fort en détail leur obfervation; il ne m’en paraît pas moins
certain qu’ils ont vu le contraire de ce qu’ils devoient voir;
car au lieu de voir anticiper le lever du Soleil, iis auraient
dû le voir retarder : en effet, j’ai conftamment trouvé, à
Pondichéry, par mes obfervations, la réfraétion au lever du
Soleil, fur le bord de la mer, d’environ deux minutes plus
grande en été qu’en hiver ; pendant que j’ai obfervé la
réfraétion horizontale, la même à quelques fécondés près,
dans les deux faifons.
J’avois commencé, dès l’Iile-de-France, qui eit dans la
Zone torride, à obferver les réfraétions depuis 10 degrés de
hauteur, en defeendant, jufqu’à l’horizon: or, en faifant
ces obfervations, je remarquai, que quoiqifii fît le plus
beau temps, quoique le ciel fut fans nuages, que 1 horizon
fût de la plus grande netteté , je remarquai, dis-je , que le
Soleil qui, à la vue fimple , m’avoit toujours paru fe plonger
dans l’horizon de la mer , fe plongeoit réellement dans
un horizon élevé au-delîus de celui de la mer, dune
quantité affez confidérahle, & qui n’étoit par conlequent
qu’un horizon faux ou apparent ; cette quantité, que je ne
mèfurai pas pour lors avec exaétitude, pouvait aller à quatre
ou cinq minutes : ce phénomène me furprit beaucoup la
première fois que je l’obfervai, je ne manquai jamais de
le voir toutes les fois qu’il fit beau, c’eft-à-dire, iorfque
je voyois coucher le Soleil; mais comme du Port-Louis,
où j’obfervois, on ne voit que la partie de l’horizon de h
mer qui répond àu coucher du Soleil en hiver, je ne pus
vérifier en été ce que j’avois obfervé en hiver.
Dans ce temps-ià, je pafîai de l’Ifie-de-France aux Philippines,
dans l’intention d’y obferver le paffage de Vénus
par-devant le Soleil; je comptais vérifier à Manille ce que
j’avois vu à l’Iiîe-de-France , il me fut impoffible de le faire,
n’étant pas placé affez avantageufement pour ce genre
d’obfervatîons.
Ce fut pendant mon féjour à Pondichéry, que je vérifiai
cette obfervation : j’étois, pour la faire, le plus avantageufement
fitué du monde, dans un obfervatoire très-folide ( j’en
ai donné la defcription ci-devant) je voyois Je lever
d’hiver & celui de l’été à l’horizon de la mèr; mon quart-
de-cercle ne changeant point de pofition, était dans le cas
de me donner fort exactement les différences de réfraétions
de l’été à l’hiver.
Qui pourrait décrire la beauté du ciel, à Pondichéry,
pendant les mois de Janvier & Février ? j’en ai déjà parlé
plus haut, en rapportant les obfervations des latellites de
Jupiter ; malgré ce beau c iel, qui ira rien de comparable,
fansun feul petit nuage, un horizonfuperbe : le Soleil, pendant
tout l’hiver, n’a pas paru fe lever une feule fois à l’horizon
de la mer, mais toujours au-deiîùs, d’une quantité même allez
confidérahle: l’effet en étoit très-fingulier, comme on va le
Voir dans le détail des obfervations.
Et au contraire pendant les mois de Juin & de Juillet,
qui font à Pondichéry le temps des grandes chaleurs,
pendant lequel temps fe ciel n’eft plus à beaucoup près fi
beau ; que l’air au contraire eft toujours rempli de vapeurs,
le Soleil fe lève conftamment à l’horizon de la mer ; &
pendant que je fupportois aiféipent, à la vue fimple, la
lumière de cet aftre en hiver, tant qu’il n’avoit point eu
atteint un degré d’élévation ; j’avois au. contraire bçfoin en
été du fecours du verre enfumé , dès l’inftant que fe bord