Les habitans de la côte de Coromandel, ainfi que tous ceux
des autres parties de i’Inde, font habillés les uns comme les
autres, avec très-peu de différence ; & il eil bon d’obferver que
cet habillement n’a pas varié depuis plus de deux mille ans qu’il
eil connu, car on le trouve dans les anciens Auteurs décrit
tel qu’on le voit aujourd’hui.
L ’habillement des femmes eil diilingué félon le rang de
la caile; par exemple, les femmes des Tamoults n’ont pas le
droit de porter le corcet; cette prérogative appartient aux
femmes des Talenga, qui eil une haute caile que l’on trouve
à Mafulipatam , j’en ai vu piufieurs à Pondichéry ; les femmes
publiques lont exceptées, elles ont la liberté de s’habiller à
leur fantaifie, perfonne ne réclame contre : nous parlerons
de leur habillement quand nous en ferons fur l’article des
danfeufes.
Les Indiens en général font beaux & bien faits, l’oeil
no ir , v i f & fpirituel, leur couleur eil connue ; on y voit
de très-belles femmes , bien faites, ayant des traits à
l’Européenne.
Ces perfonnes n’ont point fouifert la prifon du maillot,
ni la torture des corps de baleine, la Nature elle feule leur
a fait la taille ( l’on peut voir le chapitre de la Religion fur
les Brayadères. ou Danfeufes ).
La Caile des Bramines fur-tout eil une très-belle caile -,
un très -beau iàng ; dans cette tribu on y voit les plus belles
femmes, les plus jolis enfans, & tout ce monde a l’air le
plus propre. H y a dans la ville de Pondichéry une rue
nommée la rue des Brames, qui n’eil en eifet peuplée que
de gens de cette tribu.
¡On m’objeélera inutilement la couleur, je n’ai rien à
.répondre, c’eil un préjugé, & le préjugé ne forme point
objection. L’intérieur des maifons des Indiens eil fort ren-
Ifermé, elles ont un parapet élevé de deux pieds environ,
gui règne fur le devant, couvert par un auvent ou avant-toit,
foutenu par des piliers, là , dans les grandes chaleurs, la nuit
vous trouvez les hommes qui dorment avec la plus grande
fécurité ; le morceau de toile dont iis Te ceignent le corps &
Te cachent les épaules pendant le jour, leur iert à s’envelopper
pendant la nuit; c’eil auffi fur ces parapets que les.femmes
paifent les jours de leur incommodité naturelle, iàns qu’il
leur foit permis d’entrer dans l’intérieur de lamaifon: comme
dans cet état elles font ceiifées impures, elles fouiiieroient la
maifon ; elles le tiennent donc en dehors, & on leur y porte
à manger : il femble que ces femmes fentënt alors l’état
d’avililfement dans lequel elles font regardées par leurs maris ;
quand elles voient paifer des Européens qui les regardent
avec une elpèce d’affeélation, elles détournent la tête du côté
du mur jufqu’à ce qu’elles jugent qu’ils font bien loin.
A dire vrai , ces femmes n’aiment pas à être regardées ; 8c.
cela vient, dit Grofe ( a ) , de ce qu’elles font fingulièrement
attachées à leur mari, & qu’elles évitent de parler à d’autre
qu’à lui : lorfquelles font fur leur porte, ft on s’arrête, dit cet
Auteur, à les regarder, elles prennent cette a dion pour un affront, &_
en témoignent leur mécontentementpar leurs gefles & leurs poflures.
J’en ai vu qui tournoient le dos & rentraient chez elles
précipitamment.
•. Les femmes des Indiens paiîént auffi dans'le pays pour
(a) Jean-Henri Grofe, au fervice de la Compagnie des Indes d’Angleterre,
eil pafle dans l’Inde dix ans avant moi. Son Voyage eil très-curieux &
très-intéreiTant.