le coup d’oeil le plus riant ; les riz dont elle eft couverte
préfentent le plus bel aipeét & le plus beau vert qu’il foit
poffibie de voir ; car je doute qu’il y ait dans la Nature de
plus beau vert que celui du riz naiffant.
Le riz n’eft pas de ces plantes qui demàndent peu de
foin ; la culture en eft au contraire très-pénible ; l’on pourroit
même douter fi le blé donne plus de peines & de fatigues à
nos Laboureurs, que le riz n’en donne aux Indiens.
Les champs de riz font tous créufés d’environ un pied,
& par conféquent entourés par une efpèce de levée ou de
digue, large d’un pied., plus ou moins, & qui fervent à
diftinguer les terreins des différens propriétaires; la terre eft
une terre grade comme de l’argile, & qui retient l’eau ; les
Indiens n’ont point de charrues, les pieds des boeufs ou des
buffles préparent cette terre, en la pêtriffant pour ainfi dire;
ces animaux, & l’Indien qui les conduit, enfoncent fouvent
jufqu’à mi-jambe dans cette terre & dans l’eau; lorfqu’elle
eft bien détrempée & pétrie, iis y plantent le riz brin à brin,
comme on fait ici les poireaux qu’on a eu foin de femer
auparavant dans un endroit préparé exprès ; le riz demande
d’avoir le pied dans l’eau pendant le temps qu’il eft à prendre
fa croiflânce.
Lorfque les pluies font paflees, les champs coniërvent
encore l’eau pendant long-temps ; ils en font en effet fi pleins,
que l’on voit à peine la cime de la plante. Quand les Indiens
jugent que les riz ont befoin d’eau, ils leur en donnent,
foit au moyen de l’étang dont j’ai parlé, foit au moyen de
leurs puits ; mais ils en font avares ( fans cependant leur en
refufer). La néceffité les y force.
Dans les campagnes de Pondichéry, 011 fait deux récoltes
par an , & fouvent trois ; en Mars , on voit tout-à-la-fois
préparer la terre, femer & planter le riz; on en voit d’autre
naiffant, dautre en herbe, d’autre qui entre en maturité,
& à côté vous voyez faire la récolte. Cette récolte fe fait
tout-à-la-fois, c’eft-à-dire, que dans le même champ le riz
mûrit tout enfèmble.
•A l’Ifle-de-France j’ai vu faire la récolte du riz aux
plaines de Willems, on eft obligé d’y revenir à plufieurs
repriles , parce que le r iz , quoique dans le même champ, n’y
mûrit que l’un après l’autre, c’eft que ces terreins, quoique
dans la Zone torride, font trop élevés & trop frais pour le riz,
a qui il faut beaucoup de chaleur.
Le riz eft la nourriture des gens de l’Inde & de Pondi-
chéiy ; lés: Européens, à Pondichéry, mangent du pain beau
& excellent, la farine s’en tire de Bengale & de Surate, deux
endroits renommés pour le beau blé.
Z z z ij