ou Seigneur Gentil, qu’ils nomment Vira - Raguen ; & B
ville , ilsla nomment Virapatnam.
II y a bien apparence que la rivière, dans quelque grand
débordement, a commencé la ruine de cette ville; ce qui
me fait penier ainli, eil la tradition du pays, laquelle porte
qu’il y a eu un temps où l’île aux Cocotiers n’exiftoit pas,
que la rivière n’avoit alors qu’un ieul bras, celui de là
gauche; qu’elle avoit été obligée de prendre ce détour à
caufe du terrein du côté d’Ariancoupam, qui s’élevant trop
au-deifus de fon niveau, lui barroit le chemin; mais qu’il
vint un grand débordement, caufé par des pluies confidé-
rables, qu’alors la rivière rompit fa digue, & s’ouvrit un
autre lit. C e nouveau bras eft actuellement le principal bras
de cette rivière , qui forme , avec’ l’ancien bras , l’île aux
Cocotiers. Cette île ceiîèra enfin d’être, & le trouvera
encore une fois réunie au continent; mais du côté de Pondi-
chéry ; l’ancien bras de la rivière fe comble peu-à-peu, &
devient de jour en jour moins profond : il feroit très-facile
d aider à la Nature à acheyer cet ouvraOge.
Tout près des ruines de Virapatnam, entre ce Fort &
l’aidée'd’Ariancoupam, on trouve, dans les fables, la ftatue
d’une ancienne Divinité indienne, que l’on nomme, dans If
pays, Baouth, (Voye% ci-devant, page i ¿¡-6).
A j oo toiles environ de cet ancien fort, on rencontre, fur
le bord de la mer, un village de pauvres pêcheurs, nommé
également Virapatnam ; on y voit quelques paillotes &
une petite pagode, qui fans doute eft renommée dans le pays;
puifqùe le Vendredi de chaque lemaine, qui eft le premier
jour de la femaine des Gentils, je voyois palier de grand
¡matin, Îqus les murs de mon Obfèrvatoire, une grande quantité
H I . de
Je femmes Indiennes, qui alloient à Virapatnam par pure
dévotion, portant avec elles du r iz , dont une partie étoit une
offrande pour la divinité de la Pagode, mais qui fervoit en
même temps à nourrir le Brame qui en avoit loin.
Lorfqu’on a paifé la rivière d’Ariancoupam, au Sud de
l’aidée de même nom, on trouve la plaine d’Archiouac. C ’eft
de ce côté que s’étendent le plus nos poflèffions actuelles;
on trouve, dans ce grand territoire, quelques aidées & des
terres qui ne font point en valeur; elles l’ont été autrefois,
fans doute, mais à la longue les iàbles les ont recouvertes:
fi on vouloit les rendre aéluellement propres au r iz , il feroit
néceffaire de creufer d’un à deux pieds au moins pour en ôter
le fable, avant que de trouver la terre propre au riz; car c’eft
de cette façon qu’ont été formées toutes les terres des environs
de Pondichéry : cette opération coûte beaucoup de peines,
de temps & de travail; on l’a fait dans beaucoup d’endroits
d’Archiouac, on l ’y continue encore; mais les fables que les
vents enlèvent des bords de la mer, recouvriront à la longue
tous ces terreins.
Il y a deux principales pagodes dans ce gfand territoire,
la pagode d’Archipacum & celle de Chincacol; la première
dépend des domaines de Pondichéry, la feconde eft au Nabab,
enclavée comme une eipèce d’îlot dans le terrein dépendant de
Pondichéry, une partie des revenus de cette Pagode fè perçoit
fur les terres d’Archiouac ; elle eft grande ; ià tour eft élevée
d environ 70 pieds en forme de pyramide; la pofition eft
très - agréable, ayant une belle avenue d’arbres devant fon
portail. La pagode d’Archipacum eft très-petite ; elle eft
entourée d’arbres qui forment, pour y arriver, une avenue
en berceau fort agréable; cette pagode dépend de Pondichéry,
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