que vers le dixième ou onzième fiècie, Suidas n’a pu pat
eonféquent puiièr dans Bérofe, qui étoit déjà perdu dans le
iiède où il vivoit, ce qu’il dit du faros Chaldaïqtie. Et qui
nous affinera que ce compilateur, qui n’a point cité les trois
auteurs dont je viens de parler, lùr la valeur du faros, ne
nous ait, à la place, donné fon fentiment particulier fur la
valeur de cette période 1
Quoi qu’il en lo i t , Suidas parle du faros en homme qui
n’entendoit pas la matière; en effet 222 mois lunaires n’ont
jamais fait 18 ans & demi, mais fi le faros valoit 18 ans
& demi, 12 0 faros ne faifoient que 2 2 2 o ans : auffi M. Halley
a jugé que ce paffage étoit corrompu.
Dans une nouvelle édition de Suidas, par Cufler , ce paffage
efl: rapporté différemment; le voici tel qu’il m’a étéiCommu-
niqué par M. de Villoifon , de l’Académie des Belles-Lettres.
Saros, ce mot fignife une mefure & un nombre c/iei la
Çhaldéens ; en effet,. 12 a faros font 2220 années ,.fuivantlt
calcul des Çhaldéens., puifque le faros renferme 12 2 antien
lunaires qui font / 8 ans & demi.
Selon cette nouvelle édition.,, il eiï évident qu’une partie
du paffage de Suidas a été rétablie par C u lter, car il ei
certain que 120 fois 1,8 ans & 6 mois font jufle 2220. ans;
mais que veulent dire 1.22 années lunaires, qui valent 1.8 ans
& demi,, félon le calcul' des. Çhaldéens] Le paffage de
Suidas feroit donc encore corrompu en cette partiel -Pour lui
donner un. fens , il feroit néceffàire de fùppofer qu’au lie»
de 122 , il faudrait lire 222 , & à la place d’années lunaires,
üubilituer mois lunaires ; cette fuppofition ell à la. vérité très-
vrailemblable, & en effet le mot d’année & de mois pourrai!
bien avoir été pris iciindiiliuçlement l’un pour l’autre, puiiqu’il
y a eu un temps où les mois étoient comptés pour des
années. Dans ce lèns, le paffage de Suidas ièroit très - ailé
à entendre; car en fuppofant, comme je l’ai fait ci-devant,
l’année de 3 60 jours , & par eonféquent le mois lunaire de
30 jours, on trouve que 222 mois de cette luppofition font
6660 jours , qui divifés par 3 60 , donnent jufte au quotient
j 8 ans, plus la fraétion égale à fix mois.
Mais quoique cette explication favorilè extrêmement mon
opinion, en ce qu’elle paraît prouver que les Çhaldéens
admettaient, pour l’ulage c iv il, l’année de 360 jours, &
que Dominique Caflini nous dife formellement (Mémoires
de l’Académie des Sciences, tofn. V III, p. 2 2 q & 2 2 6 ) que
les Siamois, dans leur Aflronomie, emploient encore de nos
jours les mois lunaires de 30 jours; cependant, pour éviter
toute eipèce de reproche, je fais volontiers le très-petit
facrifice de la preuve que pourrait me fournir le paffage de
Suidas en faveur de mon opinion fur la longueur de l’année
chez les anciens Çhaldéens, de 3Û0 jours. Je conclus donc
ici, en m’en tenant au fens littéral, que le paifage de Suidas
n’eil pas allez clair pour qu’on puifle s’étayer de lui avec
une efpèce de confiance pour décider la queition fur la valeur
du faros Chaidaïque.
Pour moi, j’avois lû Syncelle il y a plus de vingt ans,
mais n’étant point alors inilruit de l’Aitronomie des Indiens 8t
de leurs différentes périodes, j’avouerai que je nefavois auquel
des différens fentimens que Syncelle rapporte fin la valeur du
faros, je devois donner la préférence. Depuis mon retour de
1 Inde, j’ai relu cet Auteur avec toute l’attention dont je luis
eapabie; j’ai cru y voir toute i’Ailronomie & tout le procédé:
des Brames de nos jours.