un endroit charmant ; 8c cette fête ie rendoit encore pluj
agréable. Le dernier jour de ia fête on en revient en pro-
ceffion ; on part après les Vêpres, 8c ia proceffion rentre à
Pondichéry vers les fept heures du foir : en 1 7 6 9 , j’affiftai à
ia rentrée de cette proceffion.
Deux longues files de flambeaux, à la façon du pays,
compofëe chacune de plus de cent perfoiines, précédoient la
proceffion. Ces flambeaux étoient comme ceux que j’avois
déjà vus à la proceffion de Viinour, c’eft-à-dire, des elpèces
de pots de fer à fenêtres comme des lanternes, mais plus
plats, 8c mis au bout a un bâton ou bambou de trois à quatre
pieds de hauteur. Ces réchauds étoient pleins de bouze de
vache léchée au foleii, fer laquelle on verfe de temps en
temps de mauvaife huile à brûler pour entretenir le feu : ces
flambeaux répandent une fumée 8c une odeur très-délàgréables,
qui infeélent les gens de la proceffion.
Entre ces deux files de flambeaux étoit la mufique ; tnuiïque
la plus fingulière qu’on puiffe fe figurer, compoféé d’une
quantité étonnante d’inftrumens du pays; c’e ft -à -d ire
de tam-tam, de cornets ou bucciils 8c de trompettes; on
voyoit deux rangées de Muficiens de cette ëlpèce de quarante
à cinquante environ chacune, 8c qui faiibient un fi grand
tintamare qu’il eût été impoffible à deux perfonnës à coté
l’une de l’autre de s’entendre parler : marchoient enfuite deux
bannières; la première repréfentoit Saint Ignace, celle qui
feivoit étoit l’image de la Sainte-Vierge : à ia fuite de Ces
deux bannières, toujours entre les deux files de flartbeaùx,
marchoient deux autres longues files de pavillons de différentes
couleurs; c ’étoient de longs bambous, 8c on avoit attaché,
à l’extrémité de chacun, une elpèce de pavillon à gueule.
A la fuite de tout ce cortège venoient deux efpèces de
chapelles ou d’oratoires à colonnes dorées, 8c ornées de guirlandes
de fleurs; ces chapelles renfermoient, l’une Saint
Ignace, l’autre la Sainte-Vierge ; elles étoient portées fui- les
épaules d’une quantité étonnante de Malabares, 8c beaucoup
plus qu’il n’en fafloit pour porter ces chapelles ; mais chacun
vouloit fans doute avoir part à l’honneur de toucher au moins
les bras qui fepportoient les oratoires : il y avoit à cette
proceffion beaucoup de confufion. Après tout ceci venoit la
Croix, les MiiTionnaires la fuivoient; l’Officiant étoit en
chappe 8c il fermoit la marche ; ils chantaient les Litanies de
la Sainte-Vierge : mais on eût dit que c’eût été une autre
proceffion, d’un Culte différent, car il n’y avoit perlonne à
celle-ci; la Croix étoit prefque feule, n’étant accompagnée
que des Millionnaires 8c de quelques Affiftans.
Toute là foule des Malabares, comme on les nomme, était
à la première proceffion. Si cette expreffion, que je n’emploie
que pour me faire entendre , peut m’être permife; il fembloit
que ces peuples ne faifoient pas une grande attention au
Signe augufle de notre rédemption , quoique les MiiTionnaires
ne celfent de le leur mettre continuellement devant les
yeux. *
Une dernière ' elpèce de cérémonie pratiquée par les
Indiens, 8c qui tient à leur préjugé de religion, eft i’ufage
dans lequel ils font d’aller dans les étangs, dans les rivières
8c dans la mer, pendant les éclipfes de Soleil 8c de Lune;
là , dans l’eau jufqu’à la ceinture, ils pouffent des cris, font
des hurlemens 8c des prières, pour tâcher de délivrer celui
de ces deux Aftres, du Soleil ou de la Lune, qui eft en
peine.
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