'Evhtmtni ■ C ’eft ce qu’a déjà' obfervé le judicieux M. Holwel.
hiJlort chap. III, - _ , r r,
page 180. Cet auteur donne a les compatriotes des avis tres-lenles
fur les guerres qu’ils entretenoient alors dans l’Inde : il dit
(page 18 ^ .), une compagnie tout-à-la-fois commerçante &
militaire , efl un mohflre à deux têtes, dont ïexiflenc'e ne fauroit
■être de longue durée, ¿8c. J’ajouterai à ce paifage une note
que je trouve dans mon Journal, & que je fis dans un
temps où je n’avois pas encore lu M. Holwel : elle eft de
même date que celle que l’on vient déjà de voir.
D u p Août 1 7 6 p . .
« Les nouvelles certaines de Madras, difent que les Anglois
•„ évacuent toutes les places de l’Inde où ils avoient des garnifons,
,, pour garantie des fommes que leur doit le Nabab, & qu’on
» 11e fait pas monter à moins de douze lacs de pagodes d’or,
» (plus de cent millions de notre monnoie ); ils ne confervent
» que Trichenapali & Velour, deux fortes places. Le Nabab
» reprend toutes les terres, & il les régit lui-même. Les Anglois
>, licencient aufli leurs Cipayes; ils en ont déjà congédié quatre
„ mille : ce font autant de troupes pour EderrAIi-kan ; on pré-
» tend ( mais ceci n’eft que conjecture ) qu’un article fecret du
», traité, porté que les Anglois ont dix-huit mois pour rendre
„ au Nabab toutes fes terres ; & qu’ils ne fe mêleront en rien
„ dans les guéries de l’Inde. Les Politiques de Pondichéry,
„ ajoutent que Trichenapali & Velour feront auffi évacués;
„ mais les derniers. Aéluellement le Nabab fait tout par lui-
» même ; les Indiens difent que les fujets de ce Prince, ou le
» peuple qui lui eft fournis », n’eft pas fâché de ne plus être
»> gouverné par les Anglois ; parce qu’il fera traité, ajoute-t-il,
» jnoins tyranniquement.
• ■- »Voila
Voilà donc cette belle politique de M. Dupieix, réduite au
néant. Les Anglois à Madras écrivoient, dit-on, en Europe
qu’avec leurs grandes poffeifions dans l’Inde, & fur-tout avec
l’argent qu’ils tiroient du Bengale, ils chargeroient tous les
vaiifeaux qu’on leur adreiferoit; & qu’il étoit inutile de leur
envoyer d’argent. Si je ne me trompe, c’étoit auifi le fyilème
de M. Dupieix. J’ignore le nombre des vaiifeaux que les
Anglois ont chargés à Madras fans aucun fêcours d’Europe ;
mais iis ont aujourd’hui des vaiifeaux dans l’Inde dont ils font
fort embarraifes, parce qu’ils n’ont point d’argent. Le fyilème
de M. Dupieix eft donc faux, les Européens ne doivent
jamais fe flatter de garder long-temps l’Inde ; ce pays fi fujet
à révolutions, abforbera toujours les revenus qu’ils en tireront.
Qu.y gagneront-ils ? Ils auront dévailé le plus beau pays du.
monde & ruiné lèur commerce. »
Un Officier d Artillerie, & plufieurs perfonnes très-au fait
des affaires de lln d e , m’aifurèrent à Pondichéry, que la
guerre de llnde coûtoit aux Anglois bien près d’un million
& demi par mois, de notre monnoie, ou dix-huit millions
par an. Quelles étoient leurs forces pour ce prix? Trois mille
hommes au plus de troupes d’Europe, quinze mille Cipayes,
un petit corps de Cavalerie blanche de trois cents hommes
au plus, & un train d’Artiüerie dont j’ignore la force.
Or ,• je ne fais pas s’il eft de fa politique des Puiflânces
européennes, de détacher chaque année de leur tréfor dix-huit
million!!, pour aller les enfouir à trois nulle lieues, en
protégeant un prince Mogol qui nous méprife, qui ne rem-
bourfera jamais les frais de la guerre, & q u i, fqrfqu’il fe
verra le plus fort, cherchera les moyens de payer fes. bienfaiteurs
, en les aflaffinant pu en les empoifonnant ; car jamais
Tome I. g