qu’il n’y a point eu de volcan dans cette île; qu’elle n’â
point été culbutée ; qu’il n’y a de traces ni de i’un ni de
l’autre effet; qu’ au contraire, on y retrouve par-tout, fouvent
à peu de pieds de profondeur au-deffous du.fol, les bancs de
pierre, foit horizontaux, foit inclinés, félon que le terrein
eil en pente ou horizontal, & que les pierres de la furfàce
ne (ont qu’une èfpèce de quartz qui le forme dans la terre.
Je ne m’étendrai point ici fur l’île de Bourbon, où j’ai fait
différens voyages & différentes obiervations. M. de Lozier
Bouvet étoit alors Gouverneur de cette île : il me reçut
parfaitement bien ; & je ne peux allez publier les bontés
qu’il a eues pour moi. J’ai vu très-fréquemment à l’île de
Bourbon M. de la Nux, Correfpondant de l’Académie Royale
'des Sciences, chez lequel j’ai logé pendant quelque temps.
II voulut bien partager avec moi la peine de mes différentes
obfervations : j’eus avec lui bien des entretiens fur tout ce
qui pouvoit avoir rapport à l’hiftoire naturelle des deux îles;
à celle des vents, des mouflons, &c. Il me communiqua un
Mémoire fort intéréflànt fur les trombes, dont je parlerai
dans le cours de ce Voyage.
Ces différentes occupations m’avoient conduit jufqu’à
l’année 1 7 6 5 . Il étoit temps de penièr au fécond paiîàge de
V énus.
Ap rès avoir calculé ce paiîàge pour l’Inde, pour Manille,"
les îles Mariannes, le Mexique, l’Europe enfin ; je vis évidemment
que les îles Mariannes & M’aniile étoient les feuls
endroits à l’orient de Paris; le plus avantageufement placés;
non pas qu’on pût obièrver à Manille ni aux îles Mariannes
une plus grande- différence en parallaxe qu’à la côte de Coromandel,
mais parce que l’élévation du Soleil fur l’horizon,
au moment
au moment de la fortie de Vénus, devoit être fort grande,
& donnoit par ce moyen plus d’efpérance de réuffir, qu’on
ne pouvoit eipérer de faire à la côte de Coromandel, où
le Soleil devoit être fort bas au moment de la fortie de
Vénus : je fàvois que la côte de Malabar eil alors plonoée
dans l’hiver le plus hideux; je crus qu’il étoit, par cette
raifon, inutile d’y penfer. Je ne balançai donc pas à prendre
mon parti, & à chercher les moyens de paflèr à Manille.
L ’exécution de ce deflèin n’étoit pas difficile en prenant la
voie de Chine; car les Vaiflèaux de la Compagnie des Indes,
qui paffoient par l’Ifle - de -France pour aller en Chine,
m’auroient porté jufque-Ià; & de Canton pour Manille,
on trouve tous les ans des occafions. Tout" cela faifoit cependant
encore un peu d’embarras, dont je fus tiré par
l’événement le plus heureux ; ce fut le Vaifîèati de guerre
le Bon Confeil, de Sa Majeflé Catholique, de foixante-quatre
canons, qui étoit forti de Cadiz pour Manille, & que différentes
circonflances forcèrent de venir relâcher à l’Ifle de
France.
Je fis bientôt connoiffance avec le Capitaine Don Juan
de Cafèins, par le moyen de Don Juan de Langara, un
des premiers Officiers du Vaiffeau; j’avois vu M. de Langara
à Paris : Doit Juan de Cafèins m’invita plufieurs fois d’aller
manger à fon bord. Quand il fut mon projet, il m’offrit
fort obligeamment paiîàge fur fon Vaiflêau; cette occafion
me parut fi belle, que je ne balançai pas à l’accepter : cependant
je me vis à la veille de ne pas partir; car après les offres
lès plus obligeantes de la part de M. de Cafèins & de M. de
Langara, ils m’opposèrent enfuite mille & mille obflacles ;
ils exigèrent plufieurs formalités qui me parurent fort inutiles-,
Tome I. C