de l ’île J a ra , mais la contrariété des vents nous força foüvent de
courir bords fur b o rd s , & ne nous permit pas de fuivre une route
direéte.
L e 7 , au jo u r , comme nous courions au Nord-oueft & au Nord-
oueft-quart-d’oueft , avec un joli frais de l’E f t , nous aperçûmes les îles
Sambilang. A huit heures, les plus proches nous reftoient au Nord
à quatre à cinq lieues de diftance ; peu de temps après nous aperçûmes
,1’ île Jara. A midi, étant en ca lme,.n ous avons obfervé la latitude
de 3 degrés 48 minutes ; alors les îles les plus proches nous reftoient
à l ’E ft , à la diftance de deux à trois lieues : cette obfervation affure la
latitude de toutes ces île s , qui font marquéés dans la Carte un peu
plus Nord. i “
L e 8 , nous obfervames la latitude de 4 degrés 2 minutes; nous
courûmes la bordée du Nord autant que le vent voulut nous le
^ permettre ; nous prolongeâmes l ’île Sambilang à la diftance de quatre
à cinq lieues. Selon les Cartes portugaifes, les îles Sambilang font cet
amas de petites Iflés que nous avions vues la veille au fud de Pol
D imdim : P o l Dimdim eft ce que M . Daprès nomme Sambilang.
L ’île Dimdim ou Sambilang, dans fa partie du Sud-oueft à l ’Oueft,
eft accompagnée de quantité de petites îles où l ’on peut faire de
l ’eau , félon notre premier P ilo te , & nous vimes un Vaiffeau qui en
fortoit. .
L e 9 à m id i, nous obfervames 4 degrés 5 ; minutes de latitude.
P ol-Pinang nous reftoit au Nord à fept à huit lieues de diftance, ce qui
donne pour P o l-P in an g 5 degrés 1 8 à 19 minutes. Selon M . Daprès
elle eft de 5 degrés 20 minutes, ce qui diffère très-peu de ma,
détermination.
N ous étions à midi au point A ( voyeç la planche 1 2 ) ; nous
avions donc encore de ce point beaucoup de chemin à faire pour
aller gagner le mouillage de Pol-Pinan g. L e vent que nous eûmes
dans l’après-midi, foible & très-variable, 11e nous promenoir pas de
pouvoir nous y rendre avant la nuit : nous fumes forcés de courir
bords fur bords pendant quelque temps. E n fin , les.vents s’étant
rangés à l ’Eft & à i ’Eft-fu d-e ft ; nous gouvernâmes au Nord-quartnord
eft , ju fqu ’à n e u f heures du foir que nous mouillâmes par
douze brafîès & demie.
L e 1 o , dès que le jour p a ru t, je fus frappé par un fpeélacle fort
agréable ; nous étions à moins d ’une lieue de la côte de M a la y e ,
& à deux ou trois de Pol-Pinang. L e s terres les plus élevées de la
prefqu’Ifîe étoient à moitié couvertes par un brouillard fi épais que
c’étoit un vrai n u age , & cependant très-peu élevé. L a c ô te , à cet endroit
le long du bord de la m e r , reffemble à une bordure de charmille,
taillée de main d ’homme; le brouillard ou nuage ne cachoit point
cette bordure, il étoit feulement un peu élevé au-deffus, ce qui
produifit, au lever du S o le il, un fp eilacle charmant.
II y a bien apparence que toutes ces baffes terres font entrecoupées
de la c s , d ’étangs & de rivières, entretenues par les grandes
pluies qui régnent dans les terres; & grofîîes par les torrens des
montagnes qui m’ont paru très ^ élevées. L e s torrens doivent être
confidérables ; & par ces raifons, les bafîès terres prefque toujours
inondées ; c a r , la prefqu’ île , fur le rapport q u ’on m’a fait
à M a la c ca, eft expofée à des pluies très - fréquentes ; ce qui ne
peut être autrement, étant auffi proche qu’elle l ’eft de la L ign e .
Les Cartes m ’ont encore paru défeélueufes en cet endroit. Selon ces
Cartes, la côte de Malaye , depuis l ’île Perache ju fqu ’à Pol-Pinan g,
eft cernée d’un banc qui s’avance trois lieues au large. C e banc paffe
même, félon ces Ca rtes, entre Pol-Pinang & la c ô té , en fe prolongeant
jufqu’aux côtes du vieux Q u ed a , c ’eft-à-dire, à plus de cinq lieues
au Nord de Pol-pinang; en forte que félon l ’inftruélion relative aux
Cartes , les Vaiffeaux qui veulent aller de l’une à l’autre de ces deux
îles, doivent prendre garde de ne pas approcher le banc par moins
de dix braffes fond de vafè ; ce qui les met continuellement à plus
de fix lieues de diftarfce de la terre : mais il ne me paroît pas que
notre Pilote s’ inquiétât beaucoup de ce b an c , puifqu’il fut attaquer
de nuit la côte de Malaye ; & qu’il y mouilla à une lieue de diftance par
douze, braffes & demie dans un endroit où les Cartes n’en marquent
que trois. Si le banc exifte , il ne s’étend pas jufqu’à P o l-P in an g ;
& il paroît que de cette île à l ’endroit de la côte le plus p ro ch e ,