Babylone avant le Déluge, que la' fomme Je leurs règnes
comprenoit 120 faros ou 432 mille ans, durée pareille à
celle que fes Brames de nos jours donnent au quatrième
âge du monde.
Ces 43 2 mille ans ont exercé, depuis bien des fiècles
la fagacité des plus habiles Chronoiogiftes. Parmi les anciens,
Eufebe, évêque de Céfarée en Paleitine, Panodore & Annian
deux Moines Egyptiens du cinquième iièc le, George-
Synceile ; & enfin parmi les modernes, M. Fréret, de
l ’Académie des Belles-Lettres & Infcriptions, ont fait quantité
de recherches curieufes fur la valeur du faros Chaldaïque,
pour expliquer ce nombre prodigieux d’années attribuées
par Bérofe à la durée des règnes des dix Rois qui ont j
précédé, felon lui, le Déluge. Panodore & Annian ontpenfé
que ces 43 2 mille ans ne faifoient que 43 2 mille jours,
& ils firent en conféquence de cette prétendue découverte,
le procès au plus lavant homme du troifième fiècle, à Eufebe, ;
pour n’avoir pas fait avant eux cette remarque (c) , M. Fréret, ■
(c) Annos porrà illos nonnulli hiftori-
corum dies tantum conjiciunt, ex quo
Eufebium Pamphilì caufati, qui Saro-
rum annos dies ejffe non advertit. Nullo
tarnen confitto infeitioe accufant. Qui nam-
que quod non erat, vir alio quin erudìtus ,
affereretl Vir ille, dico, qui grcccorum
fententiam, plura fcecula, annorumque
portentofas myriadas ex fabuhfà odiaci
per partes adverfas in idem fignum con-
verßone, ab ariet is , inquam, termino,
ad eändern inet am revolutione, jam a
mundi natalibus pneteriiffe afferentem
probe dignofeeret t Qua vero necefftate
preffi mendaeium veritati coacervan
excogitaverunt / (Syncelle, pag. 17}.’
Uterque vero, (Annianus 4? Pana*
dofus) Cefarece Palee f in a Eufebium
accufat, qtibd ficut ipji myriadifmmn
Chahiaicum, hoc efl annorunx myriadas
124. dierum viceputandas , non potuerit
advertere , quaripn diflributionem ac
partitionem , ut integra feriptutot vef
pondere comperiantur, ip ji, ut ftx-
miffum e fl, edideñnt. JVos fané lauda-
mus Eufebium potius, qui mendaeium
veritati non aflruit, &c. ( Syncelfe>
pag. 35 y.
peu lâtisfait fans doute de l'explication de ces deux Moines,
s’eft appliqué à nous en donner une autre. Il a cru l’avoir
trouvée dans Suidas au mot faros : en effet, ièlon Suidas le
faros chez les Çhaldéens étoit compole de 222 mois
lunaires qui faifoient félon lui 18 ans & demi; en forte
que 120 faros faifoient 2222 ans ( d) ..
Mais j’oferai n’être point de l’avis de M. Fréret; cé
célèbre Académicien ne nous a donné qu’une hypothèfo
appuyée for des fondemens trop foibles; il admet une partie
du fragment de Bérofe & il abandonne l’autre partie, quoique
Iliées enfemble dans l’original par un rapport évident; il
jfuppofe en conféquence au néros & au foifos de Bérofe
lune valeur fingulière & très-peu vraifemblable, puifou’il eii
[évident que le néros eil la période de 600 ans de Josèphe,
|& comme le remarque très-bien M. Bailly /H iß . ancienne
de l’Afironomie, page 3 7 8 ) tout T arrangement d e,M . Fre'ret
( fur le néros & le foifos des. Çhaldéens ) efl plus ingénieux que
folide. . . . . . il femlle qu’en pareil cas il fau t ou tout rejeter
ou tout admettre.
M. Fréret fe croit bien fort avec le témoignage de Suidas,
que fon hypothèfe confirme, dit-il, invinciblement; mais ce
favant Chronoiogifte auroit dû faire attention que Suidas
na ete quun compilateur qui peut avoir copié bien ou mal
des auteurs bons ou mauvais, & qu’on a très-fouvent trouvé
en défaut; un auteur moderne vis-à-vis d’Alexandre Poly-
hiftor, de Jules Africain & d’Eufebe , puilqu’il ne vivoit
(d) 120 fa r i, dit Suidas^ confiituunt annos 22 2 2 juxta Chaldaorum
rakulum, nempe faros confai 2 2 2 mcnfbus lunaribus, qui funt 18 anni culti
ftx mcnfbus.
"T t i j