à neuf heures du matin ; mais i’heure à laquelle arrive fa
brife du large, n’eft pas fi réglée; c’eft ordinairement depuis
midi jufqu’au coucher du Soleil à-peu-près ; après ce moment
fi elle n’eft pas venue, il eft inutile d’attendre; quelquefois
mais bien rarement, elle commence à; deux heures, elle
finit alfez régulièrement vers le coucher du Soleil ; enfuite
les vents paffent au Sud, foufflant à peine julqu’au lendemain
matin que le Soleil venant à reparoître fur l’horizon, il
prépare la brife de terre ; cette brife ou ces vents de terre ne
foufflent que par raffaies ou bouffées, entre-mêlées de calmes
ou de très-petit temps, qui dure piufieurs minutes de fuite.
La violence de ces vents dure ordinairement depuis i i
heures du matin jufqu’à une heure après midi, ils foufflent
quelquefois avec tant de force qu’on diroit que ce feroit un
coup de vent ; la quantité de fable & de pouffière qui
s’élèvent en même temps & que le vent emporte .à la mer,
eft telle qu’on eroiroit qu’il j tombe une pluie des pins
abondantes. Pendant ces fortes bourafques, les Vaiffeaux
ehaffent for leurs ancres ; & j’en ai vu d’emportés dans le
Nord & ie Nord-eft de près d’une encablure : mais il n’y a
jamais rien à craindre, parce que cette brife chaffe toujours
au large.
Pendant la force de ces vents, on n’ofe mettre le nez à
l’a ir, il fembie qu’on foit à la bouche d’un four enflammé
qui- vous envoie des bouffées de flammes : joignez à cela
que le fable que le vent chaflè contre le vilàge, aveugle &
brûle en même temps; on eft obligé fre fe tenir enfermé
chez foi 8c bien clos. Malgré toutes les précautions que l’on
peut prendre, ce vent eft fi chaud, fi fec & fi pénétrant;
que la chemife que l’on prend dans une armoire bien fermée«
au milieu d’un grand tas d’autres , fait fur vous le même
effet que fi on l’avoit chauffée au feu , les habits quelque
légers qu’ils foient, font la même chofe. On ne fue jamais
pendant ces vents;, la peau du corps eft sèche comme un
parchemin, il faut croire qu’ils sèchent & diffipent la franfe
piration à mefore qu’elle veut fortir des pores ; car il n’eft
pas vraifemblable que la fueur rentre, attendu que ces vents
paffent pour être très-fains : ils le font en effet.
Une chofe contribue encore à augmenter la feniktion de
la chaleur, c eft la toile de coton, dont'les Européens font
des chemifes ; mais fi d un cote le coton a cet.inconvénient,
dun autre cote il a un grand avantage, eeft de retenir toute
la tranlpiration de la peau quand les- corp% firent, en forte
quon na jamais rien a craindre avec une chemife de toile
de coton.
Une chofe que je ne dois pas omettre, e eft que s’il paffoit
parhafardun nuage fur le Soleil , pendant ces grandes chaleurs,
ie thermomètre defeendroit iubitement de 2 à j degrés, iàns
qu’on éprouvât de diminution dans la fenfation qu’occafionne
la chaleur; le nuage palle, ie thermomètre remonte fur le
champ.
On eroiroit peut-être que la boifion qu’on prend dans
l’Inde participeroit de la chaleur du climat. On boit très-
frais dans l’Inde p pour rafraîchir l’eau on a des efpèces de
carafes d’une terre légère, extrêmement porenfc, appelées
gargoulettes. H foffit d’expoler ces gargoulettes à l’air pour
boire l’eau très-fraîche, .& l’on a de plus le lalpêtre, dont
en fe fert pour rafraîchir le vin.
Lorfque la brife du large fe déclare , la tranlpiration
reparaît, on fe trouve comme dans un bain. La brife du