à l ’E ft ; dè's-iors je fenpçonnai que l ’éleètricitc pouvoit bien être fa
Caulê de ce phénomène.
U n nombre très-grand d’obfervarions, dont la plus grande partie
font incompatibles avec le fyftème des corps marins, me conduifit
à cette çonclufion , favoir, q u e f e ne voyois le phénomène de la
lumière dè la mer que dans certains ca s , c ’eft-à-dire, lorfque le temps
ëtoit co u v e r t, & lorfque la mer étoit groife & dure ; il eft vrai que je
l ’ai vu auffi lorfqu’elle étoit calme, mais il y avoit ici une reftriétion:
il falloit que le temps fû t diipofé à l ’orage ; s’il en venoit u n ,
la mer dèvenoit très - lumineufe, elle ceifoit de l ’être dès- que
l’ orage étoit paffé ; dans un temps ordinaire, c e ft -à -d ir e , pendant
un vent réglé, quelque fort qu’il fût & quelque groife que fût la
mer , jamais je ne voyois lë phénomène de la lumière ; j ’ai fait plus
de fix cents lieues avec des vents forcés d’O u e f t , la mer très-creulè,
fans avoir vu la moindre étincelle : pendant la force des vents de
Sud-eft dans vos m er s, elles ne foht point lumineufes ; elles ne
le paroiffent que dans l’hivernage, qui’«il la faifon des révolutions
dans les vents , des gros temps & dés ouragans. Je vous avoué que
je n ’aimois point à v o ir , dans cette faifon , la mer lumineufe lorfque
j ’étois en m ë r ’, parce que je regardois ce phénomène comme un
mauvais figne , & j ’étois prefque toujours alfuré de pouvoir prédire
un changement de temps ; en effet, fi on avoit alors un vent frais de
S u d -e ft, la- brife manquoit raremènt dè tomber & le Calme furvenoit ;
alors la mer s’élevoit comme des montagnes, elle devenoit dure
& fatigante : dans ce dernier ca s , elle étoit infiniment plus lumineufe.
V o ilà ce que j ’ai très-fouvent obfervé dans mes voyages de 1 île
de: France à Madâgafcar; & comme je ne faifois mes retours a -I île
de France qu’aux approches de là faifon des ouragans , je ne voyois
jamais Ges préfages fans un peu d'inquiétude.
C e phénomène doit être plus commun dans les mers de l’Inde
que dans celles qui font au-delà du cap de Bonne-efpérance, parce
q u ’il eft rare qu’on y ait plufieurs lames; là , les lames fe luccèdent
les unes aux autres dans la même dirçèlion, & parallèlement pour
ainfi d ir e , en forte que fi la houlle eft du Sud - o u e ft, les lames
viennent
viennent fucceffivement du S u d -o u e ft, on n ’en reffent prefque
jamais qu’une feule à la fo is , fi longue qu’on n’en aperçoit pas les
extrémités ; dans le canal de M ozamb iq u e , & dans toutes les mers
de l ’Inde , cet élément, fur-tout dans certaines faifons, eft battu
par deux à trois lames courtes , & qui viennent fe choquer dans des
directions contraires , fe culbutent & le renverfent réciproquement ;
c ’eft ce qui doit augmenter i’éleétricité. Dans les détroits de la
Sonde, de Banca & de M a la c c a , je n’ai point vu la mer lumineufe ;
c ’eft qu’elle n ’eft point affez agitée pour être éleétrifée.
V o ilà , Monfieur , mon avis fur la lumière que la mer produit r-
le feu S a in t-E lm e ne (era autre chofe q u ’une étincelle éleétrique
tirée par les nuages ; mais je Vous envoie un court extrait des
obfervations qui m’ont conduit à cette conféquence.
A n n é e 1 7 6 0 .
Traversée depuis France jufqu’à l 'Ifle-de-Fratice,
L e 17 M a i, à deux heures & demie du matin, le feu Saint-
Elme a paru ( pendant un grain ) , fur là boule qui termine le
haut du grand mât de perroquet : groiîe houlle du S u d -o u e il, ians
prefque aucun vent.
Longitude occidentale, . ................. z y * o '
Latitude méridionale................ 24. 18.
L e 7 Ju in , la mer a été très - lumineufe : elle formoit de larges
étincelles autour du Vaiiïèau, fu r -tou t autour du gouvernail & à
la place du jîllage : groife mer prefque calme, temps couvert
Longitude orientale... 8d o r
Latitude auftrale. . , . ........... ............. .. • • 3 7 . o.
L e 1 1 , depuis trois heures .du matin, fur-tout jufqu’à quatre,
la mer a paru très-Iumineufe, & .pour ainii dire tout en feù : les
lames, du plus loin qu’on pouvoit les voir, paroiflbient en f e u ;
& comme la mer étoit très-agitée, ces latnes offroient un fpeélacle
fort agréable à voir : la trace du V aifleau , ainii que toute la mer
7ome I. S f-f f
A