je me fuis convaincu que la fupériorité que les Angiois ont
à Madras fur' les François à Pondichéry dans les toiles
peintes, ne vient point du local, & qu’on pourroit parvenir
à faire à Pondichéry d’auffi beaux ouvrages en ce genre
qu’à Madras. _
J’ai fait peindre devant moi des mouchoirs en vignettes,
d’après des deffms d’Europe, fur i’efpèce de toile appelée
focereton ; en les comparant avec d’autres mouchoirs peints
à Madras, j’ai vu .avec plaifir que ia différence n’étoit pas
fi grande qu’on ne pût bien venir à bout d’égaler ceux-ci,
& que les ouvrages de Madras n’étoient pas des chefs-
d’oeuvres auxquels on n’en pût pas oppofer de pareils à
Pondichéry. Je peux ajouter à ce que je dis, une preuve
tirée des Danois à Tranguebar. O11 m’a fait voir en effèt’à
Pondichéry , eh 1 y 6 9 , des mouchoirs faits chez les Danois
dans le goût de ceux de Mafulipatnam , mais dont le chail
étoit infiniment plus beau , * de l’aveu même'- des connoif-
feurs, que celui de nos mouchoirs; & en corilequence, iis
donnoiènt ia préférence à ceux-là fiir les nôtres : il s’en
faifoit déjà commerce à Pondichéry quand j’en fuis parti.
D ’où cela peut - ii venir ! de ce qu’on s’efl peut- être re-
lâché à Mafùhpatnam ; & certainement de ce q u ’on a
compris à Tranguebar qu’avec i’induftrie on pouvoit égaler
la main-d’oeuvre des gens du Nord.
Ii ne manque plus qu’une chofe à Tranguebar, c’eft h
bonté de la toile ; car la toile du Nord de ia côte efl infiniment
meilleure que celle du Sud: dans l’Inde, on donne,
toujours la préférence à celle-là; c’efl ce qui foutient encore
dans l’Inde nos mouchoirs de Mafidipatnam.
fses Danois, à Tranguebar, pourroient à la vérité tirer
les
les toiles du Nord pour leurs mouchoirs ; mais on m'a affuré
que pour lors lés frais augmenteroient au point qu’il n’y auroit
prefque plus de bénéfice à attendre.
A r t i c l e q u a t r i è m e .
Mefure des environs de Pondichéry.
LA Carte que nous avons des environs de Pondichéry,
m’ayant paru faite avec aflëz peu d’exaélitude, je m’amufài
dans mes momens de loifir, à déterminer géométriquement
les pofitions refpeclives des différens endroits dont j’ai parié
dans le fécond article. M. de Wiiiems, Major des Troupes
de Pondichéry, me fut d’un grand iècours dans toutes ces
opérations.
Je fus long-temps à nie déterminer pour la baie, car il
efl fort difficile d’en trouver d’aflèz longues, & en même
temps d’affèz bien placées; enfin, je la pris fur le chemin
d’Ouigaret, depuis ia redoute jufqu’au clocher de même
nom : vis-à-vis de ce clocher, de l’autre côté du chemin,
efl le jardin d’un ancien Confeiiier, appelé Duplant ; de la
redoute à la porte de ce jardin, le terrein efl droit & uni,
ceft ce terrein que je meiùrai en cette forte. Le i . er Avril
1769 , nous allâmes à quatre heures après midi, M. de
Wiiiems & moi, & plufieurs Cipayes, du nombre defquels
étoit le Major, à ia redoute des limites d’Ouigaret, fur le
grand chemin qui mène auffi à Vilnour; npus nous étions
préparés pour mefùrer la diitance de nette redoute au jardin
de M. Duplant, nous avions porté ayec nous trois perches
de deux toifes chacune exactement : je les avois auparavant
fflifes de longueur avec ma toife; la moitié d’une de ces
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