plus petite portion, c’eft-à-dire, la partie la plus méridionale,
& finit un peu au nord de Mahé. Les Portugais étant paiTés
de la côte de Malabar à la côte de Coromandel, par le cap
de Comorin & par Ceylan; comme le trajet eft fort court,
ils donnèrent le nom de Malabars aux gens qu’ils trouvèrent ,
parce qu’ils venoient de quitter des Malabars il n’y avoit
que peu de temps ; la côte où iis abordèrent le nomme
Coromandel, depuis ce moment le nom de Coromandel eft
refté à toute la côte, jufqu’à celie du royaume de Golconde,
pendant que le Coromandel eft la partie la plus méridionale
de la côte orientale de la prefqu’île ; Coromandel comprend
les côtes des royaumes de Maduré & du Tanjaour , & finit
au Porto-nove 1 onze lieues £ au fud de Pondichéry.
Cette ville n’eft donc point, rigoureufement parlant, de
la côte de Coromandel. A Porto-nove la côte prend le nom
'de Carnatè & finit au royaume de Golccfhde.
Nous tombons encore, à mon avis, dans une faute groffière,
en parlant des Mogols : ces Peuples font les maîtres de prefque
toute la prefqu’île en-deçà le Gange & font Mahométans ; les
Portugais les ont appelés Maures à caufe de leur religion, & le
nom leur en eft fi bien refté, que dans l’Inde nous appelons
l'Maures tous les habitans qui ne font pas Gentils ; cette faute
groffière fe trouve répandue dans quantité de livres, même dans
des relations modernes^ dans des livres de Géographie.
Les Mogols font Malrtrmétans , mais ils ne font point
Maures: ils font Tartares; & Mogol veut dire Blanc.
Les Arabes venoient anciennement faire le commerce à
la côte de Coromandel : ils fe font alliés avec des femmes du
pays, & ont fait une cafte féparée ; ils font tous Tailleurs &
Mahométans : cçux-ci peuvent avec plus de raifon s’appeler
Maures. On les confond encore improprement avec les
Mogols; cependant ils ne communiquent point avec les
Mogols, ils n’ont rien de commun avec eu x , fi ce n’eft la
[•religion ; leurs ufages & coutumes font féparés pour le refte.
¡Cela eft fi vrai que lorfqu’il arrive quelque démêlé entre
les caftes de la côte de Coromandel pour quelques privilèges,
& que les parties en viennent aux mains, comme je l’ai vu
arriver en 1758 à Pondichéry, dans une fête de mariage
dont je parlerai ci-après, ces Arabes ou Maures fe mettent
du côté des Tamoults, pendant que les Mogols reftent tranquilles
ipeélateurs des débats : le Gouvernement même les
laiflë faire ; ce qui prouve bien que les Arabes font une
cafte à part, qui fe regarde comme véritablement du même
làng que les anciens habitans de la prefqu’île.
Le mot Coromandel paiTe chez les Tamoults pour un mot
corrompu ; ils m’ont dit que leur tradition portoit qu’il y
avoit anciennement un Roi au Maduré qui fe nommoit Soja,
1111 au Tanjaour qui fe nommoit Sera, & un autre dans la
contrée où eft Pondichéry, celui-ci fe nommoit Pundi ;
leurs royaumes avoient le nom de Mattdalam, qui, dans la
langue du pays fignifie cercle; ainfi l’on SaùitSoja mandalant,
Sera mandalam & Pundi mandalant, comme qui diroit cercle
Ide Soja, cercle de Sera, cercle de Pundi: les Tamoults écrivent
Soja, & prononcent comme s’il y avoit Choja; les Portugais
ne prononcent point Choja, mais Koha ; c’eft-à-dire que chez
eux & chez les Efpagnols, Cho fe prononce comme s’il y avoit
'Ko, & ils afpirent \’j comme fi c’étoit une h , en fe fervant
-un peu du gofier : l’on voit donc que de Koha on aura fait
par corruption Kora ou Coro, & de Mandalam le paffage à
Mande! n’eft pas bien difficile à fe faire.