les deux joues du VaifTeau & le long des bords : l ’écume de h
mer étoit aüflî très-Iumineufe.
Longitude ..................• • - z
Latitude................................................................ 3®’ 5 3-
L e 2 Ju illet, pendant tout le temps que nous avons eu les
vents d’O u e f t , la mer n’a point paru lumineufe, quoique ces vents
aient été très-violens, les mers grofTes & très-dures; mais ces mers
font extraordinairement longues dans ces parages, & on n y reflèiit
qu’une lame, qui eft celle du vent. Nous avons donc couru pendant
plus de fix cents lieu e s , fans voir le phénomène de la lumière :
ce n’eft qu’après avoir rejoint les vents gén é rau x , que j ai commencé
à revoir les mers lumineufes : nous avons alors retrouvé
les mers agitées de différentes lames. L e î J u i l l e t , nous
étions à i 2 9 deg'rés de longitude, & à 9 degrés feulement de^ la
L ig n e au S u d , peu éloignés de Java. L a mer nous parut très-
lumineufe : la veille , elle l’avoit paru bien davantage, mais le
VaifTeau alloit moins v ite aujourd’h ui, & d’ailleurs la lame etoit
tout-à-fait tombée, & il n’y avoit plus de mer: cette lumière étoit
très-pâle aujourd’hui. J ’ai remarqué en outre ces efpaces lumineux ,
dont je vous ai déjà beaucoup parlé , qui reffemblent à des furfaces
de miroirs plans qu’on feroit palTer devant les -yeux ; ces efpaces
s’enflammoient en un in lla n t, & difparoiffoient 1 inllant d après
avoir paru ; ils duraient deux fécondés de temps au plus , on voyoit
encore briller une infinité de petites étincelles dans la - pyramide
lunfineufe attachée au cul du VaifTeau ; je ne peux mieux vous les
comparer qu’à ces étincelles que produit le frottement de la pierre
à fufil contre un morceau d’acier.
L e 2 , la mer me parut très-lumineufe ; mais comme nous 11 allions
prefque pasde l ’avant, la lumière ne parut qu’autour du gouvernail ;
la pyramide lumineufe n ’étoit point vifible. Nous avons mis en
p an ne : le phénomène a ceflé ; il a reparu l'ilôt qu on eut fait fervir.
Eclairs prodigieux fur l ’île de Java.
L e 5 , la mer fut prodigieufement lumineufe ce foir-là 5 il fit un
temps
temps effroyable pendant la n u it , éclairs , tonnerre & p lu ie , fans
prefque aucun v en t: G reffe lanle de l’ E il.
Nous paflames les détroits de fa Sonde & de B an ca , fans voie
le, phénomène de la lumière; les mers y font trop belles.
L e 3 0 , ia mer fut très-Iumineufe, chaque lame reiïèmbloit à
une lame de fe.u | comme auroit été celle d’un fluide igné. Nous
étions alors dans les mers de Cochinchine.
Longitude ..................................'. . . 107* 30*
Latitude . . . . . . . . . . . . . . . . . 9* 5*
A n n é e 1 7 6 8 .
Traversée de Manille à Pondichery.
L e 8 , le 9 & le 10 F évr ier , j ’ai vu quelques étincelles lumineufes
autour du Vaiflèau. Nous étions d ais les mers de ia
Cochinchine : nous avions un fort vent de N o rd -e ft, & la mer
étoit très - creufe^; il n’ y avoit que la lame formée par le v en t,
mais elle n’étoit pas très-longue. Nous vîmes beaucoup de goémon.
Dans le détroit de M a la c ca , la mer ne m’a point paru lumineufe.
L e 8 M a r s , nous étions hors le détroit, & je commençai à
revoir le phénomène de la lumière : la v e ille , la mer m’avoit déjà
paru tant foit peu lumineufe; mais ce ne fut rien en comparaifon
de ce même loir, chaque petite lame paroiffoit une flamme. L e phénomène
fe remarquoit principalement aux deux joues du V aiflèau; la
mer , que la proue refouloit, étoit tout en feu. Nous avions très-peu
de v en t, des orages & une groflè lame du Nord.
L e 9, la mer fut auflî lumineulè que le jour précédent. Nous
avions très-peu de v e n t , & deux greffes lames, l’une du N o rd &
l ’autre de TO u e il.
L e i p , nous étions mouillés à Pulo-Pinang. Groflè mer, efpèce de
tempête, pendant laquelle la mer parut n ’être qu’un vafte étang de feu.
L e 1 2 , la mer nous parut jeter du feu comme le foir précédent ;
en y jetant de l’eati, il fembloit qu’il y tomboit une pluie de feu.
Nous étions en calme, fans pouvoir gouverner : on a vu beaucoup
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