V o y a g e
voifin avoit été volé , ne prit aucune précaution pour éviter
un pareil événement; fe contentant de défapprouver la
conduite de ce voifin malheureux, il crut fans doute que la
fienne étoit fans conféquence; s’étant abfenté durant quelques
jours, il prétendit à fon retour qu’il avoit été vo lé , & que
je devois fupporter la perte qu’il avoit faite; il dreffa ou
fit dreffer, quelques jours après, un procès-verbal où il fit
inférer que dans la fomme défaillante étoit comprife celle
de n euf cents & quelques livres, qu’il avoit touchées de mes
revenus. Convaincu que cette déclaration de fa part étoit
' infuffifante pour m’ôter toute a ilion contre lui, vu qu’il
recevoit le fâlaire de fes fervices, il garda le filence fur cet
événement pendant plus d’un mois ; je n’en fus averti que iorf-
qu’il me rendit compte de fa. geftion. L ayant fait aélionner
par-devant le Sénéchal de Coûtances, 011 trouva le fecret de
porter cette affaire au Préfidiai, afin de m’’ôter la voie de l’appel r
là, je fis à ce Procureur l’argument fuivant :
Ou vous avez fait gratuitement la recette de mon bien,
& dès-lors je dois perdre mes 905 livres, au cas que votre
déclaration foit vraie; ou vous lavez faite moyennant un
falaire ,& dès-lors vous devez me répondre du montant dont
vous êtes conftitué débiteur par le compte rendu; mais fi
vous prétendez n’être point refponfable de mes deniers, il
faut que vous me remettiez les deux fous pour livre que
vous avez touchés jufqu’à préfènt de moi.
C e Procureur fe récria vivement contre la lblidité de cet
argument, & malgré que tout le Barreau s’expliquât nettement
fur la juftice de ma répétition , il eut le talent de
toucher de commiferation les Juges qui lavoient toujours
fous les yeux; en forte que le Préfidiai ayant oublié que les.
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 85
; l 05x romaines & la Jurifprudence françoife veulent qu’un
I Procureur à gage foit refponfable des deniers qu’il re ço it, &
I qu’il auroit au moins fallu qu’il eût prouvé qu’il 11’y avoit
j aucune négligence de fa part, me condamna unâ voce, par
[ jugement Préfidiai en dernier reffort, à fupporter la perte
I des 905 livres; & ce qu’il y a de plus fingujier, c’eft qu’un
f de mes parens, qui étoit du nombre , oubiia de fê récuiêr.
[ Ainfi je perdis mon argent & fus condamné aux dépens.
P a s s e p o r t du Roi pour le Sieur Legentil.
D E P A R L E R O I .
■ A . t o u s Gouverneurs & nos Lieutenans généraux en nos «
provinces & armées ; Gouverneurs particuliers de nos villes «
& places; Maires, Confuis & Échevins d’icelles; Capitaines «
& Gardes de nos portes, ports, péages & paffages ; & à «
tous autres nos Magiftrats, Officiers de Juftice, police, eaux «
& forêts; Maréchauffées, Gentilshommes & Eccléfiaftiques ; «
Communautés féculières & régulières, & autres nos Sujets, «
de telle qualité & condition qu’ils foient; S a l u t . Ayant«
donné nos ordres au fieur Legentil, Aftronome de notre «
Académie royale des Sciences, de le tranfporter à Pondichéry «
pour y travailler à des Obfêrvations aftronomiques ; Nous «
vous mandons & ordonnons de le laifler iurement & libre- «
ment pafîèr dans l’étendue de nos provinces & juridictions , «
de même que ceux dont il jugpra à propos de fê faire •
accompagner, fans permettre qu’il lui foit donné aucun trouble k
ni empêchement; vous enjoignons même très-expreffément «
de leur prêter toute aide, fecours & affiftance dans le cours «