Ii faut d’abord examiner quelle a été l’intention de Bérofe
on verra facilement que i’enthoufiafme & le merveilleux
font «les deux fources dans leiquelles il a puifé fon
Hiftoire des Çhaldéens ; on verra qu’il a été imité en cela
par Manéthon, Egyptien, prêtre d’Héliopolis, autre auteur
célèbre de l’antiquité, contemporain de Béroiè, quoiqu’il loi
ait lurvécu.
Les Çhaldéens & les Égyptiens le dilputant l’honneur de
l’invention de l’Aitronomie; ces deux auteurs auffi amis du
merveilleux l’un que l’autre, auifi prévenus l’un que l’autre |
en faveur de leur Nation ; ces deux auteurs, dis-je, par pure
vanité & offentation, auront, «chacun à i’envi l’un de l’autre j
fuppofé à fa Nation une antiquité hors de toute vraifem-
biance. C ’eft le lèntiment de Syncelle ( e) .
Il m’a paru par une fuite de cette première réflexion, que
Bérofe a parlé le langage que parlent encore les Brames de
nos jours, c’eil-à-dire, un langage énigmatique & fymbo-
lique,imaginépourn’être entendu de perlônne, ou Amplement
de ceux qui étaient initiés dans les myftères de la religion.
Les Prêtres de Bélus avoient vraifemblablement grand foin,
pour leur intérêt particulier, de dérober le fens allégorique <
cache iôus ces nombres, eipèce de fupercherie en ulage chez
les Brames de nos jours; peut-être aulîx que dès “le temps
de Bérofe on n’avoit plus au Collège -des Çhaldéens la clef
de ces nombres. Ces différentes réflexions m’ont occupé
(e) ‘. ..... Nec enim me fugit,
Berofwn ac ejus fequaces, Alexandrum
dico cognomento Polyhiflorem Aby-
denum, ceu Chaldoerum gentem lauda•
turos, accæteris Nationibus antiquiorm
demonfiraturos , hoec fcriptis confignart
voluiffe (Synceiie,p. 14-). Voyezaufli
la note (b) de la page 324.,
pendant long-temps, & m’ont conduit à chercher l’explication
de cette efpèce d’énigme; perfuadé que fi je venois à
bout dé j à trouver, ce feroit un nouveau fait qui dépoferoit
en faveur de la conformité de l ’Aflronomie des Brames dé
nos jours, avec celle des anciens Çhaldéens.
Mes recherches n’ont point été inutiles, elles m’ont enfin
conduit à la découverte de deux périodes anomaliflfques de
la Lune, dont l’une eit renfermée dans les 43 2 mille ans de
Bérofe & des Brames, & l’autre ell contenue dans les 4 millions
320 mille ans pendant lefquels doit durer le monde, ielon
ces Philofophes. On verra à la fin de ce Mémoire une partie
des calculs que j’ai faits pour parvenir à cette conclufion. II
fuffira de dire ici que la période de 248 jours des Brames
|m’a fervi de guide dans cette recherche, & que>c’eft avec le
fecours de cette période que j’ai trouvé les réfuitats que je
préfente au Public, réfultats qui font, ou je me trompe bien,
la clef véritable qu’on a tant cherchée depuis 2000 ans, des
432 mille ans de Bérofe, & avec le lècours de laquelle je
fuis parvenu à découvrir les rapports ou la raifon des différences
qui fe trouvent entre lés trois célèbres calculs qui
partagent les Savans, lùr l’intervalle écoulé entre la création
d’Adam & l’époque du Déluge : je veux parier du calcul
Samaritain, du calcul Hébreu & de celui des Septantes.
Je ferai d’abord obferver comme un fait préliminaire &
effentiel, que j’ai fait voir dans le chapitre précédent, que les
432 mille ans, félon lefquels doit durer le quatrième âge
du monde félon les Brames de nos jours, étaient comme
les trois premiers âges, une eipèce de période aftronomique
qui renferme un certain nombre fixe de révolutions de
l 'équinoxe, fuppofées de 2 4 mille ans chacune & de 54