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quelqu’autre endroit fitué à i’occident des Indes, & dont
la deftination eft pour ia côte de Coromandei, Bengale &
autres lieux plus orientaux, qu’ils peuvent, avec confiance,
pafier par les deux canaux dont je viens de parler; pourvu
qu’ils prennent garde de ne pas aller au-delà des parallèles
de latitude fpécifiés. Malgré cela , piufieurs Navigateurs
préfèrent encore le paftâge appelé pajfage du Nord, a celui
de 9 degrés 3 0 minutes. Ce paffage eft en effet au Nord
de toutes les Laquedives, par 14 ou 14 degrés 30 minutes.
C e qui les fait penfer ainfi, ce font les mauvais temps
caufés par les orages & les pluies qui régnent entre toutes
ces Iftes & fur 1a côte de Malabar, pendant les mois de
Juin, Juillet & Août, que les Vaiffeaux pour les Indes,
y abordent. Pour ne pas pouvoir obferver la latitude, on eft
incertain, difent-ils , de la.véritable fituation où l’on eft par
rapport à ces lfles ; & les courans qu’on rencontre à leur
approche, font qu’on s’y trompe plus aifément que par-tout
ailleurs. M. Daprès répond à cette objection par des faits;
il a examiné avec la plus grande attention les journaux de
dix-fept Vaiffeaux qui ont paffé par ce canal : cet habile
Marin a reconnu que les Obfervations des latitudes nétoient
pas auifi rares, dans ces parages, que ces Navigateurs fe le
font perfuadés ; & en fe fervant du nouveau quartier Angiois,
de réflexion, les obfervations, dit M. Daprès, feront encore
plus fréquentes; & puis, comme il le dit très-bien encore,
outre les hauteurs méridiennes du Soleil, l’Aftronomie fournit
piufieurs méthodes également certaines, pour connoître en tner
ia latitude. J’ajoute à ces raifons, qu’une efcadre rifque autant
& plus qu’un Vaiflêau tout feul : or on a vu dans la derniere
guerre, une efcadre très - refpeélable paffer par le canal des
pdegrés 3 o minutes (celle de M. le Comte d’Aché, formée de
onze Vaiffeaux de ligne, dont piufieurs étoient de foixante-
quatorze canons).
II eft certain que la crainte de tomber fur les Maldives
ne doit pas inquiéter, après un pareil exemple : M. Daprès
nous alîùre encore, d’après l’examen qu’il a fait d’un très-
grand nombre de journaux de Vaiffeaux, que lavîteffe des
courans , qu’on rencontre à l’approche de ces Iftes, n’excède
pas*20 minutes en vingt-quatre heures; & que la moyenne,
celle qui fe rencontre dordinaire, eft de 12 minutes, dont
la latitude peut être altérée : o r , ces courans portent vers
le Sud, & même dans les canaux formés par ces Mes ; par
conféquent, fi l’obfcurité du temps ou quelqu’autre inconvénient
empêchoit, dit M. Daprès, d’obferver la latitude,
on pouira, par approximation, compter fur cette dernière
différence, & en conféquence diriger la route jufqu’à la vue
ou a la fonde de la cote de Malabar, dont on prendra
connoiflance, s il eft poffible, avant de gagner l’île de Ceylan :
piufieurs Navigateurs ont négligé cette précaution ; mais
M. Daprès ne trouve pas leur manoeuvre allez prudente pour
être fuivie, parce qu’après une longue navigation, on peut,
par une erreur confidérable, être effèélivement entre les lfles
ou au-delà, dans le temps qu’on penlê les avoir paffées : en
prenant pour lors du Sud, on courroit grand rifque d’aborder
les Maldives ou quelqu’autre Me du canal.
Je fais qu’à une certaine diftance de la côte de Malabar,
la mer change de couleur, ce qui manifefte la proximité
du fond; mais dans le parage dont je parle, le changement
de couleur n’eft pas un indice certain de la proximité du
fond ; il faut abfoiument prendre la peine de s’en aflùrer par
M m m m ij