qu’il eft néceflâire pour me donner le temps de prendre
une hauteur du Soleil: je fais en forte de la iâifir à l’inftant
que finit la demi-minute; ce qui eft très-facile iorfqu’on eft
un peu exercé fur mer à prendre hauteur. L ’heure calculée,
en y ajoutant le nombre des demi-minutes écoulées, eft l’heure
vraie du phénomène ; & l’on peut, fi l’on veut, prendre de
cette façon trois à quatre hauteurs.
Si le voyage que je venois de faire n’avoit pas répondu
à mes efpérances , il m’avoit au moins donné des connoifi-
fances que je n’avois pas auparavant fur les mouftons ; je fis
avec cela un grand nombre d’obferyations fur les longitudes
par le moyen de la Lune.
Les eifais que j’en avois faits en venant de France, m’a-
voient appris jufquà quel point d’exaélitude on pouvoit
efpérer de fixer de deffus un VaiiTeau la pofition d’une côte
ou d’un lieu quelconque : j’obfervai donc à la côte d’A ja n ,
à I île de Socotora & à' l’île Rodrigues, des angles horaires
de la Lune. Je vis auffi à peu de diitance de la côte de
Malabar, une éclipfe totale de Lune, le i 8 de Mai: cette
écliple nous fit voir que nous étions encore à loixante-fix
lieues de la côte de Malabar, pendant que nous eftimions
nen etre quacinq a fix lieues. Ces obier valions m’ont lêrvi
a vérifier la pofition de la côte de Malabar, de la côte d’Ajan
en Afrique, du cap de Gardafuy, & fur-tout de l’île de
Socotora, qui eft un point eflèntiel pour l’entrée de la mer
Rouge ; Socotora fert à alTurer le point des Vaiffeaux qui
yont de l’Inde à Moka, à Gedda, &c, dans la mer Rouge;
on y relâche même aflèz fo.uvent.
On fait que la Géographie doit fa perfeétion aéluelle aux
progrès que l’Aftronomie a faits depuis environ cinquante
ans;
ans, & que par cette raifon les Aftronomes doivent être
regardés comme les vrais Geogiaphes.
Je ne lâ ch e pas qu’on eut encore fait d obiervations aftro-
nomiques dans ces parages pour en déterminer la pofition :
celles que les circonftances m’ont mis à portée d’y faire,
m’apprirent que la baie des Nègresj fituee à la cote dAjan
par 7 a 30' de latitude boréale, eft de 3 degrés environ plus
occidentale que ièlon les Cartes de M. Dapres.
Cette différence doit être à très-peu près la meme depuis
la baie des Nègres jufqu’au cap de Gardafuy, ceft-a-dire, fur
une étendue en latitude de 4 d 30' ou quatre-vingt-dixlieues.
Cette erreur influe encore de la même quantité fur l’île de
Socotora, qui n’eft qu’à quarante lieues un peu plus, un peu
moins du cap de Gardafuy; auffi mes obiervations faites fort
près de cette île, me donnent à très-peu près la même différence
que m’avaient donnée pour la baie des Nègres celles
faites à la vue de cette baie ; mais quoique j’aie trouvé ici
les Cartes de M- Daprès défeélueufes, je ne prétends pas
par-là faire une critique de l’ouvrage ineftimable de cet habilè
Marin ; j’aurai lieu plus d’une fois dans le cours de mes
Voyagos, de lui rendre la juftice qui lui eft due; & je
faifis avec grand plaifir la première oecafion qui fe pré/ente.
Mon obfervation d e ’ i’éclipfe totale, de Lune du 18 Mai ,
comparée à celle que fit M. Maraldi à l’Obfervatoire Royal ,
m’a donné la longitude de Montdçly & de Montformofe fur
la côte de Malabar,
jDe . . ................................. 72^ 29' 30"
J’ai trouvé, P.ondichéry à.. . . . . i , . . . . . . . . . 7 7 . 3.1. 30.
Différence • 5. 2,
C ’eft la largeur delà prefqu’île, prife à 12 degrés de latitude;
Tome I. B