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relation, il eft démontré, parleur obiervation du 2 Novembre,
que tout le globe de cet aftre n’a pu paroître fur l’horizon le
8 Février. Comment donc avoient-ils pu le voir tout entier
fur l’horizon dès le 2 7 Janvier! On peut former la même
bbjeétion en deux mots.
Les Hoilandois, le 2 Novembre, ont vu lever le Soleil
au Sud-fud-eft, & fe coucher au Sud-fud-oueft, mais tout
fon globe ne parut pas fer i’hofizon : on le vit dans I horizon
même, & une partie refta cachée. O r , le '8 Février fuivant,
ils le virent également lever au Sud-lud-eft, & coucher au
Sud-fud-oueft. Donc ce jour-là le Soleil n’a pas pu paroître
tout entier iür l’horizon, & il dut y en avoir une partie
de cachée, comme le 2 Novembre; donc ils ne purent le
voir le 2 7 Janvier tout entier iùr l'horizon.
Cette objeélion me paroît lans répliqué, ou bien les
Hollandais /croient obligés ,de convenir qu une des deux
obfervations du 2 Novembre ou. du 8 Février, eft fauilè;
& alors le merveilleux ceffe. Bareints, tout Pilote expérimenté
qu’il étoit, félon la relation , n’a pas prévu cette
objection.
/Voici une autre induélion ou preuve quelles Hoilandois
le font trompés ; preuve à la vérité d’un genre bien différent
de la précédente, qui m’a paru cependant mériter quelque
attention ; elle eft tirée de la dilparitipn & de la réapparition
des Ours blancs, dont les Hoilandois eurent tant à frultt'
Ils difent, dans leur relation en date du 4 Novembre, jour
auquel le Soleil avoit réellement di/paru tout-à-fait, que ks
Qurs s'étoient retirés aujji-bien que le Soleil, & quoti -ne ht
revit qu’au retour de cet afire. En effet , la dernière vifa
qu’ils reçurent des ours, fut le 2 6 Octobre, cinq jours;,avant
que le Soleil commençât à fe cacher feus l’horizon. II eft
certain que fi le Soleil avoit réellement reparu tout entier
fur l’horizon dès le 27 Janvier, ces animaux, qui avoienï
vraifemblablement jeûné pendant la longue nuit qu’ils
venoient d’éprouver, c’eft-à-dire, pendant près de deux mois,
& qui devoient naturellement, par cette rai/on, être très-
impatiens de rendre vifite aux Hoilandois ; ces ours, dis-je,
n’auraient pas attendu feize ou dix-fept jours de plus encore
à reparoître. '
Le 31 Janvier fur-tout, fu t, félon la relation, un beau
jour où l'on pouvoit jouir de la clarté du Soleil avec plaifir.
Les ours n’auroient certainement pas manqué de faire leur
première viiite ce jour-là; cependant, ils ne reparurent en
effet, felon le Journal des Hoilandois, que le r 3 Février,
& il eft à.remarquer que ce fut cinq jours préciiement après
que le Soleil eut paru fe lever avec une amplitude pareille à
celle qu’il avoit eue en fe levant le 2 Novembre. Or le 2
Novembre, il y avoit cinq jours que les ours s’étoient
retirés..Il y a donc bien apparence, puifque ces animaux ne
reparurent que le 13 Février, qu’il n’y avoit alors que très-
peu de jours que le Soleil avoit aufli reparu.
Cette preuve ne paroîtra iâns doute pas a/fez concluante ;
je ne la crois cependant pas dénuée de tout fondement:
au furplus, on peut s’en tenir à cette conclufion; que le
Soleil s’étant levé le 2 Novembre & le 8 Février au même
point de l’horizon, ils s’enfeit que ces deux jours fe répondent
& donnent, pour ainfi dire, une hauteur correipôndante du
Soleil, prife au même point & à égale diftance du folftice,
& que fi le Soleil parut aux Hoilandois à moitié qu enyirpn,
Tome I. H h h