quelles renferment, qui font de ces temps que nous nommons
barbares & gothiques.
J’ai fait graver deux faces de cette grande pyramide
exactement félon leurs proportions & les dimenfions rapportées
ci-delTus ; ces deux faces font encore ; plus chargées d’orne-
mens que les deux planches ne les repréfentent ; mais j ai cru
qu’on y en avoit mis allez pour mettre, le public dans le
cas de pouvoir juger du goût de ces peuples pour le deflin i
& pour les ornemens. d’architeture ; il n’étoit guère pofffoie
de delîmer fur les lieux toutes les figures de cette pyramide;
mais comme toutes les divinités des Gentils fe reifembient
allez dans les traits du vifage, & que leurs attitudes font
variées à l’infini, . j’ai fait exécuter mes gravures d’après ce
principe,. en me fervant de quantité dé déifias de divinités
que j’ai apportés de Pondichéry, faits par des Indiens mênie^
8l qui dont parfaitement conformes, pour le goût , à ceux
que. l’on trouve dans Hoiwell. La petite pyramide de cette
pagode eft encore plus chargée d’omemens que la grande ;
elle a, félon mes mefures prifes-avec Je micromètre, 22 pieds
iq pouces & demi d’élévation de moins que la grande;
celle-cj fert d’entrée à la cour 011 au préau : la petite tient
au corps même du Temple ou de la Pagode.
La nouvelle de notre petite opération vola bientôt à Madràs;
toute innocente qu’étoit notre démarche, les Anglois s’en
alarmèrent, parce qu’on la leur avoit repréfentée fous un
autre motif que n’étoit celui qui nous avoit porté à faire cette
mefure. J’a v o is a v a n t que de commencer mes opérations
géographiques aux environs de Pondichéry, prévenu le Gouverneur
de cette place. Viinour n’étoit pas' fi défërt qu’il ne
s’y trouvât queiqu’Indien que fa grande indigence mettoit a
l’abri d’être pillé & volé par les coureurs de l’armée d’Éder-
Aiihan : en tout cas , ces miierables n’avoient qu’un pas à
faire pour fe fauver dans nos polfelfions, & à la moindre
alarme, ils avoient bientôt gagné ce lieu de iureté. Il le peut
encore que ces gens Fuffent des eipions placés par les Anglois »
quoi qu’il en lôft, ces Indiens nous examinèrent avec la plus
grande attention, ils allèrent enfuite faire leur rapport aux
Anglois, & bientôt la nouvelle fe répandit dans Madras que
les François étaient allés prendre poifelfion de Viinour,,
qu’on y avoit vu des Ingénieurs efeortés, planter le pavillon
François & arpenter. Les Anglois crurent cette nouvelle
d’autant plus facilement que Viinour nous avoit autrefois
appartenu, & que le voifinage des 40 mille Mogols, qui
nêtoient qu’à deux lieues de cette ville, facilitait l’entreprife ;
ils en écrivirent à M. Law pour lavoir la vérité; M. Law
leur ayant rendu compte de ce qui s’étoit paffé, Madras fut
tranquille.
L e 2 b Aoûtfuivant, nous allâmes à la pagode de Chin-
caecil, dans la plaine d’Archîonac, à deux fortes lieues de
Pondichéry ; les Brames ne nous montrèrent pas ici un vifage
fi lévère que cèux de Viinour, mais je fus convaincu pour
T avoir vu , du mépris dans lequel vit dahs l’Inde la cafte
connue fous le nom de Parias.
La pyramide de cette pagode que l ’on voit de prefque
tous les environs de Pondichéry, devoit faire un des prin-
puux points des triangles de ma carte : cette pagode fort de
limites, de ce côté,' aux poifeflions des François ; enclavée
dans le territoire de Pondichéry, elle eft malgré cela de la
dépendance du Nabab ; mais fes re venus fe tirent d’Archiouac,
terrein dépendant de Pondichéry ; nous animes que moyen-
D d d d ij