Je. noierai pas décider la queilion, fi cette route eil pré-
férable dans le cas préfent, à celle du canal de Mozambique;
je me contenterai de faire obferver qu’elle eil infiniment plus
fatigante, qu’elle ne préfen'te aucune reiîource pour les équipages,
fouvent exténués par le mauvais temps; le canal de
Mozambique, au contraire, offre deux relâches également
falutaires à la confervation de lafanté des équipages, quoique
l’on prétende que le climat de l’île d’Anjouan n’efl pas fi fain
que celui de la baie de Saint-Auguilin; quant au danger,
je n’en vois aucun par le canal de Mozambique, & ce canal
ne me paroît pas plus difficile, que le paflage des détroits
pour aller en Chine & en revenir; au lieu que la grande
route demande la plus grande attention, afin de ne pas tomber
inopinément du côté des Maldives ou dans, 1* golfe de
Manar, parages très - dangereux. Cet accident eil arrivé à
quantité de Vaiffeaux; fi pour chercher à éviter ces deux
inconvéniens, on s’écarte trop à l’ell. de l’île de Ceylan
vers Sumatra, on tombe dans un autre embarras, c’eil la
difficulté d’arriver à la côte de Coromandel avec les vents
de la mouffon de l’Ouefl. J’ajouterai ici deux exemples que
m’a cités à ce fujet M. de Joannis, dont nous aurons bientôt
occafion de parler. Un de nos Vaifleaux, commandé par
M. de la . . . . . . , rapportant trop tard fa bordée dans le
Nord , attérit à l’île aux Cochons à z degrés & demi au
nord de la Ligne fur la côte de Sumatra, s’en eilimant encore
très-éloigné ; ne pouvant pas eipérer de fe relever & de
remonter dans le Nord, il prit fur le champ fon parti; il
reprit la bordée du Sud, & lorfqu’il eut gagné les vents de
.Sud-eil, il fila dans l’Ouefl pendant un certain temps à la
faveur de ces yents, puis il remonta dans le Nord lorfqu’il
fe crut lùffiiàmment à l’ouefl de Sumatra, ce qui lui alongea
fon voyage de quarante jours : fort heureufemenc il avoit
beaucoup d’eau.
Un autre fit précifément le contraire du précédent; il avoit
rapporté -trop tôt fa bordée dans le Nord:.il tomba dans le
voifinage des Maldives, il s’y trouva même engagé de façon
qu’il y relia quatre jours, & qu’ii s’y fut peut-être perdu,
fans un bateau du pays qu’ii rencontra fort, heureufement,
& qui le tira du danger dans lequel il étoit.
Tous ces inconvéniens font d’autant plus à craindre
qu’il eil plus difficile de les prévoir, & qu’ils arrivent à la
fin de cette pénible route, moment où les équipages font
fatigués & -où les vivres deviennent rares : c’eil donc au
Navigateu? prudent & fage à pefor tous ces inconvéniens,
& à fe décider.
A r t i c l e q u a t r i è m e .
Defcription de la route qu’il fa u t tenir pendant la mouflon
de l ’E f l, pour aller des îles de France & de Bourbon
à la côte de Coromandel.
Cette route s’appelle auffi la grande route; elle ne diffère
guère de celle que l’on vient de décrire, qu’en ce qu’au lieu
d’attérir à Ceylan, il faut attérir à ia côte de Sumatra. On
voit la raifon de cette différence, elle vient de la différence
des mouflons ; fi on attaquoit Ceylan dans la mouflon du
Nord-efl, cette mouflon feroit que l’on feroit fous le vent
de la côte de Coromandel, & l’on auroit par conféquent
beaucoup de peine à y arriver.
En partant donc des îles de France & de Bourbon à la
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