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avantages au Nabad Mamet-Alikan & aux Anglois : Éder-
Alikan étoit venu camper à Valdaour, à quatre lieues de
Pondichéry & à deux petites de Vilnour, avec environ quarante
mille hommes, prefque tous Cavaliers : des partis voiti-
geoient dans les environs, & il n’y avoit que le territoire delà
dépendance de Pondichéry qui fût refpeélé. Le projet d’Éder-
Alikan fut de s’empare^ des Receveurs & de ia Caiffe de
Vilnour ; cette fois-ei fon activité fut en défaut, l’alarme
s’étant répandue dans Je pays bien avant l’arrivée de ce Prince,
les villes & villages ne furent bientôt qu’un délërt. Je profitai
de cette circonitance, & j’allai avec M. Law pour vifiter la
pagode de Vilnour ( l’on peut voir l'article fur la religion des
Indiens, p. ip S & i pp ); quelques jours après j’y retournai
avec M. de \VilIems, Major des Troupes, pour prendre les
dimenfîons de la grande pyramide de cette pagode. Il ailoit
de temps en Jemps à une lieue hors de la ville exercer
les Cipayes qui formoient alors un Corps de quatre à cinq
cents hommes ; ils faifoient partie de la garniiôn de Pondi-
chéry. Le jour que nous deyions aller à Vilnour, il mena
les Cipayes jufqu’aux limites de nos poffeffions de ce côté,
à une très-petite demi-lieue de Vilnour, dans une belle
plaine d’où l’on voyoit les pyramides de la pagode & une
partie de la ville ; lorfqu’il eut fait faire les évolutions à
fa Troupe, nous nous mimes chacun dans notre palanquin,
& nous nous fîmes accompagner juiqu’à la ville par lept à
huit Cipayes ; en même temps M. de Wiliems donna ordre au
Commandant des Cipayes d’être fur fes gardes & de venir
nous joindre avec un détachement en cas qu’il entendît tirer
quelques coups de fufii : notre projet étoit, en cas que
quelque parti de Cavalerie nous inquiétât, de monter dans
k premier étage de la pyramide, & de notis y: défendre én
attendant le fecours : cela nous eut été bieii facile, parce
qu’on monte au premier étage de la pyramide avec. une
échelle, & nous euihoïis tiré 1 ccîicile à- nous j mais irons
fîmes nos mefures avec la plus grande tranquillité, il n’y
avoit pas en effet d’apparc-nce que nous dufîions être troublés.
Éder-AIikan étoit notre ami ; il avoit donné à fon armée les
erdres les plus précis de relpeéfer Pondichéry & fes poffefi
fions, comme n’étant point compris dans le théâtre dé la
guerre : M. Law lui avoit même envoyé un arnbafladeur à
fon camp de Valdaour. Cependant malgré cette bonne»harmonie
entre Eder-Alik-an & nous, je craignois que fèà ordres riè
fuffent pas relpeftés au point qu’il le vouloit ; des Cavaliers
independans, corrimë ils le font tous dans l’Inde, ne ref-
peélent pas toujours les ordres du Prince, ils paffent quelquefois
par-dëfiùs ces ordres quand iis penfent tirer avantagé
de leur déiobéiiîànce, & ces déiobéilïànces ne lôrit güèrë
p u n ie sd e plus*, nous étions hors de nos limités-, & par
confequent fur le pays ennemi d’Éder-Alikan , & nous avions
autant lair Anglois que François-, raifcns luffifantes poui:
ufer de précautions.
Arrivés à- Vilnour, M. dè-Willems- commença paf pbiêt
les. Cipayes qui nous àvoient eicortésy aux avenues- pai où
atuoient pu déboucher lès Cavaliers-; & fans nous inquiétet
des évèr.emens, nous limes les opérations iùivahtés.
©ans une magnifique avenue qui conduit à la pyramide
& à f entrée de la pagode du côté du midi, nous mefiirames
une bafe de 3 8 toiles ; &• après- avoir pris iùcceffiventetit
les angles néceffaires avec un bon gràphôrriètre à lunette, M.
de Willems de ion côté, & moi du mien', nous trouvantes'