il n’a point plu; on a fouvént vu , dans l’après-midi, des orages fe
former à t’O.ueft; on a entendu quelques coups de tonnerre, mais les
orages n’ont eu aucune fuite, le Soleil prenoit ordinairement le deiTùs,
& s’eft prefque toujours couché très-beau. Lés brifes fe font fait
fentir fort régulièrement tous les jours ; celle du large ou du Sud-eft
a foufflé pféfque toujours affez bon frais. Le matin, ie thermomètre
ne marquoit que r 7 degrés, par un frais des plus charmans & des
plus agréables de Sud-oueft & de Sud-fud-oueft. Dans un intervalle
de deux à trois heures ,qui s’écoule entre ies deux brifes, il fe forme
un calme accablant, pendant lequel le thermomètre riiorite à 28
ou 29 degrés; l’après-midi, lorfque k brife du Sud-eft fouffle aifez
bon frais, il ne marque plus que 2 7 ,degrés.
On vovoit pendant quelque temps la brife du Sud-eit déclarée
au large, ce qu’on reconnoiffoit à la couleur de la mer. On remarque
alors une grande lifière,ou zone, qui s’étend à l’horizon du Sud-eft
au Sud ; la mer paraît, dans cette étendue, blanchâtre , clapoteufe
& femblable aux lits de marée , pendant qu’elle eit tranquille & unie
comme une glace de miroir par-tout ailleurs.
Le thermomètre du t . " au 6 a marqué, au lever du Soleil. . . 18J
A u moment le, plus chaud,du, jour, ,, , . . , , , . , . . 2 7 à.28
D u 6 au 1 5 , au lever du Soleil.............................. ...................... 18
Au moment Te plus chaud du jour, . .b . : t u ............................. 2 7 à 28
D u 1 j au 30, au,lever du SoIeil. , ............... 17
. Au moment le plus chaud du jour. . . . . . . . f, V, i ’28 à 29
A V R . I L.
C e mois, a été fi fec q u ’il n’eit pas tombé une goutte, d’eau 1
Pon d içh éry , ni dans les environs à,plus de i'jf lieues a la ronde;
il y a eu plufieurs, orages dans ie Sud-oùelt & f O ü e f t , on â vu des
éclairs & entendu ie tonnerre,, mais tout cela fe diffipoit blên vite.
La brife du Sud-oueft.ne- fouffloit plus,, une fois le Soleil-levé;
à 7 ou 8 heures du matin, celle du Sud-eft étoit déclarée & fouffloj1
déjà, quoique foiblement ; elle frqnçhiffoit ■ de f a ç o n . ,qu’i( vejtoit
aifez bon frais dans l’après-midi.
Le 2 6 , la brife du Sud-eft fut fi forte que l’air n’étoit qu’un
t eurbillon de pouffière, qui ne permettoit qu’avec bien de la peine
de diftingüer les objets de la campagne. Le 2 7 , le vent fut encore
plus fort que le 2 6; pendant i’après midi, un nuage de pouffière
ehfcurcit tous les objets; il s’étoit auffi formé un nuage orageux,
qui s’étendoit du Nord-oueft au Sud-eft, & qui avoit très-mauvaife
apparence. A 5 heures & demie ou 6 heures, le nuage s’étoit
confidérableniéht groffi, & il approchoit ; il fembioit qu’il ailoit fondre
fur nous : on craignoit une faute de vent au Nord & au Nord-eft.
Deux Yailîèaux Angiots qui fkiloient route au Nord, étoient à le c ,
& n’avoient que leur foque; ils étoient à trois lieues au moins de la
côte,, fans doute par .précaution ; car Je mo^ d’Avrii, qu plutô^
i Lune, d’A v r il, eft extrêmement redoutée tout le long de la côte
de la prelqu Ifte ; auffi le vent qu’il faifoît & la figure du temps,
répandirent la terreur chez ies Marins .dont les Vaiffeaux étoient
mouillés à la côte dans la petite rade. Quoique nous fuffions alors
dans la Lune de Mai, félon l’ancien Comput, in qno completur
menfi, Lunatio detur, ils prétendoient tous être dans la Lune d’A vr il,
parce qu ils étoient dans le préjugé que Pâques arrive toujours dans
la pleine Lune de Mars,, quoique la règle inçonteftable pour Pâques
cette fe te arrive conftamment ie Dimanche après lé . 1 4 de
la, Lune qui fuit l’Équinoxe eccléfiaftique, fixé au 2 1 de Mats.
Le peu de Vaiileaux qui étaient en rade calèrent donc leurs mâts
8« hùne & dégréèrent leurs perroquets : un V.aiffeau qui arrivoit
mouilla a une grande lieue de terre.
En combattant le préjugé dont je viens de parler, fur les prétendus
effets de la Lune d’Avrii, j’étois bien éloigné de condamner la
manoeuvre de Ces Vaiffeaux, je fus au contraire le premier à approuver
cette fage précaution ; car quoique les ouragans foient très-rares en-
Avril, fi par malheur il en arrive & qu’on foit furpris , 00 fe perd
ivJcôte : j ai déjà dit qu’en 1 7 4 9 , il périt, le long de cette côte,
pus de deux cents Batimens, jufqu’à des Vaiffeaux de quatre-vingts