Leurs règles de calculs aftronomiques font en vers énîgmaJ
tiques qu’ils lavent par coeur; par'ce moyen ils n’ont pas
Befoin de tables de préceptes. Au moyen de ces vers qu’on
leur voit réciter ( comme nous faifons nos formules ) à
mefure qu’ils calculent, & au moyen de leurs cauris, ils font
les calculs' des Éclipfes de Soleil & de Lune avec la plus
grande promptitude.
Cetufage d’Ailronomie théorie-pratique, réduite en vers,
eil fans doute une fuite delamolleife naturelle à ce climat, qui
eil fi chaud, qu’il agit fur les fondions du corps & de famé,
én mettant l’un & l’autre dans une forte d’anéantiflement
qui les rend incapables d’une trop longue application ( b ) . C eil,
fans doute, dis-je, par cette raifon, que les Brames, pour
plus de facilité, & pour fe moins fatiguer l’eiprit ( les vers
fe retenant facilement ) fe font fait cette méthode. Peut-être
auili ont-ils eu leur intérêt en cela, qui eil davoir une
langue énigmatique qui foit ignorée du refte du "monde, oii
pour le moins, entendue de peu de perfonnes ; & comme
avec cela ils font les Miniilres de la Religidfc8c des Princes,
il eil aifé de fe figurer toute l’étendue du pouvoir de cette
Cafte fur les peuples,
(b) « La température des climats
» chauds, dit Chardin, énerve refont
comme le corps , diffipe ce feu
■>? d’imagination néceifaire pour
» y,ention & pour la perfection dans
les Arts. On n’eft pas capable en
ai ces climats de longues veilles & dé
» cette forte application qui enfante
» les beaux quvrages des Arts libéraux
& des Arts mécaniques : de - là
w yieot aufli que les çonhoifîances des
peuples cie î /ine loni n umuee», «
& qu’elles ne coniiilent guère qu’à «
refenir & à répéter ce qui fe trouve <c
dans les livres des Anciens, ¿k .que *
leur induftrie eil: brute & mal dé- «
friçhée pour ainiï dire : c’efl; feule- «
ment dans le Septentrion quil faut «
chercher les Sciences & les Métiers «
dans 1a plus haute perfection
( Chardin, t. dV, chap, * / ) •
Leurs
Leurs Tablés du Soleil & de la Lune font cependant
écrites lùr des feuilles de palmier, foutes taillées fort proprement
de la même grandeur : ils en font de petits livrets,
comme je l ’ai déjà dit dans le chapitre précédent & au
commencement de celui-ci, auxquels ils ont recours quand
iis veulent calculer une Éciipfe ; ils Ce fervent alors d’un petit
ftylet ou poinçon, avec lequel ils tracent fur ces feuilles
tous les caraélères qu’ils veulent. C e poinçon forme un trait
léger, mais apparent, en déchirant la»pellicule légère qui
recouvre la feuille.
Ce que j’ai pu apprendre de fAllronomie des Brames fe
réduit à cinq points principaux.
L’ufage du gnomon, la longueur de l’année, la préceflion
des équinoxes , la divifion du Zodiaque en vingt-fept conftel-
lations, & le calcul des Éclipfes de Soleil & de Lune.
A r t i c l e p r e m i e r .
D e IDfage du Gnomon chez Brames.
H| .
L a première chofe que j’ai remarquée dans l’Aftrortomie
des Brames, eft l’ufage du gnomon : cet üfage leuf eft une
des plus anciennes pratiques de î’Aftronomie ; ort ne peut
pas même fe figurer que ceux qui les premiers ont travaillé
à l’Aftronomie lolaire, & à régler par conféquent là longüeür
de l’année, ne fe foient fervis des ombres méridiennes des
corps ; car c’efl: le figne le plus apparent & le plus frappant
du) mouvement du Soleil vers l’un & l’autre pôle.
Les Chaldéens, long-temps avant les Grecs, obfervoient
avec le gnomon. On peut voir ce que dit à ce lujet Hérodote
dans fon Euterpe ; mais Hérodote ne nous apprend
Tome 1. - E e