de Tranguebar ou tje Pondichéry, prêt à retourner à la coté
de l’Inde.
Nous arrivâmes à Malacca le 18 Février : je continuai
mon voyage fur le même Vaifleau.; & le 27 Mars, j’arrivai
à Pondichéry, quatorze mois avant l’obfervation ; mon
voyage ne fut que de trente - deux jours ; belle traverfée,
peu ordinaire,
Avant que de pourfuivre , je dois apprendre en deux
mots à mes beéîeurs, quelle a été la fin du Gouverneur de
Manille. H fut arrêté environ deux ans après mon départ,
par ordre du Ro i; jl fut mis en prifon, lui, fon fils & fon
Secrétaire. J’appris cette nouvelle â l’Ifle-derFrauce, en m’en
revenant en Europe. Depuis, on m’a mandé de Manille qu’il
y étoit mort en prifon, accablé de chagrins, & fans doute
yongé de remords* Je reviens à ma narration.
Le détroit de Malacca eft celui des trois détroits que nous
pratiquons le moins, parce que nos Vaiflèaux qui vont en
C h in e , paflênt prefque tous par les détroits de la Sonde &
de Bança : auflj je détroit de Malacca nous eft moins connu
que les deux autres. J’ai eu l’avantage de les voir tous les
trois ; & c’eft ce qui m’a fourni l’occafion de faire fur celui
de Malacca plufieurs remarques intéreflântes, qui pourront
contribuer à ia fureté & à la promptitude de la Navigation
dans ce détroit. Lés Pilotes de Macao ont une fi grande
pratique du détroit de Malacca, qu’ils y navigent la nuit
comme le jour; iorfqu’ifs mouillent, c’eft que le vent leur
manque. Jls m’ont fourni plufieurs remarques curieulês &
intéreflàntes fur cette Navigation ; on les trouvera à la fin
de ce volume, dans la lettre que j’écrivis de Pondichéry à
Don Eftevan Roxas y Melo à Manille.
A Pondichéry ^
A Pondichéry, je trouvai M. Law, Gouverneur général
pour le Roi de tous les Établiflemens françois dans l’Inde;
il me reçut parfaitement bien, & il Ce prêta avec le plus
grand zèle à faire réuflir ma million.
En moins de deux mois, il me fit bâtir un.Obfervatoire
fur les ruines de l’ancien fort, & fur une très-bonne voûte :
cet Obfervatoire étoit grand & fort commode pour y faire
toute efpèce d’Obfervation aftranomique; j’y allai loger pour
être plus à portée dé mon travail.
Je ne dois pas oublier de faire ici mention du Confeil
fupérieur de Pondichéry ; & en particulier de M. de la
Grenée, premier Confeiller, Commandant en fécond; de
M. Monneron; de M. le Fevre, Procureur général du Roi;
& de M. de Tremollières, Secrétaire du Confeil, dont je
reçus beaucoup de marques de bienveillance.
Je commençai par vérifier la longitude & la latitude de
Pondichéry; j’obièrvai les réfraélions à l’horizon, à 10 , à 14.
& à 45 degrés de hauteur.
Le 23 Décembre 176 8 , j’obfervai avec M. Law, une
éclipfe totale de Lune ; je ne négligeai pas les hauteurs
folfticiales pour déterminer l’obliquité de l’Éciiptique; j’obfervai
aufli l’Étoile polaire, tant dans la partie fupérieure que
dans la partie inférieure du méridien, différentes autres
Étoiles; & enfin les Satellites de Jupiter.
Les nuits à Pondichéry font de la plus grande beauté en
Janvier & en Février : on ne petit avoir d’idée du beau ciel
que ces nuits. offrent, que lorfqu’on les a vues. Je n’avois
nulle part fi bien vu Jupiter avec ma lunette de quinze
pieds, que je le vis alors ; les Étoiles^ n’avoient aucune fcin-
tillation : j’ai très-fouvent Iaifle ma lunette expofée à l’air
Tome /. E