Tome I V
'de fes Voyages,
en Italien,
par exemple, nous a donné plufieurs détails intéreffans fur
leur Religion & leurs Cérémonies. O Jean-Hcnri GroJfe, dont
j’ai déjà parlé, a fait imprimer en 1758 des chofes également
intéreffantes au fujet de la religion des Gentils.
Mais Holwell a pouffé fes recherches plus loin que Grofe ;
il prétend que tous les auteurs modernes ont tort de nous
repréfênter les Indiens comme un peuple iltipide & plongé
dans l'idolâtrie ia plus groffière, que leur erreur vient de ne
pas allez connoître ce peuple ; qu’une fimpie defcription de
la religion 8c des cérémonies d’un peuple ne fuffit pas pour
nous le faire connoître; qu’un Voyageur doit pouffer fes
recherches plus ioin s’il veut inilruire. Car de dire Amplement
que les Indiens adorent 1111 tronc, une pierre, une idole,
ce difcours ne fert qu’à nous faire méprifer ce peuple. Si au
contraire ( c’eft toujours Hohrell qui parle) ce Voyageur
polîedoit allez la langue des Indiens pour découvrir (’étymologie
des mots 8c des expreffions dont ils fe fervent, & pour
pénétrer les myltères de leur Théologie, il feroit en état de
nous faire voir que ce culte eil fondé fur des principes.
Pietro delta Valle J Voyagç-ur très-ellimé, a fur les Indiens
la même idée que Holweïï,
I l ne faut pas s'étonner que les fages Indiens, très-peu
communicatifs à l'égard du peuple, n’aient enveloppé fous le
voile des allégories f r des fymboks, ¡es fecrets de la Nature,
les myflères de la Religion, é j même les principaux évènemens de
l’Hifloire ; ainfi, ce qui par oit le plus ridicule, & révolte même
le fens commun, deviendrait au moins fupportable, s’il étoit
développé par un Bramine de bonne fo i & intelligent.
Holwell avoit cet avantage dont il parle ; il iàvoit la langue
lavante des Brames ; il avoit ramaffé, à force de foins & de
dépenfes,
dépendes, plufieurs manufcrits» fort curieux, parmi lefquels
s’étoient trouvcauJeux copies du Shaflah; ce livre eil la Loi
des Gentils de ffndoilan & des provinces de Bengale, comme
le Vedam l’eil des Indiens du Malabar, de Coromandei &
de Ceylan; Holwell prétend que ces deux livres n’en formoient
qu’un au commencement, que le Vedam eft tiré du Shaflah,
8c n’en eil qu’une corruption. Il a donné une traduélion de
ce livre, & il a averti qu’à la première leélure qu’il en fit,
il s’aperçut que les Egyptiens, les Grecs & les Romains
avoient emprunté leur mythologie , leur coimogonie 8c même
leurs cérémonies religieufes 8c leurs idoles des Brames ;
8c qu’encore qu’ils les aient défigurées 8c mutilées de la
manière la pius groffière, ii étoit aile de les reconnoître. C ’eil
un point que je n’examinerai pas, on peut voir dans Holwell,
les preuves qu’il en rapporte.
On trouve dans Bernier, toute la doélrine 8c la croyance’
des Indiens ,' renfermées dans environ deux pages in - 12
d’une.Métaphyfique fort iùblime 8c fort relevée; on y voit
le fyftème de ces peuples lur la Nature de Dieu 8c iür la
création. Bernier croit, 8c avec raifon, que leur lÿilème fur
la Nature de Dieu eil le même que celui de Platon ; il
auroit pu ajouter que c’étoit auffi le fentiment de Marc-
Aurèle-Antonin, c’eil-à-dire, cette ame univerfelle répandue
dans toutes les parties de l’Univers, 8c que Virgile, d’après
l’idée de Platon, a peint par ces deux beaux vers :
Spiritus intus alit, totam/jue infufa per artus,
. Meus agitai molem N magno Je corpore mifcet. <
Æneid. I. VI, v. J%C &
D ’où ii paroit que ce lyilème eil de la plus grande antiquité
, 8c qu’il nous vient vraifemblabfement de F. A fie ; leur
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