J’ai vu beaucoup de perfonnes, parmi tes Européens , ctai
ne peuvent pas s’accommoder du riz, foit que ceta vienne
de la façon de te cuire ou de fa qualité froide ; il eft certain
qu’il pèfe fur l’eftomac dans certains cas, & j’ai vu à Pondi-
ehéry, que les plus habiles Chirurgiens,- les plus expérimentés
dans les flux de fang & dyffenteries , maladies ordinaires dans
l’Inde, fort dangereufès, & les feules pour ainli dire qu’il y
ait ; ces Chirurgiens, dis-je, préféroient de donner à leurs
malades de la croûte de pain bien cuit. Je fais par ma propre
expérience, que dans une pareille maladie que j’eus à Pondichéry
à la [fin de i y 6 9 , & de laquelle je fus très-mal, le riz
me fut très-contraire, je fins obligé de l’abandonner.
Si les Indiens fupportent le riz, c’efl: que leur tempérament
y eft fait, & que les épices dont ils l’affaifonnent
en abforbent la qualité froide, & en facilitent la digeftion;
au refte, ces gens ne font guère iùjets au flux de fang, comme
le font les Européens, qui s’aigrilfent & le brûlent le fang par
des nourritures & des boiffons trop fortes', ce qui les rend
fort fujefs aux cours de ventre, dyflènteries & flux de fang,
& encore à une autre maladie, nommée mort de' chien,
dont je parlerai ci-après.
A r t i c l e t r o i s i è m e .
Expériences fier les Eaux de Pondichéry.
M. Dupleix avoit eu le projet de conduire à Pondichéry,
Feau d’Ouîgaret, pour le foulagement & le iêcours des
habitans ; mais des circonftances malheureufès & imprévues
firent que fon projet n’eut point d’exécution.
M. L aw , dont toutes les-vues le font toujours dirigées au
DA NS LES M E AS DE L’ iNDE . 'fÆM
bien’ de l’humanité, voulut. en 17 6 9 , faire revivre ce
projet, il avoit même deftiné des fonds pour cette entreprife
auffi belle qu’utile ; mais il trouvoit l’eau d’Oulgaret trop
éloignée de la ville, parce qu’en cas de guerre & de flége,
les ennemis auroient pu facilement rompre lé canal ; mais là
raifon principale fut que la dépenlè ne lailfoit pas d’être trèsconlidérable.
......- - - —
Il imagina donc de prendre l’eau aux limites de Vaidaour,
à mille toifes environ delà Ville, à un étang qui vient d’une
fource que l’on voit couler devant une chauderie, nommée
la chauderie des Brames, dans un endroit charmant; il étoit
queftion de favoir quelle étoit la qualité de cette eau. Il
parla de fon projet au Confëil Supérieur, qui l’approuva; &
dans la délibération qui fut prife dans une des féances, du
mois d’Août r y é8 , 'c e Conferl me fit Fhonneur de me
nommer, avec le Chirurgien-major de l’Hôpital, pour faire
l’examen de ces eaux & pour lès comparer à celles d’Oulgaret
, qui avoient toujours paiTé pour les meilleures- de tous
les environs de Pondichéry, &c.
La chauffée ou digue fut commencée, mais l ’ouvrage en-
relia là ; je ne fais fi l’Ingénieur ne le trompa pas dans les
nivellemens, & fi l’étang où l’on projetoit de prendre l’eau
nétoit pas au-deïfous de la placé ou l’on Vouloit la conduire;
il eût fallu pour lors établir une pompe ou machine à
élever l’eau, ce qui auroit confidéràblëment augmenté' la
dépenlè.