aux animaux que j’avois d’abord perfe'cutés ; ils redoublèrent
même leurs foins auprès de moi.
Ces oifeaux ne tardèrent donc pas à nicher, & j’eus ie
plaifir, pendant tout ie temps de mon féjour dans ce iieu ifoié
& foiitaire, de leur voir élever leur petite famille ; lorfqu’une
couvée étoit envolée, j’avois foin pour mon repos d’ôter
de dedans les pots les anciens nids, & au bout .de peu de
jours je voyois recommencer une nouvelle bâtiife ; ces
animaux ne me paroilfent point prendre de repos, car .je
les ai vus pouffer leur ponte jufqu’en Décembre; j’ai eu
de très-fréquentes occafions de les voir fe carefferfur le haut
de ma porte lorfqu’elle étoit ouverte, ils arrivpient fouvent
en folâtrant, la femelle le perchoit fur le haut de la porte,
& bientôt le mâle s’ëlançoit fur elle ; la fubite & fréquente
répétition de leur jeu me furprit lingulièrement la première
fois que je vis ces animaux le joindre; on n’avoit point
encore d’expériences décifives fur ce fait.
Orus dit que dans une heure, ces oifeaux fe joignent
julqu’à fept fois ; Albert-le-Grarid, jufqu’à 'vingt fois en une
heure; & Urfinus, fur le rapport de quelques perfonnes,
trois cents fois en un jour (b ).
(b) Pafferßipra modum libidinofus
efi ( Autor de natura rerum ). Uinc
illudy paffere falacior, Erafmus, pro-
verbii fpecie , ufurpari poffe ait ; paffer
animal efi libidinofinn ¿7 fcecundum.
Quare Terpficles eos etiarn qui paffe-
ri bus in cibo vtuntur} ad res venereas
ait procliviores fieri ; perdices mares, ut
pafferes geniturain emiltunt nonfolum
confpeéìis fceminis , fed etiam voce earum
audita, Euftatius ex Athaeneo. Paffer
pirgites iimnodicà'irà, i? copia femmis~\
duólus fepties in bora foeminam init,
copiofiim confertimque femen effundens,
Orus. Paffer àdeo falax efi ut in unà
bora forte vigefies coeat, Albertus.
Aliqui eum trecenties die coire aiunt f
Uriinus. Sunt quipafferum etiam mares
anno diutiùs durare non poffe arbitrentuf,
argumento quod veris initio nulli mentujrt
habere nigrum fpeólentur, fed poftea,
tanquam nullus anni fuperioris fervetur,
( Extrait de THift. de Gefner, fur ies
Oifeaux* Francfort ; 15 8 5 f in-fol, )
M. de Buffon dit qu’il y a peu d’oilèaux lî ardens, li
puiffans en amour ; qu on en a vu Je joindre jitfquà vingt fo is
de fuite, toujours avec le même emprelîèment, les: mêmes;
trépidations & les mêmes expreffions de plaifir.
Mais M. de Buffon ne dit point en combien de temps
on a vu ces oifeaux fe joindre jufqu a vingt fois de fuite,
& je ne lâche pas qu’on ait rien de plus précis fur cet objet.
Pour m o i, j’ai là-dèlfeis un fait très-certain, & que j’ai
eu occalîon de conftater plus d’une fois ; je les ai vus en
effet, ces oifeaux, très-fouvent fe joindre neuf fois de fuite
en moins de trois minutes bien comptées à ma pendule à
feconde, toujours ( comme dit M. de Buflbn) avec 1e même
empreffement, les mêmes trépidations & les mêmes expreffions
de plaifir.
C e qu’il y avoit de plus lingulier, & que j’admirojs pendant
ce jeu, c’étoit la tranquillité de la femelle, elle relloit comme
immobile fans bouger de fa place, &. ne regardant ni d’un
côté ni d’autre, elle fe fecouoit feulement un peu à chaque
fois comme lî elle eût voulu fe rajufter; de la part du mâle
il n’y avoit nuls préliminaires, nulles, carelfes, mais beaucoup
de pétulance & toujours des mouvemens précipités, qui
n’indiquoient, comme fe dit encore M. de Buffon, que fe
belbin pour lui-même. ,
Outre la chaleur du climat , les Indiens, ou Gentils ont
encore leur croyance, qui tient lingulièrement à l’idée de la
reproduction de leur elpèce, comme je le dirai dans l’article
fur la religion des Brames.
L ’éducation des Indiens fe borne à fort peu de chofe, les
garçons apprennent à lire & à écrire , fur-tout à calculer ou
compter ; on voit, çn fe promenant dans les rues dç Pondichéry,
Tome
des Oifeaux,
edit, in-d j t