fera Nord & Sud ou à peu-près avec, la partie orientale
de Madagafcar. On gouvernera donc au Nord du monde
pour reconnoître cette île ; lorfqu on aura vu la partie du
Sud-onefl, on cinglera le long de la côte, jufqu a la baie
de Saint-Auguilin, fituée fous le tropique du Capricorne;
c’ell une bonne relâche, & allez fréquentée par les Anglois:
on y trouve de très-bons vivres & à bon compte.
De la vue de cette baie, on continuera de ranger la côte
jufque par 22 degrés de latitude : de ce point, on fera
route pour palier entre la côte d’Afrique & Juan de Novè,
d’où l’on dirigera fon cours vers les îles d’Anjouan & de
Mayote. Prefque tous les Navigateurs que j’ai connus, .m’ont
paru préférer la relâche de l’île d’Anjouan à celle de la
baie de Saint-Auguilin. On y trouvé également des vivres
en abondance.
D ’Anjouan, on fera route au Nord, & au Nord-quart-
nord-eit julqu’à ce qu’011 foit parvenu à 5 degres.de latitude,
qui eil cellè de la baffe de Patram : de cette latitude on
gouvernera au rhumb de vent qui fera couper la Ligne de
52 a 54. degrés de longitude, & de ce point, on fe conduira
comme il a été enfoigné dans l’article précédent.
A r t i c l e t r o i s i è m e .
Defcriplion de la grande route pour aller dans F Inde,
fo it du Cap de Bonne-efpérance, fo it des îles de France
& de Bourbon.
L a grande route peut s’entreprendre dans toutes les
faifons de l’année; mais elle eil très-fatigante; & je ne fuis
pas étonné que plufieurs Marins aient été pour ainfi dire
effrayés, toutes les fois qu’il a fallu l’entreprendre. Il paroit
cependant qtfavant l’année 172,3 , on n’en conùoiiTok guère
d’autre pour aller de l’île de France dans l’Inde.
La grande route confiile, lorfquon part des Mes, à cingler
vers le Sud au plus près du vent, avec les vents généraux,
jufqu a ce qu’on foit parvenu aux vents favorables ; ces vents
font ceux de la partie de i’O u e fl, on les trouve quelquefois
dès les 2 7 à 28 degrés de latitude; quelquefois, pour rencontrer
ces mêmes vents, il faut aller par les parallèles de
32 à'34 degrés; lorfquon y fora parvenu, on s’élèvera dans
l’Eil en fuivant le même parallèle, que l’on parcourra pendant
environ trois cents cinquante lieues, c’efl-à-dire, autant
quil eil néceiîàire pour gagner un méridien de 1 3 degrés ou
environ plus oriental que celui de l’île de France; alors, on
fera valoir la route le Nord-ell, jufqu’à ce qu’on ait rejoint les
vents aiifês; avec ces vents on ira au Nord-quart-nord-eil,
portant largue & traverfant rondement cette zone dé vents ;
on paiera à l ’efl de Pol-Veira, & l’on fera en forte de
couper la Ligne entre 8 o à 8 2 degrés de longitude ; de-là,
on gouvernera pour prendre connoiffance de Ceylan ; &
enfin, de la vue de cette Me, on gagnera la côte de Cüro-
mandel ( voye^l'article I ) . Quelques Navigateurs prétendent
que les Vaiiîèaux qui relâchent au cap de Bomie-elpérance,
& qui n’ont aucune deflination particulière pour les îles de
France & de Bourbon , doivent préférer cette route à celle
du canal de Mozambique : il n’efl donc queilion pour ces
Vaiffoaux, lorfqu’ils ont doublé le cap de Bonne-elpérance,
& qu’ilïfont parvenus à la latitude dé 3 6 à 3-7 degrés; il n’efl
queilion, dis-je, que de s’y maintenir jufqu’au méridien de
l ’île de France, & de-là pourfuivre leur route , comme il
vient d’être dit.
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