hifiorique, qui indique aux Indiens le lieu où ils doivent
bâtir une pagode.
Ils cQnduifent une vache dans l’endroit à-peu-près où leur
intention eft de bâtir une pagode ; iis la laiflent libre & paffer
la nuit dans ce lieu retiré. De grand matin, les Brames fe
rendent iùr les lieu x, les vifitent exactement, cherchent
avec grand foin l’endroit où la vaçhe a fait fes excrémens,
& c’eft-là le lieu choiii, félon eux, par la divinité : ç’eft-là
où fe trace la méridienne pour orienter la pagode.
Le premier volume des Cérémonies, religieufes, fans parler
de l’ufage d’orienter les pagodes, rapporte à-peu-près de la
'Sjmm. t4Jt. mêfne manière leur confeeration : on. examine, dit-il, l'endroit \fdit. d Amjt, \ t .êri' I
ou k vache a couchépendant la nuit ; & comme chei les Indiens
la bouge de vache efl très-fàinte, on obferve avec beaucoup de
foin Ji la vache a daigné honorer ce lieu du dépôt facré de fa
bou7j ; après, cela, on y fa it un creux profond, où l ’on pofe une
colonne dé marbre ra fonnablement élevée au-dejfus de terre, fur
cette colonne on met l ’Image ou la flatue du Dieu auquel on.
confacre la pagode, & c.
C ’ell apparemment cette colonne qui ferl à tracer la
méridienne, dont m’ont parié les Indiens, pour orienter la
pagode.
. Qn forme enfoite une grande cour ou enceinte qu’on
entoure de murailles faites de pierre de taille pour l'ordinaire ;
cette cour, eft dans plufieurs pagodes, plus longue que large,
une galerie règne en - dedans, tout autour de la muraille,. &
cette galerie eft formée de piliers de Vingt pieds environ
de hauteur, qui foutienneni un toit plat, fait de grandes
pierres de taille; il y a toujours un étang dans la cour.
Qn y entre par une longue & large avenue d’arbres, qui
¡mène à un portail formé par une belle pyramide fort élevée;
le corps de la pagode eft au milieu de la cour ; elle a pareillement
fon portail ou fà pyramide, un peu moins élevée que
l’autre, mais encore plus chargée d’ornemens..
k L’intérieur de la cour , en délions des galeries principalement
, eft rempli d’idoles fingulières.
| Au fond de ces pagodes, tout fe pafîè dans la plus grande
iobfcurité. Elles n’ont de jour que celui que peut leur procurer
une porte très-étroite & très-baiTe, & une eipèce de foupirail
ou de lucarne, qui faille feulement palier quelques rayons de
¡lumière comme échappés. On y rencontre des niches, dans
(lefqueiles on entrevoit des figures dans des attitudes que la
délicatefîè de notre langue m’empêche de décrire. C ’eft aiSlfi -
bien la retraite des chauves-feuris que la demeure des idoles.
Quand on entre dans ces lieux fecrets, ii feinble qu’on va
¡defeendre dans le plus affreux cachot; l’odorat eft en même
temps frappé par une puanteur révoltante, occafionnée par
la mauvaife odeur des chauves-fouris qui habitent ces lieux,
& des lampes dont les Brames fe fervent pour les éclairer
[dans un lieu fi renfermé; à peine y voit-on encore à fe
(conduire plufieurs minutes après y être entré, & ce n’eft
[qu après y etre refté pendant un peu de temps qu’on parvient
[a entrevoir les formes hideufes des idoles dont je viens de Dtlacçnfot-
parler: Ion peut voir, fur l’obfeurité des pagodes, le premier més,
Volume des Cérémonies religieufes.
Ils font convaincus ,, dit Grofe, qu’un lieu obfeur eft plus
propre qu aucun autre à infpirer une reiigieufe horreur.
Cette pagode, dont je parle ic i, l’unique dont j’aie vu
¡l'intérieur ,1 eft à Yilnour, petite ville indienne à deux lieues
de Pondichéry.