peut-être néceflâire que cette mouflon foit déjà très-avancée
pour que Ton action fe fafle fentir d’une manière confiante
au fud de la Ligne ; c’efi à l’expérience à nous l’apprendre.
Quant à la grande route,-je ne fais pas s’il eft poflible de
l’abréger en voulant arriver dans l’Inde pendant la force de la
mouffon de l’Efi, c’eft-à-dire en Décembre & Janvier ; il
n’y a que dans le cas où l’on pârtiroit de l’île de France en
Décembre, Janvier, Février & Mars, qu’il feroit poflible de
s’abftenir de fe porter fi avant dans i’E ft , & d’aller reconnoître
l’île de Sumatra. C e fut dans cette vue que M. Daprèspropofa,
en 1 7 5 8 , pour i’Efcadre de M. le Comte d’Aché, fa route
qu’il falioit tenir dans cette faifon pour aller dans l’Inde.
Cette route confifte d’abord, comme toutes les autres, à
courir dans le Sud, portant un quart largue; la raifon qu’on
doit donner de cette manoeuvre, eft que lorfqu’on eft en
Elcadre & qu’on a une longue route à faire , il vaut toujours
mieux porter un quart largue làns chicaner le vent, on
dérive moins & on fait rondement fon chemin; on s’élèvera
donc ainfi dans le Sud pour gagner les vents les plus favorables,
comme je l’ai déjà dit, avec leiquels M. Daprès veut
qu’on s’élève dans l’Eft jufqu’à 68 degrés de longitude feulement,
après cela 011 remontera vers le Nord de façon que
l’on puifle pafler de deux cents lieues à l’eft de Rodrigues.
D e la hauteur de. cette Ifle, on fera valoir la route lé
Nord-eft s’il eft poflible, & enlüite le Nord-eft-quart-nord,
afin de coupér la Ligne par 87 ou 88 degrés de longitude;
mais ——,me il fe peut que; de la hauteur de Rodrigues*
les vents ne pen n eu c . toujours de faire Je Nord-eft,
on profitera, pour s;élever à i’E ft, dit ivu-d. jg - vents
de la partie de i’Oueft, que l’on rencontre à cette occanun
eu faifon à 7 ou 8 degrés de latitude méridionale ; & par
conféquent, on pourra, a jo u te - t - il, couper la Ligne par
tel degré que l’on voudra : les variations feront connoître les
grandes erreurs de l’eftime , & fi on lait obferver la longitude,
ce moyen de corriger fon point fera encore plus fur.
De la Ligne, on pourra attérir à tel point que l’on voudra
de la côte de Coromandel, mais toujours au fud de l’endroit
où l’on veut aborder; car dans la faifon dont je parle, on
eft afiùré de trouver, à cette côte, les vents de la partie du'
Sud déclarés..
En fuppofant au fud de la Ligne, depuis o degrés jufqu’à
p à 10 degrés de latitude, des vents delà partie de l’Oueft,
pendant que règne au Nord la mouflon de l’Eft, on ne peut
s’empêcher de cpnvenir que cette nouvelle route ne foit très-
avantageufe, & quelle n’abrège confidérablement les voyages:
de l’île de France à Pondichéry, dans la faifon dont il eft
queftion : mais l’impartialité qui doit régner dans mon ouvrage,
ne me permet paa de diflimuler qu’il s’éleva bien des objections
contre la nouvelle route : nous allons les expofer en
peu de mots.
.. On dit donc qu’il feroit imprudent dé ne paflër qu’à
deux cents lieues au plus à l’eft de Rodrigues, parce qu’il
fe pourroit qu’on ne put pas faire valoir la route le Nord-eft,
à caufe des vents généraux de 1 Eft à i’Eft-fud-eft -, qui
pourraient forcer de laifîer aller la route au Nord; dou il
arriveroit qu’on tomberoit trop à i’oueft de Pol-Véira, avant
d’avoir atteint les p.e, 8.e ou y .e degrés de latitude; quon
lie peut pas d’ailleurs compter avec confiance lui ces vents
d'ouert, éx. , -a t,0,„rnnD plus aflùré de les rencontrer
à l’eft; qu’à l’oueft de Pol-Véira ; que; 1 on s’expofcroit par