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fe Carte, ma pai'.¡ devoir cire beaucoup plus èxacîe que celle
que nous tenons du Père Murillo, ,&qui a vraifemblablement
fervi de baie à celles qu on a depuis publiées en France. J’aidai
à Don Eftevan Melo à terminer fon ouvrage. Nous affùjet-
times la longitude & la latitude de Manille aux obfervations-
aftionomiques que j y avois faites; je les réduiiis au pied du
maître-autel de la Cathédrale, peu éloignée de fendrait où
j’avois obfervé. J’ai apporté avec moi une copie très -bien
faite de cette Carte, que me donnna le Père Melo.
Après cet ouvrage , je m’occupai à faire une defeription
clés îles Philippines, de leur produélion, de leur état aéïuel,
du commerce des Efpagnols établis à Manille, & de celui
qu’on y pourrait faire. Je parle auffi des Moluques : ce que
ja i fur tout cet archipel eft prefque tout tiré des Mémoires
que- me donnèrent Don Eftevan Melo & Don Andrès
Roxo..Don Andrès Roxo me remit auffi djftërens Mémoires
concernant la guerre de Manille; une copie du Journal du
iïége queffùya cette ville, écrit de la propre main du Gouverneur
fon oncle : ii me raconta en même temps touchant
cette guerre, plufieurs faits & anecdotes très-intéreifans, &
d autant plus authentiques, qu il étoit, comme je viens de
le dire, Secrétaire du Gouvernement. Il avoit entre les
mains les pièces juftificatives de ce qu’il m’avoit avancé; il
me les fit toutes voir.
J appris auffi à Manille quelques anecdotes touchant la
piife du Galion, par M. Anion, en 1743 ■ ces anecdotes
diffèrent aflèz de ce qui eft rapporte dans- le Voyage cîe cet
Amiral autour du monde. Je ferai remarquer à cette occafion,
que i Auteur qui nous a donné ce Voyage, très-curieux
d’ailleurs, me paraît avoir été très-mal informé fur ce qu’il
dit
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e . 25
dit des Philippines, principalement fur le commerce de
Manille à la Nouvelle-Efpagne. O11 trouve dans cet ouvrage
un long chapitre qui roule entièrement fur ce commerce : ce
chapitre aurait befoin de beaucoup de correélions. ;
Manille e ft, fans contredit, un des plus beaux pays des
mers d’Afie; le climat y, ■ eft excellent,, fe 'lo f y «ft-de la.plus
grande fertilité. Les Philippines ont quinze à feize beaux-ports,
& . elles font couvertes des,plus beaux-bois de conftruÆon.
A Cavité, j’ai vu de ces bois d’une groflçur déijiefurée, &
une table dans la fecriftie des-Jéiuites à Manille, -qui-avoit,
onz,e pieds de diamètre, & épaifle¡à proportion ; elfeqétoit
d’une feule pièce, tirée du tronc d’un de ces arbres : cette
table eft aéluellement en Eipagne.,Mvde‘ Cafeins la porta au
Roi : on m’a affiné que ces arbre$,pnt: une fauteur telle que
d’un feul on pourrait faire une quille d’une feule pièce pour
un Vaiflèau de foixanferquatre, canons ; c’étoit me dire que
ces arbres avoient jufqü’à;cent cinquante pieds de hauteur : car
à Manille, où l’on çonftruit très-fojidement, on fait, comme
en Europe, les quilles des Vaifleaux de plufieurs pièces.
Le bois nommé Tindale, eft, une de ces belles elpèces de
bois. Il eft d’un rouge foncé, ièrré, çpmpaéle Sç très-pelânt;
il eft fufeeptibie d’un très-beau polj qui le rend iuilànt comme
une glace de miroir; ce bois ne fe tourmente, ni ne fe gauffre
point. Don-Eftevan, Melo fit faire de-ce bois, exprès pour
moi, une table de bord avec fon pliant, dont ii me fit préfent
quinze jours avant mon départ de Manille: cette table de
22 pouces de largeur fur a 8 ,de longueur, & faite d’une
feule planche, me fit tant de plaifir à voir par la beauté de
fon bois, que je regrettois de la faire fervir dans les V ai fléaux.
Je remballai le mieux qu’il me fut po Affile, & je l’ai apportés
Tome J. , D