ces puits, au défaut d’autres eaux, fervent à entretenir la
verdure & à nourrir ies riz ; deux Indiens s’occupent à ce
travail. II y en a un qui ne fait que monter & defcendre dans
une bafcuie, l’autre conduit le feau, & ils font cet exercice
pendant plufieurs heures, jufqu’à ce qu’il y ait affez d’eau
dans le champ qu’ils veulent arrofer.
Quand on eft arrivé au pied du coteau, on trouve, avant
que d’y monter, une nappe d’eau qui fournit toute l’année;
auffi les habitans ont fa it, dans ces endroits marécageux,
des étangs qui ne tariilent point, & qui leur fervent pour
teindre leurs toiles : d’ailleurs:, feau de ces étangs eft très-
bonne à boire. D'ans la plaine qui s’étend entre Pondichéry
& le pied du coteau, où font les étangs dont je parle,
pour peu que l’on creufe, comme je l’ai dit, on y trouve
aufli l’eau; mais cette eau eft mauvaife. C ’eft la même choie
dans toute la campagne, on y peut faire par-tout des puits
& des étangs , & par-tout on n’y trouve que de très-mau-
vaife eau, dont cependant fe fervent les pauvres habitans,
qui la trouvent à leur bienfeance, & ne favent pas faire la
diftinélion de la bonté de toutes ces eaux.
L ’eau appelée eau à’Oulgaret, eft à la chute de la montagne
, à une lieue & demie de Pondichéry ; c’eft un étang
prefque à mi-côte d’une très-excellente eau ; à la tête de l’étang,
eft un puits fait en bonne maçonnerie, qui a été deftine a
fournir de l’eau à Pondichéry; c’eft de ce puits que toutes
les maifons Européennes de Pondichéry fe pourvoient pour
boire ; l’eau ne diffère prelque point pour la qualité de celle
des étangs dont je viens de parler ; il y a apparence que
toutes' ces eaux viennent du grand étang.
, L ’elpèce de palmier, connu des Naturaliftes Ibus le nom
de Tenga, fe trouve en quantité fur le coteau, & même dans
les endroits les plus arides; on peut fe voir dans Henri
de Rheede (a), qui l’a très-bien décrit & fort én détail ; les
planches qu’il en donne font exécutées avec la dernière
précifion & la plus parfaite reffemblance.
Ces arbres, quoiqu’ils manquent d’eau pendant les trois
quarts de l’année, & qu’ils foient dans des fables brûlans &
arides, n’en font pas moins verts à faire plaifir ; il jy a bien
de l’apparence que cet arbre tranfpire très-peu, & que très-
peu d’humidité foffit à 1e nourrir. J’appuie cette opinion for
ce que j’ai remarqué de cet arbre, favoir, que 1e tronc où
le corps eft revêtu d’une écorce ou d’un tiffu fi ferré, qu’il
eft très-difficile aux focs nourriciers de s’évaporer malgré la
grande chaleur du climat; cette écorce ou ce tiffu eft un
compofè des feuilles elles-mêmes qui entourent & enveloppent
1e corps de l’arbre, & y adhèrent au point qu’il
eft très-difficile de l ’en dépouiller ; par ce moyen, l’eau eft
obligée de féjourner entre 1e tronc & les branches, dans
des efpèces de réfervoirs formés par la Nature au pied de
chaque branche, à l’endroit où elfe tient à l’arbre (h) ; les
(a ) Tenga , lingua Bramanum :
Mado, efl arbor cum farreólo caudice
alté ajfurgens , nafci turque in arenofis ;
( pars prima Horn Malabarici de ar-
Èoribus, per Henricum de Rheède ,
p. i , fig. i , 2 , 3 , 4. )
(b ) Rami foliacei fimplices fu n t ,
in millos alios diviji, in pede quo caudi-
cemprimum aróle compleóluntur inte-
rius,plani, ac nonni fill concavi acfupernè
interiùs in ventremacutum extenuali,
tx ter ius in totunt convex i , in ima parte
pedls latiores> &*mdèfenfm in anguf-
turn cor tiraòli ac in or is extenuati, i ?
in reticulato , raro , rujfo-fufco cortice f
cujus f lamenta ex oris pedis utrinque
prodeunt caudicem primuirt circumvef
tlertt'es àc f e mutuo obtegentes. . . , ,
qui vetufliores funt a Caudice meigìs de~
fèólunt ac parvifuni, dein deciduni alter
pòfl alterum temporibus ordinatis , dum
alii ex fumrnitatè caudicis de novo erum*
punì (I4em> p. 2 .)
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