fionner une grande révolution dans l’atmofphère ; ordinaire-
ment on reçoit un coup de vent, ou ouragan, que l’on
nomme le co p de vent de la Saint-Fvançois, parce qu il arrive
aux environs de la fête de ce Saint; car îl dépend plus,
félon les Marins , de la nouvelle ou de la pleine Lune que
de la Saint-fïançois : c’eil ordinairement ce coup de vent qui
décide la mouçon du Nord.
Dans cette faifon, les vents foufflent du Nord au Nord-ell
pendant le jour, & lorfque la brife efh réglée, la nuit elle
l'ouffle de terre ou du Nord-oueft, mais elle eft foible, &
elle ne s’étend pas à plus de tïois à quatre lieues au large.
Cette faifon eft un,véritable hiver, non pas eu égard au
froid, mais eu égard au mauvais temps qu’elle occafionne
tout le long de la côte de Coromandel, & c. aucun Vaiifeau
n’ofe y aborder depuis le *i o Octobre jufqu’au j 5 ou 20
Janvier: comme cette côte n’a point de Port, les Vaiifeaux
vont pafler l’hiver à la côte de l’Eft, comme on l’appelle,
foit à Mergui, foit à Queda ou à Achem. Pour hiverner ils
font encore très-bien à lu baye de Trinquemalé , île de
Ceylan.
Les Vaiifeaux reviennent à la côte de Coromandel .à la
fin de Janvier , & iis peuvent la fréquenter continuellement
jufqu’en Octobre, excepté pendant le mois d’Avril qui eft
à craindre jufqu’au xo Mai environ ; il faut alors être fur
les gardes, c’eit' dans l’intervalle dont je parle qu’arrive le
coup de vent dé la Lune d’Avril ( l’on peut voir ci-apres
ce que j’en dis au mois d’Avril 1768 & à celui de 17 ^9 '
que' j’ai vus à Pondichéry ). Si l’on s’oblline à vouloir relier
à cette côte, il faut aller dans la grande rade à deux à trois
iieues du rivage, & encore faut-ii appareiller de très-bonne
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 483
heure en cas qu’il y ait la moindre apparence de mauvais,
temps. En 1 7 4 9 , il périt, le long de cette côte, près de
deux cents Bâtimens ; les Anglois y perdirent un Vaiifeau
de quatre-vingts canons, qui fut englouti-fpus fes amares; &
depuis cette époque, combien de Marins peu prudens ont été
punis de leur témérité 1 II efl: d’autant plus aifé de s’y laiifer
furprendre que ce coup de vent n’arrive pas toutes les années :
I je fuis refté deux hivers à Pondichéry; fans l’y avoir vu.
La faifon des vents du Nord-eft efl charmante & des .plus
agréables; car il ne faut pas fe figurer que le mauvais temps
règne à la côte pendant près de quatre mois que dure cette
faifon des vents de Nord-eft ; feulement elle eft à craindre
pour les Vaiifeaux, car pendant ces trois à quatie mois de
vents de Nord-eft, il peut le déclarer un ouragan; mais.l’ouragan
pallë, il fait le plus beau temps du monde.
Les. pluies préparent cette belle faifon, & la précèdent
immédiatement; elles durent pour l’ordinaire vingt jours de
fixité, làns preique aucune interruption, la nuit comme le
jour ; mais quoique la pluie foit très-abondante pendant le
jour, il femble que le Ciel fe réferve encore la nuit pour
en verfer une plus grande quantité.
Les pluies commencent donc vers la fin d’O étobre, ou du
1. au 6 Novembre; & jufqu’au 27 ou 29 du même mois,
I le temps efl fombre & obfcur, à un point que lorfque les
pluies laiifent entr’elles quelques petits intervalles,,on diroit
que les nuages vont toucher le deflus des maifons, quoi-
qu elles foient très-baffes, n’ayant point d’étages pour la plupart;
& lorfque la pluie tombe, elle,eft fi abondante qu’on
ne voit point les objets à cent toifes de diftance de foi.
Vers les derniers jours de Novembre, les Étoiles commencent
P p p ij