choifis le Berryer, & je m’embarquai fur ce Vaiilèau Je 2.6
Mars 1760 : nous arrivâmes à i’iile de France ie 10
Juillet fuivant.
Pendant le voyage, je fis un très-grand nombre d’obfer-
vations fur la détermination des longitudes par l’angle horaire
de la Lune. J’eus la fàtisfaétion, à l’attérage de Rodrigues,
que l’on trouve cent lieues à l’E il, ou au vent de l’iile de
France, de voir que cette méthode la plus fimple & la plus
ailee à pratiquer de' toutes celles qu’on emplpie fur mer,
aifure le point d’un Vaiilèau avec une exactitude fuffifante,
puifque mon point iè trouva d’accord , à cinq à fix lieues
près, avec ta longitude de l’île Rodrigues; précifion bien
fuffifânte fur mer.
J’obfervai auift, avec le plus d'exactitude poifible , la
variation de la boufloie par les azimuths & par le moyen
des hauteurs correfpondantes : ces méthodes ont un avantage
fur celles des amplitudes, qu’on peut les multiplier Si s’en
fervir à une heure quelconque de la-journée; en forte qu’il
elt rare qu’il fe paife un jour fans qu’on puilîe les employer,
pendant qu’il arrive très-fréquemment, même dans la Zone
torride, qu’on ne voit le Soleil ni à Ion lever ni à fon
coucher : cet inconvénienr fe rencontre encore plus fréquemment
aux approches des mers du cap de Bonne-efpé-
rance & du canal de Mozambique, parages où les variations
font cependant encore plus néçeflàires pour les longitudes :
car depuis le cap de Bonne-eipérançe, jufqu’aux approches de
la Nouvelle - Hollande, on peut fè régler fur les variations,
& les employer avec fuccès; mais à la Nouvelle-Hollande,
les lignes des variations s’inclinent fi fort vers 1 Équateur ,
que de perpendiculaires quelles étoient, pour ainfi- dire, à
ce cercle, elles lui deviennent prefqtte parallèles; ce qui
arrive en remontant de la Nouvelle-Hollande vers Java &
les détroits; de-là il fuit que les variations ne Varient
prefquè pas, &. font prefque les mêmes pour un elpace de
cinquante lieues & plus en longitude : on ne peut donc
alors employer ces variations qu’avec la plus grande réiêrve;
il y auroit de la témérité à s’y fier.
En arrivant à l’Ilie de France, j’appris que la guerre étoit
très-vive dans l’Inde, & que jaurois beaucoup de peine à
y parvenir; de plus, il ne s’offrit point d’occafions d’y aller,
quoiqu’on fût au milieu de la faifon : l’hiver vint enfuite.
Dans cette faifon, on n’entreprend pas volontiers le voyage
de l’Inde, parce que la mouflon du Nord-eft force les Vaif-
feaux d’aller par la grande Route, comme on la nomme à
i’Ifle de France; les voyages dans cette faifon font trop longs
& trop fatigans ; je me vis donc fort ëmbarrafle fur le parti
que je pourvois prendre. Le projet que forma M. le Gouverneur
de l’Ifle de France, d’envoyer un Vaiilèau à Batavia
pour fe procurer des vivres, n’eut lieu qu’un moment; je fus
par confequent forcé de refier à i’Ilîe de i France.
Ces contre-temps me donnèrent beaucoup d’inquiétudes,
& ne contribuèrent pas à me rétablir d’un flux dyfentérique
que je gardai pendant le mois d’O ftobre Si uTre partie de
Novembre ; je craignois que cette cruelle maladie rte me
mît enfin dans' un état à ne pouvoir m’embarquer, s’il
s’offioit quelqu’occafion pour l’Inde.
C e fut alors que je fis réflexion que la feule reffourcé
qui me refloit étoit d’aller à l’île Rodrigues, à Cent lieues
au vent (à i’E f l) de l’Ifle de France. Je m’amufai pendant
ma maladie à calculer, d’après les meilleures hypothèfes, le
A i j