poifible de mieux fe procurer fes aifes, où ii y ait plus d’attrâits
& de charmes, & où ie peuple foit en même-temps plus
doux, &c.
Les funérailles des Gentils varient un peu félon les
provinces ; l’ufage cependant eft aifez général de brûler les
corps; c’eft celui des Indiens de la côte de Coromandel,
excepté qu’on enterre les enfans.
Je n’ai point vu de funérailles d’aucun Indien qui fût
riche ; il en coûte fans doute beaucoup à ceux-ci pour être
brûlés , à caufe des parfums qu’on répand dans leur bûcher;
les riches , dans tous les pays, ne font les choies qu’à grands
frais; mais j’ai vu brûler plufieurs corps de gens pauvres,
les frais n’alloient pas à quatre fous de notre monnoie ; les
corps étoient cependant aufli bien brûlés que fi on y eût
employé une corde de bois : voici comme s’y prennent les
Indiens.
Ils creuiènt une folfe dans laquelle le mort puifle tenir,
foife qui n’a guère plus d’un pied de profondeur; ils y
étendent le mort enveloppé dans un vieux morceau de toile;
ils lé couvrent de paille, & par-deflùs*Ia paille, ils mettent
une couche de plufieurs mottes de bouze de vache les unes
iùr les aunes bien léchées au foie il ; ils recouvrent enfuite le
tout d’une autre couche, épaiflè de quelques pouces, d’une
terre gralîe & argileufe détrempée ; & ils en forment une
tombe.
Le mort eft donc enfermé comme dans une elpèce de
tourtière ou de four bien clos ; après cela, iis mettent le feu
tout autour à la paille & aux mottes qui débordent la tombe:
le feu le concentre dans cette tombe & fe conferve environ
trente heures, au bout defquelles le mort eft tout-à-fait
conlùmé;
conlùmé ; on ne mouve à la place qu’un peu de cendres,
& quelquefois des fragmens d’os qui ne font pas entièrement
réduits en cendre ; mais ceux que j’ai trouvés au bout de ce
temps fe brifoient ailëment fous les doigts.
Les Indiens de Pondichéry ont tous leurs cimetières hors
les murs de la ville, au milieu de la campagne, marqué
par un petit folfé, & chaque tribu a fon cimetière à part.
Les Gentils font leurs, cérémonies fur le loir. J’ai fouvent
affilié, par curiofité, à ces cérémonies funéraires; j’en fuis
toujours revenu édifié de la décence que j’y ai vue : l’amour
de l’humanité m’arrache ici cet aveu fincère au milieu d’une
Capitale, où les convois des pauvres, c’eft-à-dire de ceux
qui n’ont pas le moyen de payer un cortège, ont toujours
excité en moi des lentimens bien difièrens de ceux que les
funérailles des Gentils y avoient fait naître. Ces funérailles
n’auroient rien de trille lans deux trompettes qui précèdent
le corps, longues de huit à dix pieds, & qui rendent un fon
fi lugubre qu’elles répandent la terreur dansJe fond de lame ;
elles lônnent de temps en temps, un inftant feulement, & l’une
après l’autre en le répondant : ces deux inftrumens à vent ne
rendent qu’un fon unique , & font accordés à la fécondé
mineure l’un de l’autre ; ainfi l’un fonnant l’ut naturel, le
fécond fonne le f i naturel immédiatement au-delfous. L’Indien
qui tient le premier infiniment entonne l’ut, & le prolonge
en renforçant le fon pendant environ cinq fécondés ; le
fécond reprend & fonne le fit' de la même manière : on entend
avec cela un bruit confus de quantité de petits tamboùrs qui
précèdent. Le corps eft porté dans fin palanquin, ayant la
face découverte, elcorté de toute la famille. Ceux qui 11e
peuvent avoir de palanquin font portés dans un doulis, elpèce
Tome I, C e