ou pluie fin e , q u i commença à une heure après-midi, dura tout le
r€fte de la journée & une partie de la nuit. L e 1 2 au matin, Ia
férénité revint » nous quittâmes 1 île a huit heures le vent au
Sud-eft.
P u lo -J in an g e(l prefque toute en longueur ; elle peut avoir, dans
ce fe n s , trois iieues, fur une & demie de largeur : deux chaînes de
montagnes forment cette île ; la principale ch a în e , celle qui diviiè
l ’île d’un bout à l ’autre, eft fort élevée ; le fommet doit avoir quatre
à cinq cents toifes de hauteur perpendiculaire au-delfus du niveau
de la mer, fur une étendue de deux lieues, plus ou moins; je juge
de fa hauteur par l’expérience fouvent répétée, que j ’ai faite aux
îles de France & de B o u rb o n , & a Adanille, par la hauteur des
montagnes , que la couche inférieure des nuages , qui eft auflî la
couche d’air la plus élevée du vent régn ant,. defcend dans la ^one:
torride à 4 0 0 toifes de hauteur au-deflus de la mer , dans les temps
où les brifes font réglées; dans les temps des vents extraordinaires,
cette couche defcend à 3 5 0 toifes,, & plus bas encore.
L ’endroit où l’on fait l ’eau eft, à l’entrée de l ’île , e n y arrivant par
M alacca ; on tro u v e , comme je l ’ai déjà dit, deux petites anles de
fable , féparées l ’une de l ’autre par une cô te efcarpée de roches qui
ont plufieurs pieds de hauteur, & une demi-lieue au plus de longueur.
C ’eft entre ces deux anfes que l ’on fait l ’eau entre des arbres , dans
de petits enfoncemens , q u i , vus de lo in , femblent être des embouchures
de ravines. L o r lq u ’en arrivant, la pointé de l ’île refte à l ’Eft,
l ’ îlot au Sud-eft & l’aiguade à i ’Eft-nord-eft , on doit laiflèr tomber
l ’ancre ; on eft alors à moins d’un mille ( un tiers de lieue ) de l’aiguade.
C e t îlot que l’on trouve en arrivant, & qui eft marqué au Sud ou
Sudrfud-oueft , n ’eft que du roc , cependant tout couvert de bois
ju fq u ’au bord de la m e r , lequel eft auflî de roc , fans fable : cet îlot
eft compofé de deux pitons & d’un cap qui avance au large.
C e t îlot me parut féparé de Pu lo - Pinang par un canal d un
quart de lieue au moins de largeur, & quoique nous foyions pâlies
en dehors, les Pilotes m’afîurèrent que le palfage entre lui &
P u lo -P in a n g , étoit trèsrlibre, & que de gros Vaifleaux y palfent.
Nous ne tardâmes pas à nous éloigner de P u lo -P in a n g , à la
faveur d ’une bonne brife de l’Oueft-fud-oueft.
C e fut ici où je vis ceflèr cette régularité & alternative de brifes,
qui de jour fouffloien* du large & la nuit de te r re , régularité que
nous éprouvâmes conftamment depuis notre départ de Mala cca; je
remarquai auflî que cette brife faifoit le tour de l ’horizon dans les
vingt-quatre heures, c'eft-à-dire qu e le matin le vent fouiHoit du
N o rd -e ft à l ’Eft ; qu’il fe faifoit dans la matinée un moment de
calme, que la brife après cela fe déclaroit du S u d - e f t , palfoit au
S u d , au S u d -o u e ft, à i ’O u e f t , à l ’O u eft-n o rd -oue ft, & achevoit fe
tour de l ’horizon par le Nord.
Je me rappelle qu’à l ’ île de M ad ag a fca r, où j ’ai fait plufieurs
v o y a g e s , & où j ’ai obfervé pareillement des brifes confiantes de
terre & du la rge, le vent ne faifoit point le tour de l ’horizon ; le foir,
au coucher du S o le il, la brife revenoit fu r les pas pour regagner la
terre, c ’e ft-à-dire , que fi le vent avoit paffé de l ’O u e ft au Sud &
au S u d -e ft, il retournoit le foir à l ’O u e ft par le S u d ; fi au contraire
le vent avoit paflé de l’O u e ft au Nord & au N o rd -e ft , il retournoit
le foir à l ’O u e û par le Nord.
J ’ai obfervé la même chofe ici à Pondichéry depuis que j ’y fuis ;
de forte q u ’il n’y a aucun doute que cette différence ne vienne du
gifement de la prefqu’île de Malacca & de la proximité de l ’île de
Sumatra, qui doit auflî avoir fes brifes du large & de te r re , mais
dans une direction contraire à celle de la prefqu’île de Malacca.
Permettez, mon cher ami, que je m’arrête ici à vous dire un
mot des Cartes de M . D a p rè s , dont je fais que vous faites grand
cas. Notre premier Pilote avoit le Neptune en entier ; il ne fe -fervoit
point d ’autres Cartes : les autres Pilotes du Vaifleau avoient les
Cartes Portugaifes & Hollandoilès en ufage pour ce détroit ; j ’ai
comparé régulièrement tous les jours ces différentes Cartes entr’d fe s ,
les Cartes de M . Daprès l ’emportelnt fur toutes ce* autres C a r te s ,
fur-tout par leur exaélitude & par la netteté dont elles fo n t , & repré-
fentent beaucoup mieux qu’elles les détroits du Gouverneur & de
Malacca ; c a r , excepté deux o p trois endroits que je crois mal
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