pouces I ligne f , qui répondent à 19 49 toiles: cês coquilles
font de la claffe des peignes ou grandes pelierines. Don Antonio
de Ulioa me dit qu’il les avoit détachées d’un banc fort épais
dont il ignorait l’étendue : il me donna deux de ces coquilles
que je remis de là part à l’Académie.
Je reliai près d’un mois à Cadiz pour me repofer & pour
iaiiîèr palier les grandes chaleurs, avant que de me mettre
en route pour Paris, car je ne voulois plus me rembarquer ;
j’avois d’ailleurs reçu, trop de faveurs de M. de Arrjaga ,
Miniitre de la Marine d’Efpagne, pour ne pas faifir l’occafion
de lui faire mes remercîmens. Je devois même faire le voyage
à Madrid avec M» de Cordoua : quelques circonftances ne lia
ayant pas permis de s’abfenter encore de fon département,
je me préparai à partir.
On a vu que mon embarquement à l’HIe-de-France avort
été on ne peut pas plus précipité; cet embarquement fi précipité,
les embarras qu’il me donna & le chagrin qu’il me caulà,
furent caule que je négligeai le relie; le peu d’argent que j’avois
étoit en papier; je ne me donnai donc aucun mouvement
pour me procurer des piallres : elles étoient d’ailleurs fort
chères. J’arrivai donc en Eipagne fins argent. Don Cordoua
pouffa la généralité jufqua m’offrir fabourfe; il me pria d’en
nier comme de la mienne, & de prendre tout l’argent dont
j’aurois befdin tant pour le lejour que je me propofois de
faire à Cadiz que pour me rendre à Paris ; j’aurois profité
de fa bonne volonté fiM. de Puy-Abry, Conlùl de France,
ne m’eût donné tout l’argent dont je lui. dis que j’âvois
befoin pour me rendre à Paris.
A mon retour, M. le Duc de la Mriilière m’obtint du
Roi le rembourfement de tous les frais que m’avoit occafionnés
mon paillage forcé par l’Elpagne.
Je fis embarquer, fur un Navire qui alloit au Havre-de-
grace , mes caiffes d’inltrumens d’Altronomie & mes livres,
à l’adreffe de M. le Duc de la Vrillière; pour moi, je pris la
route de terre avec tous mes papiers, cartes & journaux :
mes caiffes d’Hiftoire Naturelle étoient reliées à i’Ifle-de-
France.
Je quittai Cadiz le 3 1 Août ; je fis la route avec M. Buffon *
Pilote des Yaiffeaux de la Compagnie des Indes; il avoit
conduit à Manille la Frégate ÏAftrée, & l’ayant ramenée à
Cadiz, il' repaffoit en France.
Nous arrivâmes à Madrid le 13 Septembre, la Cour
étoit à l’Efcurial, nous y allâmes, & nous fumes voir M. le
Marquis d’Offun , Ambaffadeur de France ; Son Excellence
jne préfenta à M. le Bailli d’Arriaga, qui me reçut parfaitement
bien; M. l’Ambaffadeur fe donna de plus la peine d’aller chez
le Miniitre des finances , pour obtenir une permiffion que
je demandois, d’emporter avec moi, franches de droits,
a 00 piallres ( 1050 livres), pour les frais de mon voyage
jufqua Paris. Nous reliâmes deux jours à l’Efcurial, &
n’eumes d’autre table, pendant ce temps, que celle de M.
¡’Ambaffadeur, qui nous invita, dès en arrivant, d’en ufer
comme delà nôtre. Nous revînmes le troilieme jour a Madrid,
& nous en partîmes le 2 5 Septembre ; nous arrivâmes
à Pampelune le 2 Oélobre, nous y féjournames jufqu’au 6
que nous nous remimes en route : le 8 , au lever du Soleil,
nous paffames la crête des Pyrénées ; & je mis enfin les pieds
en France à neuf heures du matin, après onze ans fix mois
& treize jours environ d’ahfenee.
Depuis Cadiz jufqu’à Bayonne, j’ai continué mon journal
avec la même affidujté que je l’avois fait pendant mes autres