51 alloît aux Moiuques : ce fut au mois de Juin 1 7 6 9 , que
je le vis dans là relâche à Pondichéry. Je lui donnai une
lettre de recommandation pour Don Eltevan Roxas y Meio,
à Manille, par où il devoit palier, & où il fe propofoit
d’obièrver le paflàge de Mercure iùr le Soleil, le 9 Novembre
de la même année 176 9 . Il arriva à l’Ille-de-France étant à
l’extrémité d’une fièvre qu’il avpit gagnée par fon grand zèle
à obferver pendant la nuit à terre iorfqu’il étoit aux Moiuques;
il mourut trois à quatre jours après être defcendu de bord,
le 1 ." Juillet 17 7 0 . '
M. Veron étoit d’un caraélère fort doux, infatigable danj
le travail, bon Obfervateur; on pouvoit compter fur lui
lorfqu’on le chargeoit de quelque opération relative à l’Al-
tronomie ; auffi fut-il beaucoup regretté du Commiflàire-
ordonnateur. 11 m’en parla dans des termes à me le faire
entendre ; je crus même entrevoir qu’il l’avoit defliné pour
retourner à l’île Otaïti, parce qu’on parloit beaucoup d’y
renvoyer Poutaveri. IJ eût feulement été à defirer que
M. Veron eût eu de meilleurs inftrumens que ceux que je
lui vis à Pondichéry.
Je demandai à M. le Commiflàire-ordonnateur, les papiers,
Cartes & Journaux de cet Aftronome : ils me furent remis
cottés & paraphés, fous récépiflë; j’en tirai une copie que
j’emportai avec moi. L ’original eft relté à l’ille-de-France,
& on me rendit mon récépiffé.
Vers la fin de la même année 1 7 7 0 , nous aperçûmes à
î’Ifle-de-France une Comète, qui devint en peu de jours fort
fenfible; elle difparutle i . er Juillet à notre grand étonnement;
un mouvement fort rapide de 4.0 degrés au moins, en 24-
heures, l’avoit tranfportée vers le pôle boréal, perpétuellement
caché fous l’horizon pour l’Iile-de-France.
■ Vers ce tems-là, M. le ContmiiTaire - ordonnateur me
propofa, par deux fois, fous l’appât de faire des découvertes,
d’entreprendre le voyage de l’île Otaïti avec Poutaveri,.qu’il
vouloït y renvoyer. Le motif de découvertes étoit un motif
bien puiffant pour me décider à faire ce voyage; mais des
raifons plus puiffantes encore m’obligèrent à le refufer. Je
fontois que j’avais allez fejourne dans les mers de 1 Inde, le
dégoût des voyages commençoit à me prendre, & j’avois
alors la plus grande impatience de revoir ma patrie.
VIndien étoit arrivé le 2 6 Juillet; ce VailTeau étoit encore
à la Compagnie des Indes : je demandai donc mon palTage
aux Adminiftrateurs de cette Compagnie; ils me procurèrent
toutes les facilités dont j avois befoin. J embarquai avec moi
toutes mes caillés d’Hiftoire naturelle, au nombre de huit,
que j’avois larffées à mon départ pour Manille entre les mains
d’une perfonne très-lure. Nous devions relâcher à lile de
Bourbon, au cap de Bonne-efpérance, & à 1 île de 1 Alcenfion.
J’étois impatient de partir. Nous approchions de la làifoit
des ouragans, fléaux qui affligent fi fouvent les îles de
France & de Bourbon , & je lavois que les Vailîêaux qui
rencontrent de ces ouragans s’en trouvoient alîèz mal. Nous
fortimes du port de l’Ifle-de-France le 1 9 Novembre 1 7 7 0 •
nous aurions pu fortîr huit jours plus tôt. l e 20 après midi,
nous mouillâmes à l’île de Bourbon, dans la rade de Saint*
Denys. Le trop long & inutile féjour que nous y fïrhes nous
fut fatal, & me eau là tous les contre-temps & les retards
qui me relient à décrire. Le 3 Décembre nous fumes aflàillis
par un ouragan, qui nous força d’appareiller fur une embof