être de la plus grande fidélité à leurs maris, fi quelques-unes
manquent à ce devoir fàcré, il faut les aller chercher dans
ia plus baflè extraction, car parmi les femmes des principaux
Gentils, l’adultère eit un cas des plus rares; les femmes des
Mahométans n’ont pas la même réputation, il leur faut des
verrouils, des jaloufies, des furveillans continuels. Les principaux
Gentils n’ont pas befoin de tant de précautions pour
garder leurs femmes, & malgré ia chaleur du climat, on
aifure qu’il eil bien rare qu’elles manquent au noeud qui les
üe. D ’où vient cette prodigieufe différence des femmes des
-Mogols & des femmes Indiennes dans le même climat ! Grofe
prétend, & avec raifon, qu’elle vient de l’empire que la
religion exerce fur les Indiens, de leurs fuperftitions & de
leurs uiàges, auxquels les Indiens tiennent d’une manière
finoulière, & de l’attention qu’on a de les marier de très-
bonne heure, & tout enfant qu’ils peuvent être, c’eft-à-dire,
à trois, quatre ou cinq ans.
Ces enfans une fo is liés, dit Grofe, dès l'âge le plus tendre,
on leur in/pire ïaffeâion mutuelle comme un des points les plus
facrés de leur religion ; ils fe nourriflent & fe fortifient dans
cette idée, de façon que malgré la chaleur du climat on voit
très-peu de femmes manquer au lien conjugal.
Ces faits & leur habillement, qui n’a point varié depuis
Alexandre, & qui étoit auffi celui qu’ils avoient bien longtemps
avant fon invafion dans l’Inde, prouvent l’attachement
des Indiens à leurs ulàges & coutumes. En effet, il n’eft
permis à aucune cafte de ne rien innover; fi cela arrivoit
à quelqu’une, toutes les autres caftes fe réuniraient pour
l’accabler, à moins qu’elle n’abandonnât Ces prétentions &
laiflàt là fçs innovations. Les Indiens font là- dçfîiis d’upè
rigidité dont on ne trouve d’exemple nulle part que chez
eux : je vais en citer un dans un moment.
k Le premier volume des Cérémonies religieufes, & c. pour J j j l g
trouver en tout une conformité entre les coutumes des Indiens
i& celle des Juifs, prétend expliquer par une cérémonie des
[indiens, conformément à leurs maximes, la parabole de
[saint Matthieu, fur les cinq Vierges folles; l’Auteur dit en
conféquence, que le jour de leurs noces, le mari 8c la femme,
tous deux dans un même palanquin, que quatre hommes
portent fer leurs épaules, fortent fer les fept à* huit heures du
foir, accompagnés de leurs parens 8c amis, &c. fe promènent
dans cet équipage pendant quelques heures ; après quoi ils
I [ retournent chez eux où les femmes & les domeftiques les
j attendent, &c. mais la chofe ne fe pratique pas tout-a-fait
I de la façon dont il eft dit ici ; car j ai vu beaucoup de ces
fêtes à Pondichéry, & j’ai afiïfté à une à laquelle je fus
H invité par l’époux.
L ’ufage eft de promener le marié & la mariée plufieurs
■ jours de fuite dans les rues de la ville, chacun dans un
■ palanquin fuperbe, précédé & accompagne d une nombreufe
■ mùfique, & efeorté felon les degrés ou rangs de nobleffè,
I par de longues piques, &c.
On dreffè au milieu de la rue un pandal; le panda! eft
■ une eipèce de falle de décoration, couverte dune grande
■ toile pour défendre de l’ardeur du foieil : ce pandal eft
■ orné felon les facultés ; j’en ai vu de magnifiques : les
■ nouveaux mariés fe repofent quelque temps fous ces dais,
■ 8c s’amufent à voir les danfes des Bayaderes. On rentre
I vers les fept à huit heures de relevée, & la foirée fe paflè
à voir danfer les Bayadères ; on répand pendant ce temps
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