Tiffferans en ont deux rangs de .chaque côté ,' par-là ils font à l’abri
du Soleil dans quelque temps & à quelque heure que ce foit de
la journée, & peuvent travailler dehors-en plein midi.
L e quartier des Européens efl très-bien & très-proprement bâti;
les rues font la rg e s, mais les maiibns baffes; on n’y a p o in t, comme
à M anille , la-commodité d’un étage, ni de ces galeries régnantes en
dehors & autour des appartemens, ce qui fa it, à mon a v is , deux
inconvéniens très-grands ; le premier, etl que les appartemens n’y
font pas Ci frais que le font ceux de Manille ; le fécond , c ’eft que
l ’on n’eft point à l ’abri du Soleil dans les rues , & que la réflexion
du fable dont elles-font pleines, les tend impratiquables pendant
l ’ardeur du Soleil. -
O n compte mille à douze cents Européens dans ce quartier, la
garnifon comprife; le relie de la ville e il occupé par les gens du pays,
qui viennent de leur bon gré s’enfermer entre fes murs, fe foumettre
à notre Police & à notre Juflice. L a police des rues effc entre les
mains des Malabars, comme on les nomme ici fort improprement;
de l ’un d’eux on a fait une efpèce de G ran d -P r é v ô t, qui a la
Maréchauffée pour là fûreté de la ville pendant la nuit ; il ne s’y fait
pas le vol le plus lé g e r , pas le moindre meurtre ; on peut en toute
fécurité traverfer Pondichéry à toutes les heures de la nuit ; je vous
avoue que cette fûreté m’a frap p é , on peut y coucher portes &
fenêtres ouvertes, & dormir tranquillement ; ce q u ’on ne pourrait pas
faire à Pa ris, quoique la police foit très-bien tenue dans cette Capitale.
Cette fûreté efl: d ’un prix ineftimable dans un climat aulfi chaud & auffi
fain; les corps affaifles par le poids de la chaleur du jo u r , peuvent,
moyennant cela , reprendre haleine pendant la n u it , & fe réparer à la
faveur de fa fraîcheur bienfaifante. L e s maifons européennes font en
terraffes, où l’on va le foir prendre le frais ; les rues font fi pleines de
monde pendant le jo u r , que je fus très-furpris en arrivant d’en voir
une fi grande quantité ; dans les rues marchandes principalement,
ou rues du Ba fard, il y a journellement une fi prodigieufe quantité
de monde, qu’à voir une de ces rues par un de fes bouts , tout ce
monde, dans une longueur de plus d’un quart de lieue , o ff re , avec
les arbres qui font des deux c ô té s , un point d ’optique fingulier ;
c’eft ce qu’on remarque à la rue de M a d ra s & à celle de Vilnour,
mais fur-tout dans celle-ci qui e fl un peu en pente en allant du
quartier des Européens a la porte: de Vilnour cette rue a plus de
700 toifes de longueur.
Pour traverfer les rues marchandes d’un bout à l ’autre, il faut fe
faire précéder par des domeftiques qui écartent continuellement la
foule. . -
L e 13 M a i, j allai a un quart de lieue hors des .murs de la v ille ,
voir une fete des Gentils; je ne crois pas avoir jamais vu tant de
peuple raffemble' ; c ’étoit tant que ma vue pouvort s’étendre.
Dans les fréquentes promenades, que je me rappellerai toujours
avec piaifir, avoir fait avec vous aux environs de Manille dans les
différentes peuplades ; vous favez que je vous ai marqué plus d ’une
fois mon étonnement, de rencontrer des fourroillières des petits
enfans de tout fe x e , je me fouviens q u ’on ne peut entrer dans les
villages lin s y rencontrer nombre de femmes qui ont trois enfans à
tramer: un à peine fortant de la mamelle q u ’elles mènent par la main,
un autre fous le bras iuçant le teton, & un troisième dont elles font
enceintes. C e fl a peu-pres la meme choie ic i; le nombre des petits
enfans y efl très-confidérable. Je crois cependant que la population
.(■ proportion gardée ) e fl encore plus grande à Manille & dans fes
environs, qu’elle ne l ’eft ici.
Pondichéry efl une ville de cinq quarts de lieue de tour. E lle me
parut en arrivant beaucoup plus grande ; parce que je fortois de
Manille qui , comme vous favez , e fl très-petit. L e Gouvernement
qui fera fini fous peu de mois , fora un fort beau logement à un
étage ; & M . le G o u v e rn eu r , au bout de trois ans de rétabliffement
de Pon d ich éry, fera auffi bien lo g é que l ’eft A L le Gouverneur
de Manille.
O n a laifié fubfifter les ruines de ce beau palais dont vous avez
entendu parler, bâti par M . Du p leix , & où je vous ai marqué que
j avois établi mon Obforvatoire & ma demeure.
Les églifes n’ont point été réparées, les ruines en fubfiftent
L I H i j