m’aifura, lorfque j’arrivai à Pondichéry, qu’on avoit autrefois
propofé à ia Compagnie des Indes, de faire un Port
à ia rivière d’Ariancoupam , dont j’ai déjà parlé : mais quelles
fommes ne coûterait pas un pareil Port ! eft-il même poflibie ï
J’ai bien examiné ie local, & je doute qu’aucune force
humaine pût jamais en venir à bout ; la Nature feule
forme les Ports, & l’A r t, en les perfectionnant, ne fait que
leur fournir quelques commodités que la Nature n’avoit point
eues en vue. O r , il eft certain que la Nature n’a pas fait,
jufqu’à ce jour, la moindre ébauche de Port à la rivière
d’Ariancoupam.
Canton aux Chinois, & Batavia aux Hollandois, peuvent
être regardées comme la T y r & la Sydon de notre temps;
ces deux villes, par leur grand commerce, font actuellement
les maîtreffes de l’Inde. Par l’état actuel de Batavia, que l’on
juge de ce que feroit cette ville, fi fon climat n’étoit pas fi
meurtrier ; mais je m’étendrai beaucoup davantage fur cet
objet dans le fécond volume, en parlant de ia Marine des
habitans de Manille,
La rivière d’Ariancoupam paffe fort près de Vilnour,
traverfe ia plaine, & forme, comme je l’ai dit, avant que
d’arriver à la mer, un îlot, connu fous le nom d’île aux
Cocotiers,
Un peu au-deiîùs de l’endroit où la rivière fe partage
pour former cette île , o n trouve fur fa rive droite l’aldéê
ou village d’Ariançoupam, dans une pofition d’autant p'us
charmante que les hords de la rivière, en cet endroit,
forment une pente douçe ; en avançant le long de la même
r iv e , le terrein monte, en forte que le bord de la rivière
eit très-efcarpé, Sçi’efcarpement n’a guère moins de 20 pieds
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e .
de Hauteur : fur le haut de i’efcarpement, dans la plaine,
on a découvert en creufant dans ces derniers temps, des
fondemens qui paroiifent avoir appartenu à quelque ville ou
village confidérabie ; les murs qu’on a trouvés avoient 1 o
pieds de profondeur; j’en ai vu tirer des briques de plus d’un
pied de longueur fur 7 à 8 pouces de largeur, & épaiffès
à proportion ; 011 les enlevoit aifément toutes entières, parce
qu’elles n’étoient liées qu’avec une eipèce de terre argiileufe,
<juon rencontre par-tout aux environs de Pondichéry, &
dont on fe fert avec la brique pour bâtir ; cette terre fe nomme,
dans le pays, caliment. Sort que les Indiens, à cette côte,
aient perdu i’ufage de faire des briques de cette grandeur,
foit que 1 ufage des Européens de les faire petites ait prévalu,
il eft cêrtain que les Indiens comme les François ne fe
fervent actuellement que de briques très-petites.
Cette ville avoit des puits qu elle s’étoit formés dans la
plaine du cote de la riviere, iis avoient au moins 2o pieds
de profondeur pour aller au niveau de l’eau ; 011 en trouve
encore des vertiges aux pieds de i’efcarpement, le long du
bord de la rivière; ces puits, à en juger par les reftes que
jai vus, avoient 4 pieds environ de largeur; ils n’étoient
point revêtus en maçonnerie, mais les Indiens, pour revêtement,
fe fervoient d’une eipèce de terrine, en forme de
futaille défoncée par les deux bouts ; ces efpèces de larges
pots, dont la terre m’a paru pareille à celle de nos pots
de grès, étaient faits exprès pour entrer les uns dans les
auties, & par ce moyen fervoient à foutenir les terres des
cotés. Il ne refte dans le pays qu’une tradition très-confofe de
«et établiifement, qui cependant paraît avoir été confidérabie.
.C était, à ce que m’ont dit les Tamoults, un fort d’un Raja